Alternance de discriminations

L’INSA accueille chaque année une grande diver­si­té de pro­fils par­mi les meilleurs bache­liers de France1. Voi­là la pre­mière phrase que l’on peut retrou­ver sur le site offi­ciel de l’INSA Lyon. Des enga­ge­ments forts et sur­tout bien mit en avant. Peut-être trop mis en avant ?

Des chiffres et des discriminations 

L’école se vante d’accueillir 35% de filles […] et 35% d’étudiants inter­na­tio­naux. Pour­tant, dans la filière alter­nante de génie élec­trique, toutes classes confon­dues, il a seule­ment 12% de femmes et 9% d’étudiant.e.s internationa·ux·les.2 Je suis consciente que les chiffres don­nés par l’INSA sont des moyennes mais la réa­li­té est loin d’être à la hau­teur des chiffres annon­cés pour les alternant·e·s.

Et pour connaitre l’impact de ces chiffres sur la vie des alternant·e·s, il faut deman­der aux concerné·e·s. Pour l’insatiable, j’ai réa­li­sé un son­dage auprès des alternant·e·s fai­sant par­tie des mino­ri­tés. Au-delà des femmes et des per­sonnes non-blanches, j’ai aus­si questionné

les per­sonnes LGBT+, les per­sonnes ayant des troubles men­taux ou des han­di­caps. Les résul­tats sont fla­grants. 50% disent avoir déjà vécu des dis­cri­mi­na­tions de la part d’autres élèves et 30% de la part de professeur·e·s. Par­mi ces dis­cri­mi­na­tions, on retrouve en majo­ri­té le sexisme et le racisme mais aus­si de la transphobie.

La peur par le silence

Faut-il donc chan­ger quelque chose ? La qua­si-tota­li­té des per­sonnes ques­tion­nées3 pensent que l’INSA peut (et doit !) mettre plus en avant les ques­tions de diver­si­té et de com­bat contre les dis­cri­mi­na­tions. Bien sûr, je n’ai pas ques­tion­né tout le monde, mais j’estime que les per­sonnes qui n’ont jamais vécu de dis­cri­mi­na­tion de par leur sta­tut pri­vi­lé­gié4 n’ont pas à répondre à ça. Aus­si, chacun·e·s d’entre nous a inté­rio­ri­sé ces dis­cri­mi­na­tions, ces dif­fé­rences. Certain·e·s diront, mal­gré leur sta­tut de mino­ri­té, qu’il ne faut pas trop don­ner de l’importance à ces sujets. Cela pour­rait déran­ger, cho­quer, éner­ver. Si vous réagis­sez de cette façon c’est que vous faites par­tie du pro­blème. Nous devons déran­ger, cho­quer et éner­ver cel­leux qui pensent que leur tran­quilli­té est plus impor­tante que les droits fon­da­men­taux des autres. Etu­dier et tra­vailler en paix est un droit fon­da­men­tal pour tout élèves à l’INSA même en alternance.

Si vous n’êtes tou­jours pas convaincu·e·s, réflé­chis­sez aux consé­quences que cela peut avoir. Des élèves discriminant·e·s devien­dront des ingénieur·e·s discriminant·e·s. Aujourd’hui, 55% des femmes disent avoir déjà vécues des pro­pos sexistes sur leur lieu de tra­vail5 et 66% des demandeu·r·se·s d’emplois estiment que la cou­leur de peau est péna­li­sante à l’embauche6. A l’INSA, plu­sieurs alter­nantes aime­raient chan­ger d’entreprise à cause du sexisme vécu. Mais com­ment peut-on espé­rer amé­lio­rer la situa­tion si nos élèves ne sont pas mieux que nos ingénieur·e·s actuel·le·s ?

Aux chan­ge­ments !

Le chan­ge­ment passe par l’éducation, et c’est le rôle de l’INSA d’éduquer ses élèves – ou alors de ne pas recru­ter des opresseu·r·se·s. Pour être admis·e en alter­nance à l’INSA, le che­min est long. Vous devez entre autres pas­ser un entre­tien oral. Il suf­fi­rait à l’administration de rajou­ter une ques­tion sur les sujets de socié­té, d’égalité. Et de prendre en compte la réponse – à même titre que les notes de mathé­ma­tiques ou de phy­sique. L’INSA jouit d’une répu­ta­tion posi­tive qui entraine de nom­breuses demandes de recru­te­ment pour cha­cune de ses filières. Il est donc faci­le­ment pos­sible de trou­ver 25 futur·e·s ingénieur·e·s compétent·e·s et qui ne dis­cri­minent pas les autres.

En tant qu’école, l’INSA et son admi­nis­tra­tion se doivent de for­mer des ingénieur·e·s de qua­li­té. Ces ingénieur·e·s auront pour la plu­part une équipe à gérer. L’INSA ne doit plus per­mettre à des opresseur·eus·es d’être chef·fe·s ou cadres. Elle leur donne l’opportunité de dis­cri­mi­ner, insul­ter, har­ce­ler – ou pire – des employé·e·s, sou­vent en toute impu­ni­té. L’administration doit prendre ses res­pon­sa­bi­li­tés et modi­fier ses manières de recrutement.

