Quels futur pour les réseaux sociaux ?

Aujourd’hui on uti­lise beau­coup les réseaux sociaux, mais demain ? Dans 5, 10, 30 ans ? C’est ce qu’on va voir.  

Que ça nous plaise ou non, notre géné­ra­tion a gran­di avec les réseaux sociaux, mais ceux d’hier ne sont pas les mêmes que ceux d’aujourd’hui. Alors que Face­book était autre­fois incon­tour­nable, nous l’avons peu à peu délais­sé et ce n’est pas le seul exemple : je crois me rap­pe­ler d’une époque où You­Tube avait encore de la concur­rence et où Vine et Per­iscope exis­taient tou­jours. Et un peu avant nous, il y avait MyS­pace, Sky­blog, msn puis Skype et la liste est trop longue, je m’arrête là. Qui sait, peut-être que demain, on uti­li­se­ra plus que Tik­Tok, ou l’un de ces futurs concur­rents encore incon­nu aujourd’hui. 

La liber­té mais à quel prix 

Mais cer­tains réseaux sociaux semblent résis­ter au pas­sage du temps : Ins­ta­gram, Twit­ter, You­Tube et autres per­durent mal­gré l’arrivée de concur­rents, notam­ment grâce à l’évolution de leur pla­te­forme. C’est le cas de Twit­ter, dont le rachat par Elon Musk en octobre der­nier a mar­qué un tour­nant dans la poli­tique de ges­tion du réseau social. Au nom de la liber­té d’expression, le mil­liar­daire a choi­si d’assouplir la régle­men­ta­tion et la modé­ra­tion de la pla­te­forme. Une déci­sion dont les consé­quences sont allées du ban­nis­se­ment de Donald Trump à l’augmentation hors norme de l’usage de termes, en n par exemple, jusqu’alors ban­nis.  

Dans le but de péren­ni­ser le finan­ce­ment de Twit­ter, Elon Musk a aus­si déci­dé de sup­pri­mer le sys­tème actuel de cer­ti­fi­ca­tions basées sur la noto­rié­té au pro­fit d’ abon­ne­ments payants acces­sibles à tous. Un bon­heur pour tous ceux qui ont rêvé un jour d’être dans la peau de quelqu’un d’autre, mais c’est rare­ment du goût de cet autre en ques­tion. Là encore, des dégâts ont été à déplo­rer allant de “simples” usur­pa­tions d’identité sans consé­quences trop graves jusqu’à des pertes de plu­sieurs mil­liards d’euros pour des entre­prises suite à l’imposture d’utilisateurs far­ceurs ou mal­veillants. Mal­gré les nom­breuses cri­tiques à l’encontre de Twit­ter, le PDG de l’entreprise s’est féli­ci­té que le nombre d’u­ti­li­sa­teurs actifs n’ait jamais été aus­si éle­vé. Quant à ses détrac­teurs, le manque d’alternative au réseau social les oblige à res­ter sur la pla­te­forme pour que leur opi­nion soit enten­due. En fin de compte, ces récents chan­ge­ments dans la poli­tique de Twit­ter n’ont fait que mettre en lumière une réa­li­té : les réseaux sociaux sont deve­nus par­tie inté­grante de l’espace public. Mais qui doit alors les régle­men­ter ? 

Tout le monde veut sa part du gâteau 

À l’heure actuelle, les réseaux sociaux sont sou­mis à diverses pres­sions : les annon­ceurs veulent dif­fu­ser leur publi­ci­té sans risque pour leur image, les ayants droit veulent faire valoir leurs droits d’auteur, les action­naires ne veulent rien qui puisse nuire à la valeur de leur parts, enfin et sur­tout, les uti­li­sa­teurs doivent res­ter satis­faits et leurs droits doivent être res­pec­tés. C’est là qu’intervient le droit, pour défendre l’in­té­rêt des citoyens et les légis­la­teurs s’intéressent de plus en plus aux réseaux sociaux. En effet, l’élan libé­ral mené par Elon Musk sur Twit­ter est sur­veillé de près par la Com­mis­sion euro­péenne qui veille à ce que sa régle­men­ta­tion, et notam­ment le RGPD, soit bien appli­quée sur le site amé­ri­cain. 

 Tou­jours dans une volon­té de contrôle, le Par­le­ment euro­péen a récem­ment pris la déci­sion d’interdire l’usage de Tik­Tok à ses employés suite à l’aveu de Tik­Tok d’autoriser ses employés chi­nois d’accéder aux don­nées de ses uti­li­sa­teurs euro­péens en désac­cord avec le RGPD. Une enquête est éga­le­ment ouverte pour déter­mi­ner si les don­nées ont été ou sont acces­sibles aux membres du gou­ver­ne­ment chi­nois. En atten­dant, de nom­breux pays euro­péens dont la France, ont d’ores et déjà pris des mesures en inter­di­sant l’usage de Tik­Tok sur les télé­phones four­nis à leurs fonc­tion­naires. Les Etats-Unis réflé­chissent même à inter­dire entiè­re­ment l’application, une déci­sion déjà prise le Pakis­tan, l’Afghanistan et l’Inde, mais davan­tage pour des rai­sons poli­tiques ou reli­gieuses que pour la pro­tec­tion de leurs uti­li­sa­teurs. 

Meta­verse :  réseau social du futur ? 

Du côté de Face­book, la conquête pla­né­taire de la pla­te­forme a com­men­cé à ralen­tir, moins par manque d’in­té­rêt que par manque de nou­veaux uti­li­sa­teurs. Contrai­re­ment à l’un de ses concur­rents, Mark Zucker­berg n’a pas déci­dé de par­tir à la conquête de nou­velles pla­nètes sur les­quelles il aurait pu trou­ver davan­tage de don­nées per­son­nelles à exploi­ter. Il a pré­fé­ré plus sim­ple­ment renom­mer son entre­prise Meta pour mettre l’accent sur ce qui serait selon lui la pro­chaine révo­lu­tion numé­rique : le meta­verse. À che­val entre réa­li­té aug­men­tée et vir­tuelle, jeux vidéo et NFT, la pro­messe est la sui­vante : créer un cybe­res­pace per­met­tant de se connec­ter, apprendre, tra­vailler ou encore faire des achats, d’après ce qu’en dit le site offi­ciel de Meta. 

