L’Insatiable fête ses 40 ans ! (et son retrait)

L’Insatiable fête ses qua­rante ans ! (et son retrait)

Ecou­tez ceci, c’est gigan­tesque ! L’Insatiable fête ses 40 ans d’existence en cette sai­son 2023–2024. Troi­sième jour­nal étu­diant de l’INSA Lyon après le SPIN de 1958 à 1969 et Issue de se‑cours de 1979 à 1982, plu­sieurs fois cou­ron­né meilleur jour­nal étu­diant de France, explo­sant les délais moyens de sub­sis­tance de ses sem­blables en d’autres écoles, résis­tant fer­me­ment devant les nom­breuses accu­sa­tions de gau­chisme et de mau­vaise foi, les démé­na­ge­ments for­cés, l’instagrammisation de la socié­té, la faillite de son impri­meur ou encore le pan­go­lin rava­geur, notre feuille de chou locale a de quoi rou­gir ! Au terme d’une année bien réus­sie et quelques troubles semés au dépar­te­ment IF, Alain Satiable s’avance donc serei­ne­ment vers ses qua­rante ans, le sou­rire aux lèvres, avec le sen­ti­ment du devoir accompli.

Mais ! Comme tout humain rai­son­na­ble­ment instable, il fait face à sa crise de la qua­ran­taine : le sen­ti­ment d’avoir fait le tour, de ne plus être aus­si sédui­sant qu’avant, de ne plus se sen­tir à sa place dans un monde aus­si écran­tesque, de faire vieux jeu et enfin sur­tout de man­quer de pro­gé­ni­ture, d’enfants suf­fi­sam­ment nom­breux et dési­reux pour assu­rer la relève, non pas sur un ou deux ans mais sur le long terme (d’ailleurs plus on se fait vieux, moins on peut faire d’enfants, et Alain n’a pas le pro­jet d’aller dra­guer tous les soirs à la k‑fet !)

Alors bien sûr, bien sûr, il y a encore beau­coup de per­sonnes qui font notre bon­heur en tenant joyeu­se­ment Alain par la main à chaque sor­tie, dans les res­tau­rants, les amphis, les évè­ne­ments, et jusque dans l’intimité des turnes INSA… ce sont les mêmes per­sonnes qui attristent le regard quand elles oient la rumeur de sa dis­pa­ri­tion, et qui s’étonnent par­fois de nos dif­fi­cul­tés de recru­te­ment en disant « m’enfin ! il doit bien y avoir des gus moti­vés à l’INSA pour faire vivre un journal ! ». 

Une crise multifactorielle

Pour­tant, ayant per­son­nel­le­ment pas­sé quatre ans à l’Insatiable, je dois me rendre à l’évidence que s’il existe un réel inté­rêt pour ce que nous fai­sons dans la com­mu­nau­té étu­diante, quoique plu­tôt décrois­sant et tou­jours insuf­fi­sant à notre goût, celui-ci se tra­duit très peu en volon­té de faire soi-même par­tie de l’équipe et d’organiser par tout un panier de tâches pas tou­jours visibles à l’œil nu l’avènement au monde d’un nou­veau bébé Insa­tiable. Nos AG de recru­te­ment en témoignent régu­liè­re­ment depuis quelques années, avec très peu de pas­sage. La ques­tion alors à se poser dans ce cas, et pour toute asso­cia­tion qui consta­te­rait une contrac­tion simi­laire au fil du temps, c’est de quoi avons-nous réel­le­ment besoin ? Sommes-nous capables de tour­ner avec moins de monde tout en pro­dui­sant d’aussi belles feuilles de chou ? Pour n’avoir été que trois membres actifs l’an der­nier et quand même sor­ti quatre jolis numé­ros, la réponse est plu­tôt oui. Cette année aus­si, on aurait pu refaire la même, mais à quel prix ? Avec quelle péren­ni­té dans le temps ? Et enfin, avec quel degré de repré­sen­ta­ti­vi­té, de légitimité ?

N’oublions pas que l’Insatiable est un jour­nal étu­diant, cen­sé ser­vir la « chose publique », si j’ose dire. Or plus on est nom­breux, plus on peut expri­mer une diver­si­té d’opinions, contac­ter des rédac­teurs de dif­fé­rents hori­zons, pro­mou­voir plus effi­ca­ce­ment, déve­lop­per nos contacts, diver­si­fier les styles, créer des par­te­na­riats et faire peser une charge indi­vi­duelle moins lourde au pas­sage… bref, implan­ter nos racines de chou un peu par­tout sur le cam­pus pour que le goût puisse être plus ou moins fami­lier à cha­cun et cha­cune. Autre­ment dit, l’Insatiable pour­rait conti­nuer en théo­rie, mais avec le gros risque confir­mé au fil des ans d’être non pas LE jour­nal étu­diant mais le jour­nal de quelques étu­diants et deve­nir un bou­let à trans­mettre d’année en année pour les rares per­sonnes qui s’y dévoue­raient en termes d’efforts et d’engagement, qui plus est dans un cli­mat de plus en plus aride où l’inflation des canaux de com­mu­ni­ca­tion rend la guerre de l’attention tou­jours plus féroce et par­fois épuisante.