Marie

1  https://www.insa-lyon.fr/fr/insa-lyon

Moyenne des trois classes de GEA actuelle

3  Son­dage réa­li­sé pour l’Insatiable

4  Cou­cou les hommes blancs hété­ros cisgenres

5  Vio­lences sexistes au tra­vail : les chiffres chocs d’une enquête euro­péenne, Le Monde, 12/10/2019

6  Dis­cri­mi­na­tions à l’embauche, de quoi parle-t-on ? Minis­tère du tra­vail, de l’emploi et de l’insertion, 15/04/2016

Oyez moussaillons !

Exit, l’as­so­cia­tion LGBT+ de l’IN­SA, lance une toute nou­velle ini­tia­tive d’ampleur sur notre cam­pus: la Semaine des Arts & Sciences Queer (SASS Queer pour les intimes) ! Cette pre­mière édi­tion inti­tu­lée “His­sons les Cou­leurs !” se dérou­le­ra sur le cam­pus de l’IN­SA du lun­di 2 au same­di 7 mai 2022.

En jour­née, un cycle de confé­rences sur les réseaux et applis de ren­contres sera pro­po­sé sur la pause de midi tan­dis qu’en soi­rée, des évè­ne­ments artis­tiques met­tront la culture queer à l’honneur. Cette semaine haute en cou­leur sera clô­tu­rée par un Bal des Fier­tés (ouvert à tous et à toutes) afin de mettre en lumière les artistes indé­pen­dant-e‑s de la région lyon­naise. Cette soi­rée dan­sante, sera comme le reste de la semaine (à l’ex­cep­tion du drag show), sans alcool, afin d’offrir des alter­na­tives et de sen­si­bi­li­ser aux pro­blèmes de dépen­dances très pré­sents dans les milieux étu­diants et LGBT+.

Le cycle de confé­rences scien­ti­fiques, bap­ti­sé “Réseaux et Applis de Ren­contre : Pirates en Eaux Troubles” abor­de­ra la pro­tec­tion de nos vies numé­riques, les biais dans les jeux de don­nées, leurs enjeux pour la com­mu­nau­té LGBT+ et l’impact de l’au­to­ma­ti­sa­tion sur les rela­tions amoureuses.

Vous ne savez pas par quel bout abor­der la culture queer ? Nos évè­ne­ments en soi­rée vous feront cha­vi­rer, à com­men­cer par la soi­rée jeux vidéo queer, per­dez-vous en mer numé­rique en venant au dévoi­le­ment de la tra­duc­tion fran­çaise de Lucah born of a dream ! Vous n’avez pas le pied marin, point de panique, on se retrouve sur le plan­cher des vaches ou sur scène lors de notre expo­si­tion et soi­rée impro­vi­sa­tion théâ­trale. Tout ceci vous donne soif, ren­dez-vous le jeu­di soir à la Kfet pour un spec­tacle de drag king and queens endia­blé. Pour les mous­saillons série and chill, on vous attend nom­breuxe lors de la pro­jec­tion de la série lyon­naise Les enga­gés. Et pour finir, venez jeter l’ancre à la MDE lors du Bal des Fier­tés le same­di soir avec en figures de proue: Yanis, Coeur et DJ Pom­pom­pom !!

Le fil direc­teur de ce fes­ti­val est la pira­te­rie. Qu’elle soit mari­time ou numé­rique, ce qui importe, c’est de sor­tir des normes, bri­ser les pré­ju­gés et détour­ner les codes comme les lieux ! Inves­tir les bâti­ments de l’INSA pour y mettre en valeur des scien­ti­fiques et des artistes queer est un sym­bole fort et un virage vers plus d’ouverture et de tolé­rance. Il s’agit de pro­po­ser un ailleurs dans le ici, où les hors-la-norme ont aus­si leur heure de gloire !

Lais­sez-vous embar­quer par cette semaine d’é­vé­ne­ments ! Si vous sou­hai­tez en savoir plus, ren­dez-vous sur les réseaux d’Exit Lyon et sur­fez sur notre tout nou­veau site inter­net: www.sassqueer.fr

Le bureau d’EXIT

Alternance pour la thune

L’alternance est un bon moyen d’apprendre, on rentre dans le monde du tra­vail pen­dant nos études. On gagne de l’argent, on gagne en expé­rience pro­fes­sion­nelle tout en étu­diant pour obte­nir un diplôme d’ingénieur. De plus, très sou­vent un poste est ouvert pour vous à la fin de l’alternance dans l’entreprise qui vous embauche.

En effet, l’entreprise sou­haite un retour sur son inves­tis­se­ment éco­no­mique et social : vous. Par­lons de l’entreprise, de l’apprenti.e (ou plu­tôt futur.e) puis for­mu­lons une conclu­sion. La plu­part des choses for­mu­lées ici pro­viennent d’expériences diverses, dont la mienne, aux­quelles j’ai eu échos.