Seule­ment voi­là, cette vision ambi­tieuse est loin d’être par­ta­gée par tout le monde et rares sont ceux qui sont assez cou­ra­geux pour aller retrou­ver Chris­tian Estro­si et suivre son inau­gu­ra­tion de la vil­la Mas­sé­na dans le meta­verse. Pire encore (si, si c’est pos­sible), mal­gré les dizaines de mil­liards de dol­lars inves­tis dans cette tech­no­lo­gie, le dépar­te­ment “meta­verse” de la socié­té a engen­dré une perte nette de 10 mil­liards de dol­lars. Un défi­cit com­pré­hen­sible au vu du manque d’in­té­rêt mani­feste du grand public et d’exemple concret d’application du meta­verse. Mark Zucker­berg lui-même annon­çait qu’il fau­drait des années avant que le monde n’adopte sa créa­tion. Ain­si, les inves­tis­seurs se sont détour­nés du meta­verse pour explo­rer la nou­velle ten­dance tech­no­lo­gique du moment : l’intelligence arti­fi­cielle et Mark Zucker­berg a annon­cé en février le pivot de Meta vers l’IA mar­quant un temps de relâ­che­ment, peut-être pas défi­ni­tif, du meta­verse. 

Arthur

Algorithmes, nos amants possessifs

Vous vou­lez inno­cem­ment voir la der­nière revue de la semaine de Mélen­chon mais You­Tube insiste plu­tôt sur le der­nier débat de Zem­mour ? On vous pro­pose d’acheter des cale­çons à poche ? (alors que vous êtes une fille). On vous montre la nou­velle danse spé­ciale biki­ni-ana­nas en vogue sur le net ? (vous êtes bien un gar­çon). Mais alors, libres ou pas libres ? 

Près de 70% du conte­nu vision­né sur You­Tube pro­vient de recom­man­da­tions per­son­na­li­sées selon son chef pro­duit, chiffre qui atteint les 100% sur Tik­tok. Tous les réseaux se mettent à la mode reels et le patron de Net­flix déclare que son pro­chain concur­rent c’est… le som­meil. Dites-donc il fait bon vivre sur les pla­te­formes ! Celles-ci nous aiment tel­le­ment qu’elles ne veulent plus se sépa­rer de nous. Elles nous aiment d’un amour déchi­rant, pos­ses­sif, si dévoué qu’elles tiennent à satis­faire la pro­fu­sion acca­blante de nos petits dési­rs curieux. Et alors, où est le pro­blème ? Si elles nous pro­posent des choses, c’est qu’elles doivent bien nous inté­res­ser non ? Après tout, ça a été fait par des ingé­nieurs tout ça, tout ce qu’il y a de plus neutre, ration­nel, et pro­gres­siste ! 

Oui, mais quand la rai­son d’être exis­ten­tielle de ces pla­te­formes est de maxi­mi­ser le temps qu’on passe des­sus pour conver­tir celui-ci après en don­nées et en reve­nus publi­ci­taires (plus de 98% des reve­nus de Face­book). C’est qu’on ne doit pas être entre de très bonnes mains… Oui oui d’accord, mais si ça nous inté­resse pour de vrai, où est le pro­blème ? C’est gagnant-gagnant non ? 

Entre atten­tion et inten­tions 

Là il faut décor­ti­quer un peu plus ce qu’on appelle un inté­rêt. Vous rou­lez dans une voi­ture avec pour inten­tion un lieu pré­cis, mais un acci­dent attire irré­sis­ti­ble­ment votre atten­tion sur le bord de la route. Vous vous arrê­tez (y a du sang quand même). Pour­tant cet arrêt ne vous apporte pas grand-chose dans votre noble quête sur cette terre, votre plan, votre volon­té, et vous freine même un peu. Un seul ça va, vous repren­drez la route ensuite ! Mais plu­sieurs ? Et si les réseaux sociaux, par la force de leurs algo­rithmes, se trans­for­maient petit à petit en des laby­rinthes où nous per­dons sys­té­ma­ti­que­ment de vue nos inten­tions ini­tiales après quelques minutes de scroll ?  

Encore plus graves que les acci­dents, les sucre­ries cog­ni­tives des réseaux sociaux répondent à plu­sieurs besoins « pri­mi­tifs » à la fois : besoin de recon­nais­sance, de sécu­ri­té, de confir­mer nos opi­nions, de diver­tis­se­ment (cette curieuse capa­ci­té humaine à se tenir loin de soi-même), d’être au cou­rant (comme une lampe, sinon on s’éteint ?), d’accès à la repro­duc­tion (je parle bien des biki­nis) etc. Une telle quan­ti­té de sucres ne peut que nous rendre info­bèses, si nous régu­lons peu notre régime d’information. Voire même un peu bêtes. Si on prend moins le temps de réflé­chir, de s’ennuyer et de rou­ler les yeux dans le vague, cela va sans dire. 

Gloire à la bêtise 

A l’échelle mon­diale, nous sommes de plus en plus alpha­bé­ti­sés et diplô­més. Nous avons de plus en plus accès à la connais­sance, la culture, la conscience des défis pla­né­taires, de nos sem­blables et toutes ces choses-là. Pour­tant, il suf­fi­rait de se bala­der un moment sur des fils d’actualité ou voir des résul­tats d’élections pour se rendre compte que ce n’est pas encore tout à fait ça ! Le pay­sage de l’information est court-ter­miste, satu­ré et sen­sa­tion­nel. Les voix qui y suc­cèdent sont tan­tôt trop confor­mistes tan­tôt trop extrêmes. Les algo­rithmes créent des bulles infor­ma­tion­nelles, sortes de nou­velles classes sociales, qui érodent notre socle cultu­rel com­mun en nous main­te­nant dans un uni­vers d’opinions et de lan­gage qui nous récon­forte. Les réflexions longues ou à long terme ne sont abso­lu­ment pas concur­ren­tielles dans le flot, ce qui fait que nombre de mili­tants poli­tiques se retrouvent à jouer à l’extérieur et en sous-effec­tif ! Tout ça finit par pro­duire une pen­sée nau­séeuse qui a un avis sur tout mais qui n’éclaire pas grand-chose. 