Et d’ailleurs, ce n’est pas si triste que ça

M’enfin ! Alain en crise mais Alain pas triste du tout ! Les asso­cia­tions étu­diantes naissent et meurent régu­liè­re­ment comme nos dési­rs, les rela­tions ou les fleurs de ceri­sier au prin­temps. Il est très pro­bable que l’Insatiable ait déjà vécu son pic de gloire, et qu’il s’apparente de plus en plus aux feuilles jau­nies de l’automne, rus­tiques et vin­tage, flot­tant allè­gre­ment jusqu’à leur chute finale. Dans notre numé­ro de mars 2019, le pré­sident sor­tant s’inquiétait déjà de l’avenir en titrant sa une “Le der­nier Insa­tiable avant la fin du monde ?” ; à la ren­trée 2021 je suis seul à gérer l’association et la mise en som­meil de l’Insatiable est sérieu­se­ment sur la table, mais il aura réus­si à pas­ser ses qua­rante ans, le bougre ! Ain­si, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, Alain ren­tre­ra cette fois-ci défi­ni­ti­ve­ment en som­meil. C’est-à-dire qu’il sera offi­ciel­le­ment inac­tif, comme la belle au bois dor­mant, en atten­dant qu’une troupe de princes et de prin­cesses le réveillent.

Bien sûr, cela ne condamne pas du tout l’avenir de la presse étu­diante à l’INSA Lyon, puisque toutes celles et ceux qui le sou­haitent peuvent déci­der de rani­mer l’association quelques années plus tard ou créer un qua­trième média étu­diant, pas for­cé­ment papier, dans la fabu­leuse his­toire de la vie asso­cia­tive insa­lienne ! Sans oublier que notre site, véri­table mine d’archives depuis 1983, res­te­ra consul­table, indé­pen­dam­ment de l’association.

Alain vous fait de gros bisous !

Ayman, pour l’Insatiable

 Quels futur pour les réseaux sociaux ?

Aujourd’hui on uti­lise beau­coup les réseaux sociaux, mais demain ? Dans 5, 10, 30 ans ? C’est ce qu’on va voir.  

Que ça nous plaise ou non, notre géné­ra­tion a gran­di avec les réseaux sociaux, mais ceux d’hier ne sont pas les mêmes que ceux d’aujourd’hui. Alors que Face­book était autre­fois incon­tour­nable, nous l’avons peu à peu délais­sé et ce n’est pas le seul exemple : je crois me rap­pe­ler d’une époque où You­Tube avait encore de la concur­rence et où Vine et Per­iscope exis­taient tou­jours. Et un peu avant nous, il y avait MyS­pace, Sky­blog, msn puis Skype et la liste est trop longue, je m’arrête là. Qui sait, peut-être que demain, on uti­li­se­ra plus que Tik­Tok, ou l’un de ces futurs concur­rents encore incon­nu aujourd’hui. 

La liber­té mais à quel prix 

Mais cer­tains réseaux sociaux semblent résis­ter au pas­sage du temps : Ins­ta­gram, Twit­ter, You­Tube et autres per­durent mal­gré l’arrivée de concur­rents, notam­ment grâce à l’évolution de leur pla­te­forme. C’est le cas de Twit­ter, dont le rachat par Elon Musk en octobre der­nier a mar­qué un tour­nant dans la poli­tique de ges­tion du réseau social. Au nom de la liber­té d’expression, le mil­liar­daire a choi­si d’assouplir la régle­men­ta­tion et la modé­ra­tion de la pla­te­forme. Une déci­sion dont les consé­quences sont allées du ban­nis­se­ment de Donald Trump à l’augmentation hors norme de l’usage de termes, en n par exemple, jusqu’alors ban­nis.  