Pour­quoi les entre­prises font de l’alternance

Com­bien gagne ou perd une entre­prise avec l’embauche d’un.e alternant.e sur trois ans ? L’entreprise a le droit à des aides assez impor­tantes : 8000 euros sont ver­sés men­suel­le­ment à l’entreprise pour un.e alternant.e majeur.e et 5000 pour un.e mineur.e.[1]

L’entreprise a aus­si accès, selon sa taille et ses moyens, à des déduc­tions fis­cales[2]. De plus, elle « béné­fi­cie d’exonérations de coti­sa­tions et de contri­bu­tions sociales patro­nales et sala­riales au titre de ce contrat d’apprentissage. Quelles que soient la taille et l’activité de votre entre­prise : – la rému­né­ra­tion de l’apprenti‑e n’est pas assu­jet­tie à la CSG[3] et à la CRDS[4] ; les coti­sa­tions patro­nales et sala­riales dues au titre des assu­rances sociales (mala­die, mater­ni­té, inva­li­di­té, décès, vieillesse) sont tota­le­ment exo­né­rées ; les coti­sa­tions sala­riales d’assurance chô­mage sont exo­né­rées ; les coti­sa­tions liées aux acci­dents du tra­vail et aux mala­dies pro­fes­sion­nelles res­tent dues. » [5]

En bref, beau­coup de choses per­mettent à l’entreprise d’engager sans trop de pertes un.e alternant.e. Tout cela pour dire que le pro­blème pour une entre­prise réside en grande par­tie dans le choix de l’apprenti.e. Elle doit pou­voir recru­ter lar­ge­ment pour trou­ver le.a meilleur.e per­sonne qui lui per­met­tra de faire le plus de retour sur inves­tis­se­ment sur les trois ans.

Une entre­prise à but lucra­tif[6] cherche avant tout une per­sonne effi­cace et dyna­mique qui sau­ra se confondre avec ses valeurs et son mode de travail.

Les apti­tudes qui font de vous un bon.e alternant.e

Pour l’apprenti.e, le jeu de l’alternance consiste à para­der et à se mettre en valeur pour ces entre­prises. Jusque-là, pas de dif­fé­rence avec le monde pro­fes­sion­nel. On ment, on est élogieux.se envers soi-même et l’entreprise que l’on séduit, on se vante et se rabaisse pour obte­nir un poste qui ne nous plait pas for­cé­ment. En dehors du sché­ma stan­dard, la recherche d’entreprise en alter­nance ajoute quelques petites options sym­pa­thiques. A l’image des concours uni­ver­si­taires, seule­ment quelques places sont ouvertes pour inté­grer l’école d’ingénieur en alter­nance. Une course à l’entreprise est donc menée. Des inéga­li­tés naissent à la porte même de l’école. En réa­li­té, elles ne naissent pas mais s’enveniment.

Cer­taines per­sonnes rece­vront des offres dès leur ins­crip­tion tan­dis que d’autres devront démar­cher des dizaines ou ving­taines d’entreprises pour obte­nir une réponse mail de refus. La « réus­site »[7] de ce concours est condi­tion­né, selon moi voi­ci les filtres d’entrée à l’école d’ingénieur : – le milieu cultu­rel – la nature des expé­riences sociales vécues – son amour propre – son pas­sé scolaire.

Je parle de milieu cultu­rel pour sim­ple­ment dire que tout le monde ne peut pas deve­nir ingé­nieur selon son envi­ron­ne­ment social et cultu­rel. En effet, une per­sonne ayant un accom­pa­gne­ment dans sa démarche de recherche d’entreprise aura plus de faci­li­té à gérer la recherche d’entreprise. Iel aura accès à des cor­rec­tions sur son CV, ses lettres de moti­va­tion, sur sa pres­ta­tion à l’oral ou bien son atti­tude et sa capa­ci­té à répondre à diverses ques­tions. Chez la per­sonne n’ayant pas tout cela, il est dif­fi­cile de pal­lier à ce manque, les cours, les quelques com­men­taires d’ami.es ou des parents ne suf­fisent pas. Cette apti­tude à « savoir les choses avant de les avoir vécus »[8] est l’un des cri­tères de sélection.

De même pour les expé­riences pro­fes­sion­nelles, tout le monde – n’a pas été mis dans le milieu pro­fes­sion­nel dès le col­lège ou le lycée – n’a pas accès à des emplois de proxi­mi­té – n’en a pas eu la néces­si­té. L’assiduité, le sérieux ou le tra­vail d’équipe, néces­saires au deve­nir d’ingénieur.e se déve­loppent dans énor­mé­ment de dis­ci­plines autre que l’expérience pro­fes­sion­nelle ou lucra­tive. Mais les années de déve­lop­pe­ment de soi ne comptent pas vrai­ment, tout le monde se fiche de vos pas­sions bien que vous les ayez déve­lop­pées en équipe ou sur scène.[9] Bien sûr, elles res­tent néces­saires pour mon­trer que vous avez une vie. Mais ce qui fera la dif­fé­rence c’est votre capa­ci­té à pro­duire de la valeur. Si vous avez déjà rap­por­té des sous, autre­ment dit si vous avez déjà pro­duit de la valeur par votre force de tra­vail, alors poten­tiel­le­ment vous pou­vez le refaire. Ce poten­tiel est convoi­té par les entre­prises car après tout, autant prendre de la « main d’œuvre pro­duc­tive »[10].

Le confor­misme

Ensuite, on nous teste sur notre capa­ci­té à par­ler, à s’exprimer, à échan­ger, à savoir tout sur tout et à tout moment, à savoir poser, à sou­rire ou bien à faire pro­fil bas. Toutes ces attentes dépendent des entre­prises. Dif­fi­cile de trou­ver un tra­vail si vous êtes timide ou réser­vé, ou bien au trop éner­gique et impatient.e. Il faut être tout et, en même temps, rien.