Le pro­blème n’est pas seule­ment de l’ordre d’une hygiène men­tale. On parle d’implications très sérieuses : il est prou­vé main­te­nant que les algo­rithmes de You­Tube ont très lar­ge­ment favo­ri­sé la dif­fu­sion des vidéos de Trump lors des élec­tions (en plus du scan­dale de Cam­bridge Ana­ly­ti­ca), ou encore que les algo­rithmes de Face­book ont joué un rôle impor­tant dans le géno­cide des Rohin­gyas en Bir­ma­nie. 

La dic­ta­ture des algo­rithmes 

Sur ces pla­te­formes, nous ne sommes pas spé­cia­le­ment diri­gés par des indi­vi­dus (quoi que Elon Musk et Mark Zucker­berg sont loin d’être des figu­rants), mais bel et bien par ces bouts de code qui condi­tionnent inévi­ta­ble­ment nos points de vue, actes, san­té men­tale ou achats. Sous d’autres cieux, on aurait appe­lé ça de la pro­pa­gande. Arthur Gri­mon­pont parle car­ré­ment d’une « algo­cra­tie » dans un super bou­quin dont je m’inspire et que je vous recom­mande vive­ment « Algo­cra­tie : vivre libres à l’heure des algo­rithmes ».  

Pour autant, ces algo­rithmes ne sont pas en eux-mêmes la source du mal, puisqu’encore une fois, ils ne font que répondre à un but : faire du pro­fit (tou­jours le capi­ta­lisme !). Cela ne sert donc pas à grand-chose de récla­mer plus de « trans­pa­rence » ou de « res­pect des don­nées », c’est tout le modèle éco­no­mique qu’il fau­drait revoir. Mais s’il fal­lait attendre la trans­for­ma­tion de ces firmes en coopé­ra­tives démo­cra­tiques, on n’est pas sor­ti de l’auberge… 

Une sor­tie par le haut 

Il existe des choses qu’on peut faire ici et main­te­nant pour limi­ter les dégâts. Par exemple les res­tric­tions d’âge et du temps qu’il est per­mis de pas­ser sur les réseaux, mais avec un peu de volon­té, on pour­rait même en inter­dire cer­taines incar­na­tions, à l’image de la Chine qui inter­dit Tik­tok sur son propre sol pour en pro­po­ser une ver­sion locale (Douyin) dont les algo­rithmes favo­risent les… conte­nus édu­ca­tifs !  

La Chine n’est cer­tai­ne­ment pas un exemple, mais par oppo­si­tion, elle met en relief cette pudeur propre aux pays dit libé­raux et qui consiste à sur­tout ne rien inter­dire pour pré­ser­ver une soi-disant liber­té en par­tie illu­soire. Mais jusqu’à quand ? Ces pla­te­formes posent de tels pro­blèmes de san­té publique et de pro­tec­tion des don­nées qu’il va bien fal­loir agir à un moment don­né, de pré­fé­rence démo­cra­ti­que­ment, comme le plaide mon cama­rade Simon au-des­sus. Sur les rap­ports de force légis­la­tifs en cours, mon cama­rade Arthur est un peu plus au fait, lisez la suite ! 

Reste nous, humbles uti­li­sa­teurs, sou­vent influen­çables mais jamais impuis­sants. On peut pen­ser une uti­li­sa­tion tel­le­ment contrac­tée de ces pla­te­formes qu’on en extrait que la sève, puisque pour la plu­part d’entre nous, elles gardent des avan­tages cer­tains. On peut faire le choix de s’informer direc­te­ment à la source chez des médias alter­na­tifs, des sites d’information per­ti­nents, ou la presse écrite (comme l’Insatiable ! Votre jour­nal résis­tant !). On peut cher­cher des alter­na­tives plus démo­cra­tiques aux réseaux domi­nants comme Mas­to­don et d’autres moins connus… 

On peut même faire le choix d’en quit­ter quelques-uns (ou tous) pour de bon. Cha­cun arbitre en fonc­tion de ses contraintes, par­fois de ses attaches sociales (anciens amis, proches etc.). Mais si j’avais une chose à dire pour finir, c’est qu’il ne faut plus avoir peur d’être radi­cal. Sup­pri­mer un compte, cela ne coûte pas grand-chose et peut faire beau­coup de bien. 

Vivre plei­ne­ment, voi­là une chose bien radi­cale au fond. 

Ayman  

Cheval de 49(.3)

La réforme des retraites dont je vous laisse décou­vrir toutes les sub­ti­li­tés trop longues à énu­mé­rer a pour but essen­tiel de déca­ler l’âge légal de la retraite de 2 ans d’ici à 2030. Bien. Regar­dons ça de plus près.

 Le fameux « There is no alter­na­tive” de That­cher est repris par le gou­ver­ne­ment, intrai­table : il n’y a pas d’autres solu­tions pour résor­ber le défi­cit du sys­tème esti­mé maxi­ma­le­ment par toutes les auto­ri­tés à 20 mil­liards d’euros. Consi­dé­rons ce maxi­mum. C’est par­ti pour la bat­te­rie d’arguments chif­frés qui viennent écla­ter ce simu­lacre de nécessité :

1) Un peu de bio­lo­gie (source INSEE 2021 France) : Vous com­pre­nez, les gens vivent plus long­temps. Il y a de plus en plus de retrai­tés… Hommes : espé­rance de vie : 79.3 ans ; espé­rance de vie en bonne san­té : 65,6 ans. Femmes : espé­rance de vie : 85.4 ans ; espé­rance de vie en bonne san­té : 67 ans. Très bien donc il s’agit de poser l’âge de la retraite le plus proche pos­sible de la limite de vie en bonne san­té de sorte à ce qu’une fois ren­tré en retraite, on puisse pas­ser le temps res­tant à exclu­si­ve­ment souffrir.