Dans le but de péren­ni­ser le finan­ce­ment de Twit­ter, Elon Musk a aus­si déci­dé de sup­pri­mer le sys­tème actuel de cer­ti­fi­ca­tions basées sur la noto­rié­té au pro­fit d’ abon­ne­ments payants acces­sibles à tous. Un bon­heur pour tous ceux qui ont rêvé un jour d’être dans la peau de quelqu’un d’autre, mais c’est rare­ment du goût de cet autre en ques­tion. Là encore, des dégâts ont été à déplo­rer allant de “simples” usur­pa­tions d’identité sans consé­quences trop graves jusqu’à des pertes de plu­sieurs mil­liards d’euros pour des entre­prises suite à l’imposture d’utilisateurs far­ceurs ou mal­veillants. Mal­gré les nom­breuses cri­tiques à l’encontre de Twit­ter, le PDG de l’entreprise s’est féli­ci­té que le nombre d’u­ti­li­sa­teurs actifs n’ait jamais été aus­si éle­vé. Quant à ses détrac­teurs, le manque d’alternative au réseau social les oblige à res­ter sur la pla­te­forme pour que leur opi­nion soit enten­due. En fin de compte, ces récents chan­ge­ments dans la poli­tique de Twit­ter n’ont fait que mettre en lumière une réa­li­té : les réseaux sociaux sont deve­nus par­tie inté­grante de l’espace public. Mais qui doit alors les régle­men­ter ? 

Tout le monde veut sa part du gâteau 

À l’heure actuelle, les réseaux sociaux sont sou­mis à diverses pres­sions : les annon­ceurs veulent dif­fu­ser leur publi­ci­té sans risque pour leur image, les ayants droit veulent faire valoir leurs droits d’auteur, les action­naires ne veulent rien qui puisse nuire à la valeur de leur parts, enfin et sur­tout, les uti­li­sa­teurs doivent res­ter satis­faits et leurs droits doivent être res­pec­tés. C’est là qu’intervient le droit, pour défendre l’in­té­rêt des citoyens et les légis­la­teurs s’intéressent de plus en plus aux réseaux sociaux. En effet, l’élan libé­ral mené par Elon Musk sur Twit­ter est sur­veillé de près par la Com­mis­sion euro­péenne qui veille à ce que sa régle­men­ta­tion, et notam­ment le RGPD, soit bien appli­quée sur le site amé­ri­cain. 

 Tou­jours dans une volon­té de contrôle, le Par­le­ment euro­péen a récem­ment pris la déci­sion d’interdire l’usage de Tik­Tok à ses employés suite à l’aveu de Tik­Tok d’autoriser ses employés chi­nois d’accéder aux don­nées de ses uti­li­sa­teurs euro­péens en désac­cord avec le RGPD. Une enquête est éga­le­ment ouverte pour déter­mi­ner si les don­nées ont été ou sont acces­sibles aux membres du gou­ver­ne­ment chi­nois. En atten­dant, de nom­breux pays euro­péens dont la France, ont d’ores et déjà pris des mesures en inter­di­sant l’usage de Tik­Tok sur les télé­phones four­nis à leurs fonc­tion­naires. Les Etats-Unis réflé­chissent même à inter­dire entiè­re­ment l’application, une déci­sion déjà prise le Pakis­tan, l’Afghanistan et l’Inde, mais davan­tage pour des rai­sons poli­tiques ou reli­gieuses que pour la pro­tec­tion de leurs uti­li­sa­teurs. 

Meta­verse :  réseau social du futur ? 

Du côté de Face­book, la conquête pla­né­taire de la pla­te­forme a com­men­cé à ralen­tir, moins par manque d’in­té­rêt que par manque de nou­veaux uti­li­sa­teurs. Contrai­re­ment à l’un de ses concur­rents, Mark Zucker­berg n’a pas déci­dé de par­tir à la conquête de nou­velles pla­nètes sur les­quelles il aurait pu trou­ver davan­tage de don­nées per­son­nelles à exploi­ter. Il a pré­fé­ré plus sim­ple­ment renom­mer son entre­prise Meta pour mettre l’accent sur ce qui serait selon lui la pro­chaine révo­lu­tion numé­rique : le meta­verse. À che­val entre réa­li­té aug­men­tée et vir­tuelle, jeux vidéo et NFT, la pro­messe est la sui­vante : créer un cybe­res­pace per­met­tant de se connec­ter, apprendre, tra­vailler ou encore faire des achats, d’après ce qu’en dit le site offi­ciel de Meta. 

Seule­ment voi­là, cette vision ambi­tieuse est loin d’être par­ta­gée par tout le monde et rares sont ceux qui sont assez cou­ra­geux pour aller retrou­ver Chris­tian Estro­si et suivre son inau­gu­ra­tion de la vil­la Mas­sé­na dans le meta­verse. Pire encore (si, si c’est pos­sible), mal­gré les dizaines de mil­liards de dol­lars inves­tis dans cette tech­no­lo­gie, le dépar­te­ment “meta­verse” de la socié­té a engen­dré une perte nette de 10 mil­liards de dol­lars. Un défi­cit com­pré­hen­sible au vu du manque d’in­té­rêt mani­feste du grand public et d’exemple concret d’application du meta­verse. Mark Zucker­berg lui-même annon­çait qu’il fau­drait des années avant que le monde n’adopte sa créa­tion. Ain­si, les inves­tis­seurs se sont détour­nés du meta­verse pour explo­rer la nou­velle ten­dance tech­no­lo­gique du moment : l’intelligence arti­fi­cielle et Mark Zucker­berg a annon­cé en février le pivot de Meta vers l’IA mar­quant un temps de relâ­che­ment, peut-être pas défi­ni­tif, du meta­verse. 