Savoir s’adapter au gré des entre­prises et des entre­tiens. Savoir perdre sa per­son­na­li­té et son amour propre pour se faire entendre. Il faut détruire ses propres convic­tions ou sim­ple­ment ne pas en avoir. Il faut obéir aux demandes et avoir un esprit « cor­po­rate »[11]. Faire « comme si » au lieu d’assumer nos dif­fé­rences. Et si vous êtes en défaut, le men­songe est le pre­mier pas de la réus­site. Car savoir men­tir reste un prin­cipe d’entreprise.

Enfin, évi­dem­ment, les bul­le­tins sco­laires per­mettent de clas­ser les apprenti.es. De les mettre dans des cases : Grand.es Admis­sibles | Admis­sible | refusé.e.[12] Ce bul­le­tin de notes peut être pour certain.es un point d’entrée valable. Néan­moins, il est impor­tant de mettre en valeur que les notes rete­nues par l’INSA sont celles : Des mathé­ma­tiques, de la phy­sique, de la LV1 et la LV2 et du fran­çais. Il ne fau­dra alors pas vous éton­ner sur l’état d’esprit des futur.es élèves ingénieur.es : sexistes, racistes, apolitisé.es[13], inconscient.es, imma­tures et j’en passe. L’ouverture d’esprit, l’intérêt pour l’histoire, la phi­lo­so­phie ou l’art, ne sont pas des cri­tères d’entrée.

En conclu­sion, INSA cherche à tout prix à répondre aux attentes des entre­prises[14]. Cette alter­nance est une oppor­tu­ni­té pour les entre­prises. Elle ne laisse pas­ser que les pro­duits « cor­po­rate » ou bien capables de se battre et se men­tir à eux-mêmes pour obte­nir gain de cause. Notre école joue le jeu, elle fait pas­ser des entre­tiens, elle teste les apprenti.es sur les capa­ci­tés deman­dées par les entre­prises. Elle met aus­si en avant les plus « fort.es » et les aide en ouvrant des contacts d’entreprises. Un.e petite par­tie des apprenti.es est taguée en « Grand.e admis­sible » et aura accès à des contacts d’entreprises par­te­naires. L’autre par­tie reste dans l’ombre et obtient l’accès des semaines plus tard.

En fait, cette alter­nance vous per­met de deve­nir une main d’œuvre plus tôt que pré­vu. Vous vous appre­nez pour l’entreprise, vous vous façon­nez pour l’entreprise, vous vous cas­sez la tête à savoir être et faire pour l’entreprise pen­dant trois ans et vous pro­dui­sez pour l’entreprise. Et tout cela à prix qua­si nul pour elle.

Ces études ne mentent pas sur un point : vous gagnez en « auto­no­mie finan­cière »[15]. Elle oublie de pré­ci­ser qu’en échange, vous êtes asservi.es aux attentes de l’entreprise sur le plan sco­laire et pro­fes­sion­nel. Le temps deman­dé à la « réus­site » de ces deux points est consé­quent, ne vous per­met­tant pas de vous consa­crer plei­ne­ment dans vos pro­jets per­son­nels. Si vous êtes absent.e, vous per­dez de l’argent. Si vous n’aimez pas l’entreprise, vous êtes coin­cés dans un dilemme de recherche, de démarches admi­nis­tra­tives etc. sous le joug de la perte totale de votre pre­mière moti­va­tion, deve­nue, avec le temps, une condi­tion à votre sur­vie : l’argent.

Crab.

 

[1]« Aide excep­tion­nelle aux employeurs qui recrutent en appren­tis­sage » – https://travail-emploi.gouv.fr/ – 3 décembre 2021

[2] « Déduc­tions fis­cales de la taxe d’apprentissage » – www.alternance.emploi.gouv.fr/ – Mis à jour le 05/10/2021

[3] « Qu’est-ce que la CSG ? » – www.vie-publique.fr – 19 octobre 2021

[4] « Qu’est-ce que la CRDS ? » – www.vie-publique.fr – 16 avril 2019

[5] « Aides finan­cières à l’apprentissage » – www.agefa.org/

[6] Recher­chant la crois­sance économique.

[7] Aka. deve­nir un.e petit.e ingénieur.e asservi.e au système.

[8] L’apprenti.e a un retour d’expérience sur le milieu de l’entreprise que n’a pas un.e autre apprenti.e grâce au milieu cultu­rel et social qui lui est propre.

[9] Pour le domaine artis­tique par exemple.

[10] Les entre­prises ont peur des « bon.nes à rien », démotivé.es et non-inté­res­sées par le gain et l’argent, moteur des entreprises.

[11] Esprit d’entreprise, mais vu qu’on est ingénieur.e, on fait dans le bilingue.

[12] Nous revien­drons sur ce point plus tard.

[13] Ici le terme est uti­li­sé pour : pas intéressé.e par l’engagement poli­tique de manière générale.

[14] Les thèmes des matières dépendent énor­mé­ment des attentes d’un conseil d’entreprises.

[15] Dans le sens où vous gagnez de l’argent tous les mois vous per­met­tant de vous déta­cher de vos parents.

Rejoindre (presque) votre adversaire pour le combattre !