2) Un peu d’économie (source INSEE 2021 France) : Dette nette début 2020 : 2209.2 mil­liards d’euros, 2 ans plus tard : 2546.4 mil­liards d’euros. En seule­ment 2 ans et ce n’est qu’un échan­tillon car la courbe de la dette ne fait que croître, nous avons pris 337.2 mil­liards de dettes. Atten­tion mathé­ma­tiques expertes pour le gou­ver­ne­ment, on tente main­te­nant une divi­sion : 337.2/20 = 16.86. En 2 ans la France a emprun­té presque 17 fois l’estimation maxi­male du trou éco­no­mique pour la retraite.  Il s’agit donc de jeter par les fenêtres sans comp­ter puis pour une somme déri­soire, ampu­ter 2 ans de paix à tous les tra­vailleurs de ce pays.  Cela semble rai­son­nable, il n’y a pas d’alternatives on vous dit, vous êtes bou­ché ma parole !

3) Un peu de tech­no­lo­gie : Et oui les machines, l’énergie, le pro­grès tech­nique et toutes ces choses mer­veilleuses qui détruisent la pla­nète ont l’avantage de décu­pler les ren­de­ments. Entre 1950 et 2020 (source : la finance pour tous), le PIB par habi­tant autre­ment dit la pro­duc­ti­vi­té a été mul­ti­plié par 5. Sachant qu’en 1949, on par­tait à la retraite à 60.2 ans (source : sante.gouv). Nous sommes donc pro­gres­si­ve­ment pas­sés de 60 ans à doré­na­vant 64 ans sachant qu’un tra­vailleur moyen en a pour envi­ron 40 ans de tra­vail. On a aug­men­té ce temps de tra­vail de 4 ans soit de 10%. Génial ! Une pro­duc­ti­vi­té qu’on vou­drait aug­men­ter de 1.1 quand la tech­nique la mul­ti­plie dans le même temps par 5. On va rendre fous, dépi­tés et détruire des mil­lions de gens pour gagner quelques pauvres pour­cents de pro­duc­ti­vi­té là où de manière natu­relle, la tech­nique la décuple dans les grandes lar­geurs (voir récents déve­lop­pe­ments IA de surcroit).

Bien­ve­nue en Absurdistan

En sommes nous avons là une ques­tion sociale fon­da­men­tale qui traite des der­nières années de vie en bonne san­té dont peuvent pro­fi­ter des mil­lions de tra­vailleurs exté­nués, et qui repré­sente un trou éco­no­mique qui tient plus du cul de poule étant don­né ses dimen­sions ridi­cules, et qui pour­rait connaître 1000 col­ma­tages infi­ni­ment moins sul­fu­reux pour le peuple. A quand une ins­tance scien­ti­fique, logique, quan­ti­ta­tive, indé­pen­dante du gou­ver­ne­ment qui vienne poin­ter les inco­hé­rences mani­festes de leurs décla­ra­tions bal­lo­tées sui­vant l’envie du jour ?

Alors bon s’il n’y avait que notre ministre de l’économie, mon­sieur Lemaire, dont un ami d’université nous apprend qu’il n’avait aucune for­ma­tion en éco­no­mie et qui sur l’émission  le bureau de l’info, nous confie « j’ai jamais été doué en math » suite à la ques­tion « c’est quoi un hec­tare ? », ça pour­rait aller. On se dirait, les pauvres, ils sont seule­ment incom­pé­tents. Mais madame Borne, poly­tech­ni­cienne, je refuse de croire qu’elle n’a pas vu « d’autres alter­na­tives ». Le pro­blème c’est donc peut être l’intention. Peut-être que notre chère aris­to­cra­tie endo­game de poli­ti­ciens pas­sant tous par le même moule ins­ti­tu­tion­nel qui débouche sur des car­rié­ristes sans convic­tions qui servent leurs inté­rêts et ceux de ceux qui leur obtiennent leurs places.

Allez comp­tons les voix. Y’en a pas assez, bon bah alors 49.3. Il me sem­blait jusque-là que lorsque qu’un chef de gou­ver­ne­ment fai­sait des esti­ma­tions de vote avant de les cor­ri­ger lorsqu’il se ren­dant compte qu’il n’en avait pas assez, cela s’appelait une dic­ta­ture, mais enfin pas­sons. On a qu’à répé­ter “ il n’y a aucune alter­na­tive” en fer­mant tout débat, toute pos­si­bi­li­té, et à répé­ti­tion sur tous les médias de masse contrô­lés par des aris­to­crates (on rap­pelle que 90% des médias fran­çais sont déte­nus par 9 mil­liar­daires) et c’est par­ti tout roule ! Cette réforme est tant sur la forme que le fond scan­da­leuse et éclaire une fois de plus l’élan poli­tique contem­po­rain en France.

Flo­ren­tin

Les rézeaux zoziaux et l’INZA

Ima­zi­nez un monde paral­lèle où la com­mu­ni­ca­tion est inz­tan­ta­née, zans limite de dis­tance à l’échelle du globe tout entier. Quel monde mer­veilleux ze zerait ! À moins que ze zoit une cataz­trophe ? Z’est ze que nous zal­lons voir de ze pas !

Le mas­cu­lin est employé par défaut pour faire office de neutre.

Bon main­te­nant que j’ai pu atti­rer la géné­ra­tion Z avec mon zozo­te­ment extrê­me­ment convain­cant, je vais reprendre une dic­tion plus ortho­doxe, parce qu’il ne faut pas décon­ner, on est sérieux ici !