Arthur

Algorithmes, nos amants possessifs

Vous vou­lez inno­cem­ment voir la der­nière revue de la semaine de Mélen­chon mais You­Tube insiste plu­tôt sur le der­nier débat de Zem­mour ? On vous pro­pose d’acheter des cale­çons à poche ? (alors que vous êtes une fille). On vous montre la nou­velle danse spé­ciale biki­ni-ana­nas en vogue sur le net ? (vous êtes bien un gar­çon). Mais alors, libres ou pas libres ? 

Près de 70% du conte­nu vision­né sur You­Tube pro­vient de recom­man­da­tions per­son­na­li­sées selon son chef pro­duit, chiffre qui atteint les 100% sur Tik­tok. Tous les réseaux se mettent à la mode reels et le patron de Net­flix déclare que son pro­chain concur­rent c’est… le som­meil. Dites-donc il fait bon vivre sur les pla­te­formes ! Celles-ci nous aiment tel­le­ment qu’elles ne veulent plus se sépa­rer de nous. Elles nous aiment d’un amour déchi­rant, pos­ses­sif, si dévoué qu’elles tiennent à satis­faire la pro­fu­sion acca­blante de nos petits dési­rs curieux. Et alors, où est le pro­blème ? Si elles nous pro­posent des choses, c’est qu’elles doivent bien nous inté­res­ser non ? Après tout, ça a été fait par des ingé­nieurs tout ça, tout ce qu’il y a de plus neutre, ration­nel, et pro­gres­siste ! 

Oui, mais quand la rai­son d’être exis­ten­tielle de ces pla­te­formes est de maxi­mi­ser le temps qu’on passe des­sus pour conver­tir celui-ci après en don­nées et en reve­nus publi­ci­taires (plus de 98% des reve­nus de Face­book). C’est qu’on ne doit pas être entre de très bonnes mains… Oui oui d’accord, mais si ça nous inté­resse pour de vrai, où est le pro­blème ? C’est gagnant-gagnant non ? 

Entre atten­tion et inten­tions 

Là il faut décor­ti­quer un peu plus ce qu’on appelle un inté­rêt. Vous rou­lez dans une voi­ture avec pour inten­tion un lieu pré­cis, mais un acci­dent attire irré­sis­ti­ble­ment votre atten­tion sur le bord de la route. Vous vous arrê­tez (y a du sang quand même). Pour­tant cet arrêt ne vous apporte pas grand-chose dans votre noble quête sur cette terre, votre plan, votre volon­té, et vous freine même un peu. Un seul ça va, vous repren­drez la route ensuite ! Mais plu­sieurs ? Et si les réseaux sociaux, par la force de leurs algo­rithmes, se trans­for­maient petit à petit en des laby­rinthes où nous per­dons sys­té­ma­ti­que­ment de vue nos inten­tions ini­tiales après quelques minutes de scroll ?  

Encore plus graves que les acci­dents, les sucre­ries cog­ni­tives des réseaux sociaux répondent à plu­sieurs besoins « pri­mi­tifs » à la fois : besoin de recon­nais­sance, de sécu­ri­té, de confir­mer nos opi­nions, de diver­tis­se­ment (cette curieuse capa­ci­té humaine à se tenir loin de soi-même), d’être au cou­rant (comme une lampe, sinon on s’éteint ?), d’accès à la repro­duc­tion (je parle bien des biki­nis) etc. Une telle quan­ti­té de sucres ne peut que nous rendre info­bèses, si nous régu­lons peu notre régime d’information. Voire même un peu bêtes. Si on prend moins le temps de réflé­chir, de s’ennuyer et de rou­ler les yeux dans le vague, cela va sans dire. 