À l’approche des élec­tions pré­si­den­tielles, on sera ame­né à beau­coup débattre. Si on est déjà d’accord, c’est fort joyeux, et le débat se trans­forme aus­si­tôt en dis­cus­sion ami­cale ; si on n’est pas d’accord sur tout, c’est moins confor­table mais très sti­mu­lant pour l’esprit, qui apprend à sor­tir de sa zone de confort ; en revanche, si on ne par­tage vrai­ment rien, un débat peut vite deve­nir pénible et ame­ner à un dia­logue de sourds. En géné­ral, on arrive peu à convaincre dans de tels cas, et on pré­fère évi­ter une tâche aus­si grande et chro­no­phage, mais la « démo­cra­tie », c’est aus­si ça, non ? Ce n’est pas dans l’air du temps, mais une longue dis­cus­sion posée sous un clair de lune peut faire des miracles ! Et s’il fal­lait rejoindre presque son enne­mi pour le com­battre ? (sur le ter­rain des idées)

Parce qu’un débat, c’est avant tout une confron­ta­tion. Mais de quoi exac­te­ment ? De points de vue, dirons-nous, sauf qu’en creu­sant un peu plus loin, on se rend vite compte que c’est de « valeurs », voire de « phi­lo­so­phies » que l’on débat. La meilleure manière de s’en aper­ce­voir est de pour­suivre un dia­logue jusqu’au bout pour voir jaillir la dia­lec­tique qui le struc­ture. L’exemple le plus clas­sique est peut-être celui de la « nature humaine » bonne ou mau­vaise, per­fec­tible ou per­due d’avance, qui sous-tend la majo­ri­té des débats poli­tiques ! Libé­ra­lisme contre col­lec­ti­visme, jus­tice puni­tive ou réha­bi­li­ta­tive, sur­veillance ou confiance… Bref, en ana­ly­sant suf­fi­sam­ment d’exemples, on voit que nos opi­nions dépendent for­te­ment d’une « matière brute » et du degré de concen­tra­tion des dif­fé­rentes valeurs qui la com­posent, comme la jus­tice, l’entraide, le sacré ou la liber­té… Si cer­taines sont mûre­ment réflé­chies, la plu­part découlent d’appétits incons­cients, d’affects forts, et d’expériences vécues qui nous font pen­cher vers des sym­boles plu­tôt que d’autres, pour le meilleur et pour le pire.

En quoi cela nous aide ? Eh bien pour a mini­ma « recon­naître » une opi­nion, même des plus « fal­la­cieuses », c’est-à-dire iden­ti­fier les idéaux sou­vent sin­cères (mis à part les mani­pu­la­teurs cyniques) et nobles, qui fondent un dis­cours. Par exemple, la loyau­té ou encore l’enracinement sont des valeurs plu­tôt posi­tives pour les ani­maux sociaux que nous sommes, même si elles peuvent consti­tuer un ter­reau fer­tile pour une rhé­to­rique iden­ti­taire ou natio­na­liste. Chez cer­taines franges de révo­lu­tion­naires, on sait aus­si ce que l’esprit de radi­ca­li­té peut pro­duire comme exac­tions quand il passe des idées aux per­sonnes. Par consé­quent, pour mieux com­battre une opi­nion, j’ose espé­rer qu’en câli­nant quoique d’un bras le socle de valeurs adverses, on a plus de chances d’y par­ve­nir, plu­tôt que de le déni­grer com­plè­te­ment, ou pire, de le méconnaître.

Que faire ensuite ? Eh bien plu­sieurs choix s’offrent à nous ; on pour­rait oppo­ser à ladite valeur une autre plus per­ti­nente dans un contexte pré­cis, non pas donc supé­rieure en prin­cipe, mais prio­ri­taire dans un cadre cir­cons­tan­ciel. Exemple tout bête : même si c’est fon­da­men­ta­le­ment posi­tif de dire la véri­té, il pour­rait être pré­fé­rable de la taire dans un moment défi­ni où elle peut heur­ter, pro­vo­quer le désar­roi, et donc pri­vi­lé­gier une autre ver­tu, mieux adap­tée à ce moment-là : la bien­veillance. Mais mieux encore, on pour­rait s’accaparer soi-même l’idéal adverse pour le char­ger d’une toute autre sym­bo­lique ! La “prio­ri­té natio­nale”, comme le cla­me­rait l’extrême-droite ? Cela sonne plu­tôt bien et pour­rait avoir du sens, mais com­ment défi­nir le péri­mètre d’une nation ? Sur­tout pour un pays comme la France, dont l’histoire a enla­cé par son impé­ria­lisme au 19ème et 20ème siècle tout un tas de peuples qu’elle ne peut plus regar­der désor­mais comme tota­le­ment “exté­rieurs” à sa nation, sauf à en défendre une vision qui date de très long­temps. Autre exemple, le « pro­grès » et « l’innovation » sont très louables, mais où devrait-on s’y employer le plus ? Dans la tech­nique où on ne fait que ça ou dans nos ins­ti­tu­tions éco­no­miques qui n’ont pas pro­gres­sé depuis des siècles ? De tels jeux de lan­gage sont loin d’être anec­do­tiques pour élar­gir des accep­tions trop figées. Para­doxa­le­ment, une des manières les plus effi­caces de décons­truire une idéo­lo­gie serait de par­ler mieux qu’elle dans sa propre langue !

Ayman

Discussion sur l’antispécisme

La porte s’ouvre dans le tin­te­ment d’une clo­chette. Alice par­court la salle du regard en reti­rant son écharpe. Il fait froid dehors, et il com­mence tout juste à pleu­voir. Elle recon­naît le bon­net rouge d’Anissa qui dépasse de la foule de per­sonnes assises dans le brou­ha­ha ambiant.