Notre très cher ami et confrère Alex de la rédac’ a choi­si pour son PPH l’étude de l’utilisation et de l’influence des réseaux sociaux sur la socié­té, ou plus loca­le­ment à l’INSA, comme on est à l’INSA et que rien ne sort jamais de l’INSA (v’là la secte …). Les don­nées récol­tées via son ques­tion­naire nous donnent une fresque vache­ment chouette de com­ment les insa­liens uti­lisent les réseaux sociaux, pour­quoi, à quelle heure, sous quelle tem­pé­ra­ture, dans quelle dimen­sion … Si si ! À l’Insatiable on est plus per­for­mant que la NSA lorsqu’il s’agit de récol­ter des don­nées sur les réseaux sociaux AKA les nou­veaux concur­rents des médias tra­di­tion­nels dont nous fai­sons modes­te­ment par­tie avec notre papier fin rin­gard, notre encre trop noire et nos écri­tures minus­cules. J’espère que vous vous ren­dez compte de l’effort d’impartialité que ça nous demande à moi, à Alex, à Ayman et à Arthur d’écrire un article sur les réseaux sociaux alors même que nous sommes des intré­pides défen­seurs de la presse papier !

Que pensent les sondés ?

Je com­mence sinon on va m’accuser de tour­ner autour du pot … Pre­mier résul­tat extrê­me­ment inté­res­sant, la consom­ma­tion des réseaux sociaux. Voi­là que +50 % des insa­liens passent plus d’une heure par jour sur les réseaux sociaux. Si je retranche les 8 heures de som­meil, les 8 heures de cours les heures pour man­ger, le tra­vail per­so, que j’ajoute un peu de sel et que je fais reve­nir le tout, ça nous fait une four­chette mini­male de 20 à 50 % de notre temps libre (esti­mé donc entre 5 et 2 heures) pas­sé uni­que­ment sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont lar­ge­ment uti­li­sés pour se tenir au cou­rant de l’actualité et, sans sur­prise, les sources d’informations sont majo­ri­tai­re­ment des influen­ceurs à la Hugo­Dé­crypte. Les jus­ti­fi­ca­tions avan­cées sont la conci­sion de l’information (flemme ou bien opti­mi­sa­tion?), leur acces­si­bi­li­té à tous (les jour­naux ces pédants …). Belle sur­prise notable, 40 % des son­dés uti­lisent les médias alter­na­tifs pour s’informer, invo­quant l’indépendance aux grandes for­tunes et l’accès à une infor­ma­tion moins biai­sée, des sujets plus inté­res­sants et plus en phase avec les ques­tion­ne­ments sociaux actuels. 

Concer­nant l’influence des médias sur l’insalien désor­mais, je remarque qu’il y a tout de même 18 % de Giga Chad qui pensent pou­voir y échap­per. Mou­ha­ha­ha que croyez-vous ? Vous ÊTES MANIPULÉS ! À part ça, la plu­part pensent être influen­cés sur leur avis poli­tique, leurs achats, leur habille­ment, leur ali­men­ta­tion et leur hygiène de vie. #Ilfaut­brû­ler­la­pub. Par contre il ne faut pas deman­der à l’ingénieur d’être poli­ti­sé, seuls 20 % uti­lisent les RS comme un moyen de mili­ter pour les causes fémi­nistes, envi­ron­ne­men­tales, poli­tiques, sociales … Mili­ter c’est se confron­ter à l’indifférence des autres, aux avis contra­dic­toires voire bles­sants. Ce n’est pas chose aisée et je féli­cite les 20 % de courageux.

Avan­tages ? Inconvénients ?

Cette par­tie est tou­jours tirée du son­dage et je m’en vais vous résu­mer les opi­nions prin­ci­pales sur les avan­tages et incon­vé­nients des RS. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce bilan est très nuan­cé. Si je devais don­ner mon avis, je dirais même que les incon­vé­nients dépassent en poids et en nombre les avan­tages qu’apportent les RS.

Com­men­çons par les avan­tages. Sont cités la puis­sance de la com­mu­ni­ca­tion sans fron­tière et le main­tien du lien social, l’apprentissage et la décou­verte de nou­veaux conte­nus cultu­rels et d’informations, un conte­nu varié et l’accès à une mul­ti­tude d’opinions dif­fé­rentes, le par­tage de conte­nu artis­tique per­son­nel. Quelque chose de très sur­pre­nant aus­si : plu­sieurs per­sonnes avaient mis « faire pas­ser le temps » comme un avan­tage des réseaux sociaux. Moi qui suis constam­ment à la recherche de temps et qui trouve que c’est la den­rée la plus pré­cieuse en notre pos­ses­sion, sur­tout à 20 ans, cela m’a rap­pe­lé les dif­fé­rences qui peuvent exis­ter entres les indi­vi­dus et c’est une excel­lente chose. 

Bon pas­sons aux incon­vé­nients. Encore une fois, je m’abreuve ici direc­te­ment à la source et je ne fais que décal­quer ce qui a été dit dans le son­dage. Loin devant tout le reste, les RS sont LE trou noir tem­po­rel. Monstre dévo­rant le temps grâce à de savants ruban de Möbius de vidéos, pho­tos, posts … L’addiction est aus­si sou­vent énon­cée, en paral­lèle avec les dis­trac­tions voire car­ré­ment l’abrutissement énon­cé par cer­tains son­dés. Quelques savants énoncent les dif­fé­rents biais psy­cho­lo­giques exploi­tés par les algo­rithmes mais je laisse à Ayman le plai­sir de vous détailler tout cela dans l’article qui suit. Je n’oublierai cer­tai­ne­ment la tra­gique dimen­sion hai­neuse ain­si que le har­cè­le­ment, tous deux trop pré­sents sur les RS. Enfin nous avons les fake news et la dés­in­for­ma­tion, le vie plas­tique du paraître, allant de pair avec la créa­tion de com­plexes sur son phy­sique ou sa vie nulle d’étudiant sur un cam­pus sovié­tique à révi­ser de l’électromag …