Gloire à la bêtise 

A l’échelle mon­diale, nous sommes de plus en plus alpha­bé­ti­sés et diplô­més. Nous avons de plus en plus accès à la connais­sance, la culture, la conscience des défis pla­né­taires, de nos sem­blables et toutes ces choses-là. Pour­tant, il suf­fi­rait de se bala­der un moment sur des fils d’actualité ou voir des résul­tats d’élections pour se rendre compte que ce n’est pas encore tout à fait ça ! Le pay­sage de l’information est court-ter­miste, satu­ré et sen­sa­tion­nel. Les voix qui y suc­cèdent sont tan­tôt trop confor­mistes tan­tôt trop extrêmes. Les algo­rithmes créent des bulles infor­ma­tion­nelles, sortes de nou­velles classes sociales, qui érodent notre socle cultu­rel com­mun en nous main­te­nant dans un uni­vers d’opinions et de lan­gage qui nous récon­forte. Les réflexions longues ou à long terme ne sont abso­lu­ment pas concur­ren­tielles dans le flot, ce qui fait que nombre de mili­tants poli­tiques se retrouvent à jouer à l’extérieur et en sous-effec­tif ! Tout ça finit par pro­duire une pen­sée nau­séeuse qui a un avis sur tout mais qui n’éclaire pas grand-chose. 

Le pro­blème n’est pas seule­ment de l’ordre d’une hygiène men­tale. On parle d’implications très sérieuses : il est prou­vé main­te­nant que les algo­rithmes de You­Tube ont très lar­ge­ment favo­ri­sé la dif­fu­sion des vidéos de Trump lors des élec­tions (en plus du scan­dale de Cam­bridge Ana­ly­ti­ca), ou encore que les algo­rithmes de Face­book ont joué un rôle impor­tant dans le géno­cide des Rohin­gyas en Bir­ma­nie. 

La dic­ta­ture des algo­rithmes 

Sur ces pla­te­formes, nous ne sommes pas spé­cia­le­ment diri­gés par des indi­vi­dus (quoi que Elon Musk et Mark Zucker­berg sont loin d’être des figu­rants), mais bel et bien par ces bouts de code qui condi­tionnent inévi­ta­ble­ment nos points de vue, actes, san­té men­tale ou achats. Sous d’autres cieux, on aurait appe­lé ça de la pro­pa­gande. Arthur Gri­mon­pont parle car­ré­ment d’une « algo­cra­tie » dans un super bou­quin dont je m’inspire et que je vous recom­mande vive­ment « Algo­cra­tie : vivre libres à l’heure des algo­rithmes ».  

Pour autant, ces algo­rithmes ne sont pas en eux-mêmes la source du mal, puisqu’encore une fois, ils ne font que répondre à un but : faire du pro­fit (tou­jours le capi­ta­lisme !). Cela ne sert donc pas à grand-chose de récla­mer plus de « trans­pa­rence » ou de « res­pect des don­nées », c’est tout le modèle éco­no­mique qu’il fau­drait revoir. Mais s’il fal­lait attendre la trans­for­ma­tion de ces firmes en coopé­ra­tives démo­cra­tiques, on n’est pas sor­ti de l’auberge… 

Une sor­tie par le haut 

Il existe des choses qu’on peut faire ici et main­te­nant pour limi­ter les dégâts. Par exemple les res­tric­tions d’âge et du temps qu’il est per­mis de pas­ser sur les réseaux, mais avec un peu de volon­té, on pour­rait même en inter­dire cer­taines incar­na­tions, à l’image de la Chine qui inter­dit Tik­tok sur son propre sol pour en pro­po­ser une ver­sion locale (Douyin) dont les algo­rithmes favo­risent les… conte­nus édu­ca­tifs !  

La Chine n’est cer­tai­ne­ment pas un exemple, mais par oppo­si­tion, elle met en relief cette pudeur propre aux pays dit libé­raux et qui consiste à sur­tout ne rien inter­dire pour pré­ser­ver une soi-disant liber­té en par­tie illu­soire. Mais jusqu’à quand ? Ces pla­te­formes posent de tels pro­blèmes de san­té publique et de pro­tec­tion des don­nées qu’il va bien fal­loir agir à un moment don­né, de pré­fé­rence démo­cra­ti­que­ment, comme le plaide mon cama­rade Simon au-des­sus. Sur les rap­ports de force légis­la­tifs en cours, mon cama­rade Arthur est un peu plus au fait, lisez la suite ! 

Reste nous, humbles uti­li­sa­teurs, sou­vent influen­çables mais jamais impuis­sants. On peut pen­ser une uti­li­sa­tion tel­le­ment contrac­tée de ces pla­te­formes qu’on en extrait que la sève, puisque pour la plu­part d’entre nous, elles gardent des avan­tages cer­tains. On peut faire le choix de s’informer direc­te­ment à la source chez des médias alter­na­tifs, des sites d’information per­ti­nents, ou la presse écrite (comme l’Insatiable ! Votre jour­nal résis­tant !). On peut cher­cher des alter­na­tives plus démo­cra­tiques aux réseaux domi­nants comme Mas­to­don et d’autres moins connus… 

On peut même faire le choix d’en quit­ter quelques-uns (ou tous) pour de bon. Cha­cun arbitre en fonc­tion de ses contraintes, par­fois de ses attaches sociales (anciens amis, proches etc.). Mais si j’avais une chose à dire pour finir, c’est qu’il ne faut plus avoir peur d’être radi­cal. Sup­pri­mer un compte, cela ne coûte pas grand-chose et peut faire beau­coup de bien. 