Yann est avec elle. Le temps qu’elle s’asseye, un ser­veur, dont le sou­rire se devine der­rière le masque, est déjà prêt à prendre sa com­mande. Sans hési­ta­tion, ce sera un cho­co­lat chaud : « Bien chaud s’il vous plaît. Et avec du lait végé­tal si pos­sible ! ». Le ser­veur hoche la tête sans perdre son sou­rire mas­qué, puis retourne pré­pa­rer la com­mande en esqui­vant les tables.

Yann – J’ai jamais trop com­pris com­ment tu fais pour boire du lait de soja. C’est quand même pas ouf comme goût non ?

Alice – Le lait de soja c’est pas trop mon truc, ça fait trop pâte à crêpes, mais le lait d’amande ça passe vrai­ment bien ! D’ailleurs je crois que c’est du lait de coco ici ! Et je pré­fère ça au lait de vache de toutes façons.

Y. – Même quand le lait végé vient de 10 000 km ? C’est ça que j’ai jamais trop com­pris avec ta phi­lo­so­phie. Tu pré­serves les vaches des éle­vages indus­triels – et c’est très bien, mais à côté tu vas faire venir un truc du bout du monde, quitte à ce que ça détruise des espèces locales ! Ok pour boy­cot­ter les grandes coopé­ra­tives, mais tant qu’à boire du lait, autant en prendre du local de vaches de petites exploi­ta­tions pay­sannes non ?

A. – Jus­te­ment, tu as trou­vé le mot juste : « exploi­ta­tion ». Ça te convient à toi d’utiliser les vaches comme des res­sources ? Je dis pas qu’elles sont pas mieux dans les exploi­ta­tions pay­sannes hein, juste qu’elles res­tent des objets, des machines à pro­duire du lait.Y. – Ouais enfin ça n’a quand même rien à voir ! L’exploitation de coco d’Indonésie, elle envoie un sacré coup à la bio­di­ver­si­té ! Ça te fait rien que les orangs-outans disparaissent ?

A. – Bah évi­dem­ment que ça me dérange que des orangs-outans souffrent et meurent. Mais ça ne me plaît pas non plus que des vaches souffrent et soient abat­tues dès qu’on n’a plus besoin d’elles.

Y. – Oui enfin des vaches, il y en a encore beau­coup, les orangs-outans nos petits-enfants ne les connaî­tront peut-être que dans les livres !

A. – Un peu comme nous quoi, moi j’en ai jamais vu en vrai per­so. Et puis non ça va pas ce que tu dis là, comme si le res­sen­ti des vaches était moins impor­tant « parce qu’il y en a plus » ! Ce sont des ani­maux sen­tients elles aus­si, comme nous, comme les orangs-outans. Y’en a pas qui méritent de souf­frir plus que les autres.

Le ser­veur mas­qué revient avec le cho­co­lat, ser­vi dans une grosse tasse émaillée, dont la poi­gnée était suf­fi­sam­ment large pour y glis­ser une main, ce qu’Alice s’empresse de faire pour réchauf­fer ses doigts.

Y. – Je ne pense pas qu’il y en ait qui mérite plus de souf­frir, mais les grands singes méritent de vivre dans des espaces pré­ser­vés, des sanc­tuaires, loin de nous – ou plu­tôt, nous loin d’eux. Parce que dans ta vision des choses, la bio­di­ver­si­té, tu en fais quoi du coup ?

A. – Bah pas grand-chose. Enfin si bien sûr, si une espèce dis­pa­raît, beau­coup d’individus d’autres espèces seront impac­tées, par­fois néga­ti­ve­ment, du coup faut y faire atten­tion. Et une espèce qui dis­pa­raît, c’est avant tout des indi­vi­dus qui meurent. Mais pré­ser­ver la bio­di­ver­si­té POUR pré­ser­ver la bio­di­ver­si­té, ça me parle pas trop. Ima­gine que les fre­lons asia­tiques dis­pa­raissent d’Europe, ce serait chouette. Pour­tant la bio­di­ver­si­té bais­se­rait non ? La bio­di­ver­si­té c’est pas « bien » en soi. Une varia­tion de bio­di­ver­si­té implique beau­coup de chan­ge­ments, mais ce sont les chan­ge­ments qui m’importent, pas la bio­di­ver­si­té en elle-même. Alors du coup oui les orangs-outangs qui souffrent à cause du lait de coco ça me convient pas… Mais que des indi­vi­dus soient gar­dés en cap­ti­vi­té dans des zoos ou des parcs sanc­tuaires pour que nos des­cen­dants puissent s’amuser à les regar­der, non ça m’intéresse pas non plus.

Y. – Bah ces parcs sanc­tuaires ils pour­raient être fer­més aux humains, j’ai pas par­lé de s’amuser à les regar­der non plus. Ce serait top qu’on ait plus aucun impact sur toutes ces espèces, qu’elles puissent vivre leur vie tran­quille­ment sans être dérangées.

A. – Admet­tons, on crée de grands parcs clô­tu­rés et gar­dés H24 par des sol­dats pour lais­ser aucun humain entrer, et on y met des indi­vi­dus des espèces « sau­vages » pour qu’elles y vivent leur vie. Tu choi­si­rais quelles espèces toi ?