La démo­cra­tie technique

Fina­le­ment les RS illus­trent à leur manière l’éternelle absence de débat et de dis­cus­sion glo­bale autour des tech­no­lo­gies. Ils nous sont acces­sibles direc­te­ment et ont un impact énorme, par­fois toxique qui n’est un secret pour per­sonne. Un pro­grès tech­no­lo­gique comme les RS n’est abso­lu­ment pas neutre. Pour­tant, son exis­tence et son auto­ri­sa­tion n’est pas sou­mise au débat. Le phi­lo­sophe moderne Éric Sadin, grand cri­tique de la tech­nique et du capi­ta­lisme consu­mé­riste pro­pose de sou­mettre la tech­nique au joug de la démo­cra­tie. Je sais, je sais … La démo­cra­tie c’est chiaaant et looooong mais l’idée me sem­blait très inté­res­sante. Concrè­te­ment cela revien­drait à réa­li­ser des réfé­ren­dums pour deman­der l’avis de tous sur l’introduction de telle ou telle tech­no­lo­gie sur le mar­ché ou créer des com­mis­sions citoyennes tirées au sort qui devront déci­der au nom de tous si la socié­té accepte cette nou­velle technologie.

 Simon et Alexandre pour le sondage 

2 plombiers, un donjon et des dragons

 Deux pour le prix d’un ! Vous en avez de la chance ! Aujourd’hui on va ins­pec­ter 2 adap­ta­tions tirées d’un jeu vidéo et d’un jeu de pla­teau. Vous l’aurez sans doute devi­né, je parle bien évi­dem­ment de Super Mario Bros et de Don­jon et Dragons !

Les deux frères Bros reviennent à la charge !

Il ne faut pas oublier que Mario et Lui­gi ne sont pas à leur pre­mier coup d’essai. En 1993, Nin­ten­do a eu la mer­veilleuse idée de créer un film en prise de vue réelle sur nos deux plom­biers. Shi­ge­ru Miya­mo­to, le papa de Mario, était même dans le scé­na­rio, rien n’annonçait le ter­rible fias­co que ce film a subi…

Mais le plus gros pro­blème de ce film est la prise de vue réelle. Bien que des effets spé­ciaux nova­teurs pour l’époque aient été uti­li­sés, les goom­bas du film vous trau­ma­ti­se­ront à jamais… Et le scé­na­rio aus­si est tiré par les che­veux, c’est à se deman­der si Miya­mo­to était vrai­ment pré­sent pour vali­der le scé­na­rio… Ce nanar n’avait même pas rap­por­té assez d’argent pour cou­vrir les frais de pro­duc­tion du film. Cepen­dant il est tout de même consi­dé­ré comme le pre­mier long-métrage tiré d’un jeu vidéo et on peut saluer l’esprit d’initiative de Nin­ten­do (que l’on ne retrouve plus vrai­ment aujourd’hui dans leur créa­tion vidéoludique).

Film d’animation vient nous sauver…

Après cet échec, Nin­ten­do a tiré un trait sur les adap­ta­tions des célèbres plom­biers mous­ta­chus pen­dant plus de 25 ans. C’est alors qu’un beau jour de jan­vier 2018 ils annoncent vou­loir tra­vailler avec Illu­mi­na­tion pour créer un film d’animation ins­pi­ré de l’univers de Mario.

Et nous voi­ci donc en 2023 avec un film Super Mario Bros colo­ré, et ani­mé par Illu­mi­na­tion Paris ! Qui avait déjà été accla­mé par les cri­tiques pour Moi moche et Méchant et ses déri­vés. Le dou­blage n’est pas en reste avec une VF de qua­li­té, et la voix Mario de Pierre Tes­sier que le monde nous envie pour sa fidé­li­té avec tout l’esprit du personnage.

Alors est-ce que c’est un bon film ? Oui, même si de nom­breuses per­sonnes vous diront que ce film n’est pas révo­lu­tion­naire, que le scé­na­rio est vu et revu… celui-ci a au moins le mérite de tenir la route. Les nom­breuses réfé­rences à l’univers de Mario Bros se dis­til­lent tout au long du film avec une aisance que cer­tains devraient en prendre exemple. Le film est rapide, très rapide. En 1h32 on ne s’ennuie pas car il n’y a pas le temps pour cela. Cer­taines blagues sont drôles et bien que ce soit un film pour enfants celui-ci ne tombe pas dans le cringe. Par contre, Il fau­dra sim­ple­ment expli­quer au pro­duc­teur que mettre des musiques des années 80 comme « Take on me » ne rend pas for­cé­ment une scène « cool ».

Pour quelqu’un qui ne connait pas l’univers de Mario, ce film est clas­sique, sans vrai­ment de sur­prise. En revanche pour quelqu’un qui le connait, ce film devient tout de suite inté­res­sant. On se sur­prend à recon­naitre les musiques de jeux qui ont ber­cé notre enfance, de recon­naitre des per­son­nages de la série. Mais il faut alors se poser la ques­tion : qu’est-ce qu’une bonne adaptation ?

Un jeu de rôle ?

C’est pour ça que sur un coup de tête, je suis par­ti voir Don­jons & Dra­gons : l’Honneur des voleurs sans aucune connais­sance de l’univers. Les 3 pre­miers films ont quand même eu leur épi­sode hors-série sur la chaîne du joueur du gre­nier, peut-être que le 4ème est bien ?

La cou­leur du film est annon­cée dès le début. Nous sommes là pour rire, avec 5 blagues à la minute pour nous conter l’histoire du héros prin­ci­pal (peut-être un record ?). Bref une fois l’intrigue posée, on se retrouve alors dans une quête avec nos 4 héros, cha­cun ayant des classes dif­fé­rentes. Nous avons un barde, une guer­rière, un mage et une drui­desse. Au début nos pro­ta­go­nistes sont à la recherche d’un objet leur per­met­tant de résoudre le scé­na­rio du film (no spoil ici).