Vivre plei­ne­ment, voi­là une chose bien radi­cale au fond. 

Ayman  

Cheval de 49(.3)

La réforme des retraites dont je vous laisse décou­vrir toutes les sub­ti­li­tés trop longues à énu­mé­rer a pour but essen­tiel de déca­ler l’âge légal de la retraite de 2 ans d’ici à 2030. Bien. Regar­dons ça de plus près.

 Le fameux « There is no alter­na­tive” de That­cher est repris par le gou­ver­ne­ment, intrai­table : il n’y a pas d’autres solu­tions pour résor­ber le défi­cit du sys­tème esti­mé maxi­ma­le­ment par toutes les auto­ri­tés à 20 mil­liards d’euros. Consi­dé­rons ce maxi­mum. C’est par­ti pour la bat­te­rie d’arguments chif­frés qui viennent écla­ter ce simu­lacre de nécessité :

1) Un peu de bio­lo­gie (source INSEE 2021 France) : Vous com­pre­nez, les gens vivent plus long­temps. Il y a de plus en plus de retrai­tés… Hommes : espé­rance de vie : 79.3 ans ; espé­rance de vie en bonne san­té : 65,6 ans. Femmes : espé­rance de vie : 85.4 ans ; espé­rance de vie en bonne san­té : 67 ans. Très bien donc il s’agit de poser l’âge de la retraite le plus proche pos­sible de la limite de vie en bonne san­té de sorte à ce qu’une fois ren­tré en retraite, on puisse pas­ser le temps res­tant à exclu­si­ve­ment souffrir.

2) Un peu d’économie (source INSEE 2021 France) : Dette nette début 2020 : 2209.2 mil­liards d’euros, 2 ans plus tard : 2546.4 mil­liards d’euros. En seule­ment 2 ans et ce n’est qu’un échan­tillon car la courbe de la dette ne fait que croître, nous avons pris 337.2 mil­liards de dettes. Atten­tion mathé­ma­tiques expertes pour le gou­ver­ne­ment, on tente main­te­nant une divi­sion : 337.2/20 = 16.86. En 2 ans la France a emprun­té presque 17 fois l’estimation maxi­male du trou éco­no­mique pour la retraite.  Il s’agit donc de jeter par les fenêtres sans comp­ter puis pour une somme déri­soire, ampu­ter 2 ans de paix à tous les tra­vailleurs de ce pays.  Cela semble rai­son­nable, il n’y a pas d’alternatives on vous dit, vous êtes bou­ché ma parole !

3) Un peu de tech­no­lo­gie : Et oui les machines, l’énergie, le pro­grès tech­nique et toutes ces choses mer­veilleuses qui détruisent la pla­nète ont l’avantage de décu­pler les ren­de­ments. Entre 1950 et 2020 (source : la finance pour tous), le PIB par habi­tant autre­ment dit la pro­duc­ti­vi­té a été mul­ti­plié par 5. Sachant qu’en 1949, on par­tait à la retraite à 60.2 ans (source : sante.gouv). Nous sommes donc pro­gres­si­ve­ment pas­sés de 60 ans à doré­na­vant 64 ans sachant qu’un tra­vailleur moyen en a pour envi­ron 40 ans de tra­vail. On a aug­men­té ce temps de tra­vail de 4 ans soit de 10%. Génial ! Une pro­duc­ti­vi­té qu’on vou­drait aug­men­ter de 1.1 quand la tech­nique la mul­ti­plie dans le même temps par 5. On va rendre fous, dépi­tés et détruire des mil­lions de gens pour gagner quelques pauvres pour­cents de pro­duc­ti­vi­té là où de manière natu­relle, la tech­nique la décuple dans les grandes lar­geurs (voir récents déve­lop­pe­ments IA de surcroit).

Bien­ve­nue en Absurdistan

En sommes nous avons là une ques­tion sociale fon­da­men­tale qui traite des der­nières années de vie en bonne san­té dont peuvent pro­fi­ter des mil­lions de tra­vailleurs exté­nués, et qui repré­sente un trou éco­no­mique qui tient plus du cul de poule étant don­né ses dimen­sions ridi­cules, et qui pour­rait connaître 1000 col­ma­tages infi­ni­ment moins sul­fu­reux pour le peuple. A quand une ins­tance scien­ti­fique, logique, quan­ti­ta­tive, indé­pen­dante du gou­ver­ne­ment qui vienne poin­ter les inco­hé­rences mani­festes de leurs décla­ra­tions bal­lo­tées sui­vant l’envie du jour ?