Y. – En France conti­nen­tale, je dirais les loups et les ours, qu’on leur foute un peu la paix, et puis les che­vreuils, les san­gliers, les ragon­dins, les lapins, tous les oiseaux dont j’ai aucune idée du nom… Et puis les ani­maux sau­vages quoi. Et ça vien­drait aus­si avec des zones sans pes­ti­cides, donc favo­ri­sant les insectes pol­li­ni­sa­teurs. Et puis les forêts sau­vages ça stocke bien le carbone !
Je te vois venir, tu vas me dire que les vaches, les poules, les cochons auront pas leur place dans ces parcs. Bah oui ! Ça fait des siècles qu’on les sélec­tionne pour qu’ils vivent avec des humains, ils peuvent plus faire sans nous ! Une vache dans une forêt sau­vage elle tien­drait pas 1 semaine avant de se faire man­ger. Donc non ça serait pas leur rendre ser­vice, les ani­maux domes­tiques sont bien mieux chez nous.

A. – Tu parles du mil­liard d’animaux tués tous les ans en France là ? Dont la plu­part ont tou­jours vécu en cage ? Tu m’as pas convain­cu. Et j’arrive pas à com­prendre le but de ces parcs au final ?

Y. – De lais­ser les ani­maux tran­quilles ! Qu’ils puissent vivre leur vie sans nous, et qu’on arrête de per­tur­ber leurs éco­sys­tèmes ! On n’a pas notre place partout.

A. – Donc l’idée pour toi c’est de maxi­mi­ser le bien-être ani­mal ? Ça colle pas ton his­toire, dans un parc natu­rel, c’est pas sûr que les proies vivent leur meilleure vie. Faim, soif, mala­dies, bles­sures, chasse… Y’a plein de façons de mou­rir dif­fé­rentes, et elles ont pas l’air top niveau souf­france. D’ailleurs, c’est exac­te­ment ce que nous essayons d’éradiquer dans les socié­tés humaines ! C’est bizarre qu’on se sou­cie pas des autres ani­maux non ?

Y. – Ça n’a rien à voir ! Nous on est humains, on est soli­daires, on s’occupe de notre espèce, c’est l’instinct de conser­va­tion. On l’a tous et toutes, sinon ça ferait bien long­temps qu’on serait plus là.

A. – Moi je l’ai pas l’instinct de conser­va­tion de l’espèce. De moi-même, c’est sûr, de ma famille, de mes potes et plus géné­ra­le­ment des gens que je connais oui car­ré­ment, mais l’instinct d’aider l’espèce ça parait un peu abs­trait comme ça. « Espèce » c’est pas une valeur morale, suf­fit de voir com­ment on traite les autres humains et humaines qui sont pas de notre classe sociale, ou qui sont sur un autre conti­nent… Il est pas glo­rieux l’instinct d’espèce.

Yann fait sa moue, celle qu’il fait quand il est contra­rié. Il recom­mence brus­que­ment à parler.

Y. – Alors du coup selon toi il fau­drait aller filer des cou­ver­tures aux lapins qui ont froid, et des anti­bio­tiques aux oiseaux malades par soli­da­ri­té, alors qu’on arrive déjà pas à le faire pour tout le monde ?

A. – J’ai pas dit que je savais ce qu’il fal­lait faire ! Je pointe juste que l’idée que les ani­maux seront heu­reux de pou­voir gam­ba­der dans les prai­ries et de se faire chas­ser par tous les pré­da­teurs du coin, avant de fina­le­ment mou­rir noyés dans une rivière, c’est un peu une légende qu’on se raconte pour jus­ti­fier la ségré­ga­tion qu’on veut mettre en place entre la Nature et la Culture. Comme s’il y avait une différence.
La culture humaine EST dans la Nature, tout ce qu’on fait est natu­rel, même quand on détruit des éco­sys­tèmes. C’est pas en essayant de s’éloigner de ce qu’on consi­dère comme étant la Nature – les espèces pro­té­gées en fait, qu’on va vrai­ment faire du bien à la bio­di­ver­si­té, ou aux indi­vi­dus non-humains. Je pense que vou­loir nous mettre en dehors de la Nature, c’est une bonne façon pour nous de jus­ti­fier qu’on puisse la contrô­ler, et donc l’exploiter, même si on se pré­sente comme les méchants. « On va créer un parc natu­rel pro­té­gé pour les élé­phants, mais à côté on va cou­ler une dalle de béton de 5 hec­tares pour accueillir une pla­te­forme d’Amazon », ça sonne faux non ? Y’a des zones à pré­ser­ver et des zones à exploi­ter, du coup c’est facile, ça laisse le champ libre pour conti­nuer comme avant.
On pour­rait plu­tôt repen­ser notre rap­port aux autres indi­vi­dus, humains et non-humains, en se basant non pas sur une idée un peu ban­cale de pré­ser­va­tion de la bio­di­ver­si­té à tout prix, pour elle-même, mais plu­tôt sur une idée de dimi­nu­tion de la souf­france de tout le monde. Si ça doit pas­ser par une pré­ser­va­tion de la bio­di­ver­si­té, les pol­li­ni­sa­teurs et tout ça, c’est top et ça semble logique, mais le but recher­ché der­rière est un peu dif­fé­rent. Et si ça peut jus­ti­fier le fait de res­pec­ter les besoins de tous les indi­vi­dus humains, eh bien c’est tout bénéf’. Parce qu’actuellement on y est pas non plus !