Cela leur per­met d’explorer le vaste monde de don­jons & dra­gons, et ça marche plu­tôt bien. Le film est beau et on se laisse faci­le­ment por­ter par le scé­na­rio. L’humour qui fai­sait peur au début est fina­le­ment sym­pa­thique et n’est pas trop forcé.

Cela com­men­çait si bien …

En revanche les per­son­nages sont cari­ca­tu­raux comme jamais. Le per­son­nage prin­ci­pal est un inca­pable mais il sait don­ner des ordres donc il est utile. La guer­rière est « badass » donc elle se bat tout le temps mais pos­sède un cœur très tendre. Le mage est un jeune demi-elfe pas sûr de lui, qui va, bien enten­du, à la fin du film réus­sir à faire quelque chose qu’il pen­sait impos­sible et qui par la même occa­sion va essayer de sor­tir avec la drui­desse du groupe. La drui­desse qui n’en a rien à faire des autres et qui est seule­ment là pour sau­ver sa patrie…

Une bande qui est un peu lourde si comme moi vous détes­tez les retour­ne­ments de situa­tion qui se sentent à une dis­tance terre-lune. Vers la fin, le scé­na­rio se retrouve sur une auto­route en ligne droite, on sait ce qu’il va se pas­ser et les choix scé­na­ris­tiques sont un peu gâchés car ils auraient pu être beau­coup plus com­plexes. Le film n’est pas mau­vais mais il n’est pas réus­si pour autant, il faut le prendre comme une par­tie de jeux de rôle entre amis. Il fau­dra alors être adepte de ce genre de jeux pour l’apprécier.

En conclu­sion, les adap­ta­tions et le ciné­ma ont une rela­tion plu­tôt com­plexe ! Peut-être qu’il vaut mieux connaître l’univers du film pour l’apprécier à son plein poten­tiel. Je trouve dom­mage que le film don­jons & dra­gons soit si fade vers la fin, que Mario soit si clas­sique. Même si dans les deux cas j’ai pas­sé un bon moment (un peu meilleur sur Mario quand même). N’hésitez pas à don­ner votre avis sur les films d’adaptation dans l’espace com­men­taire, qui sait, peut-être que vous nous ferez décou­vrir une bonne adaptation !

Alexandre

Qui a peur du perroquet stochastique ?

Pla­giaat ! Pla­giaat !” clame haut et fort le per­ro­quet sto­chas­tique. “Pan” fait le pis­to­let du capi­taine cyborg.

Bon­jour à tous, nous sommes déjà en 2023, les voi­tures ne volent pas encore, mais le Ter­mi­na­tor n’a pas trop vieilli et les oiseaux parlent tou­jours ! Si vous ne vivez pas jour et nuit dans un labo­ra­toire de micro­chi­mie spé­cia­li­sé en phy­to tex­tiles de caté­go­rie 3 sur l’échelle du gam­ma de Cho­les­ky, alors vous aurez com­pris que je suis en train de vous bara­ti­ner à l’instar d’un cer­tain ChatGPT.

 

Mais ne vous faites pas avoir par mes paroles : la réa­li­té ne tient plus: texte, image, voix, rien de ce qui fait vos exa­mens du FIMI n’est plus authen­tique. Votre seule rai­son d’être anéan­tie, volée. Vos atomes s’évaporent peu à peu et vous voyez poin­ter à l’horizon la fin de la pen­sée, la fin de la rai­son, la fin du temps !

Allez hop hop, on se réveille, l’information fuse dans les câbles sous-marins, les ten­seurs se décom­posent dans les tran­sis­tors, le pro­grès accé­lère de toute part, nous sommes à l’aube d’une révo­lu­tion indus­trielle ! N’est-ce pas merveilleux ?

 Qui part ? Qui reste ?

Allez, réveillez-vous je vous dis! ll est temps de jouer à un petiiit jeu : Qui, qui qui, qui qui qui, qui va perdre son bou­lot, ho ho ? Qui qui ? C’est bibi et oui ! Bibi qui ? Bibi intel­lo je sais un peu de tout et j’écris comme mon­sieur tout le monde sur un peu rien. Et oui Billy, toi c’est fini, allez par des­sus-bord ! “Couuu­lé ! Couu­lé !” s’exclame le per­ro­quet. Et oui, c’est bien méri­té Billy, fal­lait pas être en plein milieu de la gaus­sienne je t’avais bien dit. La moyenne c’est bien pour diver­tir le plus grand nombre, pis­ser des articles en veux-tu en voi­là. Mais hélas en ce moment il n’y a plus ni science ni conscience, il n’y a que pré­dic­tion toke­ni­sée. Alors si ton humble pro­fes­sion peut mini­mi­ser l’erreur d’un réseau de convo­lu­tion: déso pas déso, Billy ça part à l’eau !

Alors, qui est le sui­vant, vent vent ? C’est Ber­trand ! Ber­trand qui ? Ber­trand je recode pour la cen­tième fois une page web en Javas­cript, avec sa petite sauce béar­naise et son back-end en Python, comme on voit par­tout déjà. Eh oui Ber­trand, dit adieu au salaire géné­reux de nin­ja pro­gram­meur. Le monde moderne n’est pas clé­ment, et y’a plus de place pour le redon­dant. Main­te­nant si c’est déjà écrit ou codé, alors c’est déjà auto­ma­ti­sé. Allez Ber­trand, dans le canot et puis hop lé!

Autant vous dire, mes­de­moi­selles, mes­sieurs, qu’il va fal­loir apprendre à nager, se mou­voir habi­le­ment dans le fluide des idées pour visua­li­ser dans votre caboche de chim­pan­zé l’espace séman­tique à plu­sieurs mil­liard de dimen­sions dont nos amis GPT sont dotés, et nous aus­si il semblerait.