Alors bon s’il n’y avait que notre ministre de l’économie, mon­sieur Lemaire, dont un ami d’université nous apprend qu’il n’avait aucune for­ma­tion en éco­no­mie et qui sur l’émission  le bureau de l’info, nous confie « j’ai jamais été doué en math » suite à la ques­tion « c’est quoi un hec­tare ? », ça pour­rait aller. On se dirait, les pauvres, ils sont seule­ment incom­pé­tents. Mais madame Borne, poly­tech­ni­cienne, je refuse de croire qu’elle n’a pas vu « d’autres alter­na­tives ». Le pro­blème c’est donc peut être l’intention. Peut-être que notre chère aris­to­cra­tie endo­game de poli­ti­ciens pas­sant tous par le même moule ins­ti­tu­tion­nel qui débouche sur des car­rié­ristes sans convic­tions qui servent leurs inté­rêts et ceux de ceux qui leur obtiennent leurs places.

Allez comp­tons les voix. Y’en a pas assez, bon bah alors 49.3. Il me sem­blait jusque-là que lorsque qu’un chef de gou­ver­ne­ment fai­sait des esti­ma­tions de vote avant de les cor­ri­ger lorsqu’il se ren­dant compte qu’il n’en avait pas assez, cela s’appelait une dic­ta­ture, mais enfin pas­sons. On a qu’à répé­ter “ il n’y a aucune alter­na­tive” en fer­mant tout débat, toute pos­si­bi­li­té, et à répé­ti­tion sur tous les médias de masse contrô­lés par des aris­to­crates (on rap­pelle que 90% des médias fran­çais sont déte­nus par 9 mil­liar­daires) et c’est par­ti tout roule ! Cette réforme est tant sur la forme que le fond scan­da­leuse et éclaire une fois de plus l’élan poli­tique contem­po­rain en France.

Flo­ren­tin

Les rézeaux zoziaux et l’INZA

Ima­zi­nez un monde paral­lèle où la com­mu­ni­ca­tion est inz­tan­ta­née, zans limite de dis­tance à l’échelle du globe tout entier. Quel monde mer­veilleux ze zerait ! À moins que ze zoit une cataz­trophe ? Z’est ze que nous zal­lons voir de ze pas !

Le mas­cu­lin est employé par défaut pour faire office de neutre.

Bon main­te­nant que j’ai pu atti­rer la géné­ra­tion Z avec mon zozo­te­ment extrê­me­ment convain­cant, je vais reprendre une dic­tion plus ortho­doxe, parce qu’il ne faut pas décon­ner, on est sérieux ici !

Notre très cher ami et confrère Alex de la rédac’ a choi­si pour son PPH l’étude de l’utilisation et de l’influence des réseaux sociaux sur la socié­té, ou plus loca­le­ment à l’INSA, comme on est à l’INSA et que rien ne sort jamais de l’INSA (v’là la secte …). Les don­nées récol­tées via son ques­tion­naire nous donnent une fresque vache­ment chouette de com­ment les insa­liens uti­lisent les réseaux sociaux, pour­quoi, à quelle heure, sous quelle tem­pé­ra­ture, dans quelle dimen­sion … Si si ! À l’Insatiable on est plus per­for­mant que la NSA lorsqu’il s’agit de récol­ter des don­nées sur les réseaux sociaux AKA les nou­veaux concur­rents des médias tra­di­tion­nels dont nous fai­sons modes­te­ment par­tie avec notre papier fin rin­gard, notre encre trop noire et nos écri­tures minus­cules. J’espère que vous vous ren­dez compte de l’effort d’impartialité que ça nous demande à moi, à Alex, à Ayman et à Arthur d’écrire un article sur les réseaux sociaux alors même que nous sommes des intré­pides défen­seurs de la presse papier !

Que pensent les sondés ?

Je com­mence sinon on va m’accuser de tour­ner autour du pot … Pre­mier résul­tat extrê­me­ment inté­res­sant, la consom­ma­tion des réseaux sociaux. Voi­là que +50 % des insa­liens passent plus d’une heure par jour sur les réseaux sociaux. Si je retranche les 8 heures de som­meil, les 8 heures de cours les heures pour man­ger, le tra­vail per­so, que j’ajoute un peu de sel et que je fais reve­nir le tout, ça nous fait une four­chette mini­male de 20 à 50 % de notre temps libre (esti­mé donc entre 5 et 2 heures) pas­sé uni­que­ment sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont lar­ge­ment uti­li­sés pour se tenir au cou­rant de l’actualité et, sans sur­prise, les sources d’informations sont majo­ri­tai­re­ment des influen­ceurs à la Hugo­Dé­crypte. Les jus­ti­fi­ca­tions avan­cées sont la conci­sion de l’information (flemme ou bien opti­mi­sa­tion?), leur acces­si­bi­li­té à tous (les jour­naux ces pédants …). Belle sur­prise notable, 40 % des son­dés uti­lisent les médias alter­na­tifs pour s’informer, invo­quant l’indépendance aux grandes for­tunes et l’accès à une infor­ma­tion moins biai­sée, des sujets plus inté­res­sants et plus en phase avec les ques­tion­ne­ments sociaux actuels. 