Alice trem­blait un peu. Elle le sen­tait dans ses mains. Elle s’arrêta un ins­tant pour boire une gor­gée de cho­co­lat chaud. Autant pour la cha­leur que pour mar­quer la fin de sa tirade. Elle avait accé­lé­ré sur la fin, pres­sée d’en finir avec la mise à nu de ses idées sur la table du bar devant ses ami.es. Sa voix avait même com­men­cé à vaciller sur les der­niers mots, mais ni Yann ni Anis­sa n’avait eu l’air de le remarquer.

Yann s’apprêtait tout juste à ouvrir la bouche, quand Anis­sa prit bru­ta­le­ment la parole.

Anis­sa – Et bien le voi­là l’article du pro­chain numéro !

Elle n’avait pas arrê­té de prendre des notes pen­dant toute la dis­cus­sion, et main­te­nant qu’elle avait fer­mé son car­net et ran­gé son sty­lo, elle les regar­dait tous les deux à tour de rôle, avec ses yeux noirs et brillants.

Anis­sa – Y’a plus qu’à le mettre en forme ! Tu t’occupes de ça Yann ? Bon, main­te­nant que vous avez effleu­ré le sujet, est-ce que ça vous dirait qu’on en vienne à l’ordre du jour ? Pre­mier sujet : orga­ni­sa­tion de la pro­chaine AG de recrutement !

 

Dis­cus­sion libre­ment ins­pi­rée de la confé­rence de Yann Lepel­tier accueilli par l’association APALA : « Quelles dif­fé­rences entre l’écologie et l’antispécisme ? », 05/11/2021
Cer­tains argu­ments de Yann sont libre­ment ins­pi­rés des pro­pos de Jean-Pierre Digard dans Le Grand Entre­tien de France Inter : « La notion de bien-être ani­mal est ambi­guë », 09/08/2021

Communauté de réflexion

Nous sommes sans doute nom­breux à nous poser des ques­tions, à réflé­chir sur notre école, ses valeurs, sa phi­lo­so­phie, à son ave­nir éga­le­ment avec tout ce que cela implique. Qu’est-ce qu’un ingé­nieur huma­niste ? Com­ment et que trans­mettre aujourd’hui ? Quelle culture vou­lons-nous pro­mou­voir à l’INSA ? Com­ment vou­lons-nous prendre part aux débats qui tra­versent notre école ? Quelle éthique pour l’ingénieur aujourd’hui ? Voi­là des ques­tions qui vous tra­versent peut-être et aux­quelles vous aime­riez contri­buer pour appor­ter des réflexions à la hau­teur des enjeux. Nous savons que chan­tier ambi­tion 2030 pro­met beau­coup de trans­for­ma­tions. D’autre part, il est cru­cial de consti­tuer un noyau d’étudiants, une com­mu­nau­té qui puisse réel­le­ment prendre de l’avance, être pré­cur­seur et expé­ri­men­ta­teur en pre­nant le temps de ques­tion­ner en pro­fon­deur l’enseignement et la vie dans notre école d’ingénieur aujourd’hui. En effet, ces trans­for­ma­tions d’envergure ne peuvent se faire seule­ment pour les étu­diants mais elles doivent se faire avec la contri­bu­tion des étu­diants afin de mieux orien­ter les changements.

La chaire ins­ti­tu­tion­nelle Alumni/INSA Lyon « ingénieur.e INSA, phi­lo­sophe en action. Pen­ser et agir de manière res­pon­sable » (https://chaires.insa-lyon.fr/chaire-institutionnelle-alumni-insa-lyon) pro­pose de pro­mou­voir une com­mu­nau­té de réflexion et de nou­veaux espaces d’expression afin d’enrichir les débats et d’influencer les réponses ins­ti­tu­tion­nelles. En ras­sem­blant des esprits qui ont soif de remettre en ques­tion et d’agir pour leur école, en allant à la ren­contre d’ingénieurs et d’acteurs de ter­rain, en explo­rant des thé­ma­tiques per­ti­nentes et en par­tant de ton expé­rience de l’INSA, nous pou­vons espé­rer que de nou­veaux che­mins s’ouvrent sur notre campus.

La chaire, étant en lien avec les ins­tances clés de l’INSA et ayant un réseau de dona­teurs impor­tant, a pour voca­tion de deve­nir une caisse de réson­nance de tes idées, de ta parole et de ton impli­ca­tion qui peut s’inscrire et être valo­ri­sé dans ton par­cours INSA (en lieu et place du PPH ou de cer­tains cours à la carte par exemple).

Si tu as des connais­sances et un inté­rêt par­ti­cu­lier pour le champ de la culture tech­nique d’aujourd’hui et de demain ou pour appro­fon­dir ta réflexion sur la dimen­sion poli­tique du métier d’ingénieur, n’hésite pas à te mani­fes­ter auprès de la chaire pour t’impliquer dans la construc­tion d’ateliers et l’échange autour de ces ques­tions pour ouvrir la réflexion autour de toi et dans ton dépar­te­ment d’étude. De plus, un blog scien­ti­fique sera bien­tôt fonc­tion­nel. Il aura pour objec­tif de com­mu­ni­quer des billets divers et variés : réflexions per­son­nelles, connais­sance des ins­tances de l’INSA, appel à pro­jet, témoi­gnage. Dans un esprit de nuance, d’accessibilité, d’objectivité et d’interactivité, tu pour­ras y trou­ver des lec­tures clés pous­sant à la réflexion, à la mise en lien et à l’action au sein de ton campus.

Fran­çois Vandermersch