Le monde moderne n’est pas clé­ment et y a plus de place pour le redondant

Car encore aujourd’hui, on ne peut pas vrai­ment dire qu’ils nous sur­passent, pour l’instant nous sommes les maîtres et eux les objets. Pan le LLa­Ma, pan le per­ro­quet. Roger Pen­rose avait donc rai­son ! Le cer­veau humain est un ordi­na­teur quan­tique, pas une machine de Turing à deux sous. Enfin.. c’est un phy­si­cien qui l’a dit, c’est donc vrai­sem­bla­ble­ment fon­dé non ? Soit…

Alors que dire de l’avenir de ces IA mon capitaine ?

Lais­sez-moi vous par­ler de Yann le Cun, créa­teur d’un sport d’hiver main­te­nant en vogue, j’ai nom­mé la rétro-pro­pa­ga­tion, et sa redou­table Des­cente de Gra­dient, piste de ski fameuse s’il en est. Bref excu­sez-moi je m’étale comme ChatGPT, ou comme un prof en amphi, enfin c’est un peu la même chose non ? Oui donc Yann le Cun inven­teur de cet algo­rithme, un peu de maths, beau­coup de magie, soit, tout ce qu’il y a de plus ano­din, par­mi les milles briques élé­men­taires des réseaux de neurones.

Mais Yann le Cun, tout de même, merde, chers lec­teurs ! (hop là, c’est pas un chat­bot qui l’aurait lâché celui-là) Car il est avant tout per­çu comme le mes­sie fran­çais de l’IA, reste plu­tôt confiant. Bien niché avec Dun­ning et Kru­ger quelque part sur le Pla­teau de la sagesse, qu’on appelle plus com­mu­né­ment New York City, loin des tra­cas d’un nou­veau pro­lé­ta­riat de l’intellect, assu­ré­ment rem­pla­çable dès aujourd’hui, pré­fère ne pas com­pa­rer trop tôt au Ter­mi­na­tor de Schwar­ze­neg­ger les Large Lan­guage Models dont la famille GPT, frères, sœurs et cou­sins font tous par­tie. En effet, l’argument étant que Sha­kes­peare ne savait pas tirer au lance-roquette, et donc GPT non plus, et que hommes et machines seront tenus aux lois des nations, qui dictent s’ils mangent ou crêve, res­pec­ti­ve­ment s’ils sont allu­més, ou éteints.

Mais cer­tains infor­ma­ti­ciens-phi­lo­sophes sont légè­re­ment plus stres­sés, au point d’être deve­nus l’épicentre de quelques trem­ble­ments média­tiques. Tel que le contro­ver­sé Elie­zer Yud­kows­ky, qui aime­rait qu’on cesse de nour­rir le futur GPT5 aux hor­mones de crois­sances hyper­bo­liques avant d’être sûrs qu’il ne devienne pas un alle­mand mous­ta­chu à la tête d’une armée de pan­zers huma­noïdes made in Bos­ton Dyna­mics. Il pro­pose pour ce faire de signer des accords per­met­tant de bom­bar­der par mis­sile gui­dé (par l’IA) tout data­cen­ter illé­ga­le­ment en train de faire croître la Bête. Notons cepen­dant qu’Eliezer est la coque­luche d’une com­mu­nau­té ultra liber­ta­rienne sur inter­net nom­mée Less Wrong, prô­nant l’in­gé­nie­rie géné­tique, afin, entre autres, de faire conver­ger la future huma­ni­té vers une espèce supra-intel­li­gente. Une manière de faire de la Des­cente de Gra­dient sur la conne­rie humaine, pour­quoi pas mais c’est un poil trop mous­ta­chu à mon goût.

À ces envies vis­cé­rales d’explosion de sili­cone, cer­tains répondent que les chi­nois, c’est ‑à-dire les méchants, ne se lais­se­ront pas faire même si les Etats-Unis, donc les gen­tils, sau­ront par­fai­te­ment régu­ler à temps. Mais d’autres répondent que si la Chine a mis en pri­son le seul scien­ti­fique ayant réus­si à clo­ner un embryon humain, dans une forme d’i­déo­lo­gie eugé­niste à la Less Wrong, elle n’hésitera pas à régu­ler les IA à des fins de pro­pa­gande et de main­tien de l’ordre public. Contrai­re­ment aux US, Far-West intre­pide, en roue libre depuis le géno­cide la relo­ca­li­sa­tion des indiens et l’invasion la paci­fi­ca­tion de l’Afghanistan, avec l’intégrité des peuples et la régu­la­tion des pro­grès humains comme der­nière prio­ri­té après la paix dans le monde.

D’autres, un peu moins infor­ma­ti­ciens, et un peu plus phi­lo­sophes, tels qu’Eric Sadin en France ou Noam Chom­sky aux US, dénoncent un pro­grès anti-démo­cra­tique, car s’imposant à tous de par son uti­li­té immé­diate, mais ayant déjà des consé­quences irré­ver­sibles sur la valo­ri­sa­tion moné­taire de la créa­ti­vi­té humaine et pos­si­ble­ment d’autres aspects tels que la pro­prié­té intel­lec­tuelle ou la liber­té de pen­ser, le tout rap­por­tant selon eux trop d’argent aux patrons et aux états pour ce qu’ils apportent de récon­fort au peuple.

 Rai­son-gar­dons

Fina­le­ment, mon avis, puisque tout le monde s’en tape, mais je vais quand même me dépê­cher de l’écrire avant que mon fri­go connec­té ne vienne me mitrailler dans le dos :  je crois qu’il faut res­ter calme et concen­tré, bien régu­ler tout ce bazar de bits et de sili­cones sans nom. Mais il ne semble pas que l’IA explose expo­nen­tiel­le­ment, la chose peut avoir été un peu sur­ven­due. En atten­dant, pro­fi­tez plu­tôt chers étu­diants ingé­nieurs de ces nou­veaux outils pour explo­rer l’u­ni­vers des idées et du savoir à toute ber­zingue. Peut être qu’alors vous serez à la hau­teur des défis que le pro­grès de l’IA repré­sen­te­ra pour nous dans un futur plus que proche.

Ani­cet