Concer­nant l’influence des médias sur l’insalien désor­mais, je remarque qu’il y a tout de même 18 % de Giga Chad qui pensent pou­voir y échap­per. Mou­ha­ha­ha que croyez-vous ? Vous ÊTES MANIPULÉS ! À part ça, la plu­part pensent être influen­cés sur leur avis poli­tique, leurs achats, leur habille­ment, leur ali­men­ta­tion et leur hygiène de vie. #Ilfaut­brû­ler­la­pub. Par contre il ne faut pas deman­der à l’ingénieur d’être poli­ti­sé, seuls 20 % uti­lisent les RS comme un moyen de mili­ter pour les causes fémi­nistes, envi­ron­ne­men­tales, poli­tiques, sociales … Mili­ter c’est se confron­ter à l’indifférence des autres, aux avis contra­dic­toires voire bles­sants. Ce n’est pas chose aisée et je féli­cite les 20 % de courageux.

Avan­tages ? Inconvénients ?

Cette par­tie est tou­jours tirée du son­dage et je m’en vais vous résu­mer les opi­nions prin­ci­pales sur les avan­tages et incon­vé­nients des RS. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce bilan est très nuan­cé. Si je devais don­ner mon avis, je dirais même que les incon­vé­nients dépassent en poids et en nombre les avan­tages qu’apportent les RS.

Com­men­çons par les avan­tages. Sont cités la puis­sance de la com­mu­ni­ca­tion sans fron­tière et le main­tien du lien social, l’apprentissage et la décou­verte de nou­veaux conte­nus cultu­rels et d’informations, un conte­nu varié et l’accès à une mul­ti­tude d’opinions dif­fé­rentes, le par­tage de conte­nu artis­tique per­son­nel. Quelque chose de très sur­pre­nant aus­si : plu­sieurs per­sonnes avaient mis « faire pas­ser le temps » comme un avan­tage des réseaux sociaux. Moi qui suis constam­ment à la recherche de temps et qui trouve que c’est la den­rée la plus pré­cieuse en notre pos­ses­sion, sur­tout à 20 ans, cela m’a rap­pe­lé les dif­fé­rences qui peuvent exis­ter entres les indi­vi­dus et c’est une excel­lente chose. 

Bon pas­sons aux incon­vé­nients. Encore une fois, je m’abreuve ici direc­te­ment à la source et je ne fais que décal­quer ce qui a été dit dans le son­dage. Loin devant tout le reste, les RS sont LE trou noir tem­po­rel. Monstre dévo­rant le temps grâce à de savants ruban de Möbius de vidéos, pho­tos, posts … L’addiction est aus­si sou­vent énon­cée, en paral­lèle avec les dis­trac­tions voire car­ré­ment l’abrutissement énon­cé par cer­tains son­dés. Quelques savants énoncent les dif­fé­rents biais psy­cho­lo­giques exploi­tés par les algo­rithmes mais je laisse à Ayman le plai­sir de vous détailler tout cela dans l’article qui suit. Je n’oublierai cer­tai­ne­ment la tra­gique dimen­sion hai­neuse ain­si que le har­cè­le­ment, tous deux trop pré­sents sur les RS. Enfin nous avons les fake news et la dés­in­for­ma­tion, le vie plas­tique du paraître, allant de pair avec la créa­tion de com­plexes sur son phy­sique ou sa vie nulle d’étudiant sur un cam­pus sovié­tique à révi­ser de l’électromag …

La démo­cra­tie technique

Fina­le­ment les RS illus­trent à leur manière l’éternelle absence de débat et de dis­cus­sion glo­bale autour des tech­no­lo­gies. Ils nous sont acces­sibles direc­te­ment et ont un impact énorme, par­fois toxique qui n’est un secret pour per­sonne. Un pro­grès tech­no­lo­gique comme les RS n’est abso­lu­ment pas neutre. Pour­tant, son exis­tence et son auto­ri­sa­tion n’est pas sou­mise au débat. Le phi­lo­sophe moderne Éric Sadin, grand cri­tique de la tech­nique et du capi­ta­lisme consu­mé­riste pro­pose de sou­mettre la tech­nique au joug de la démo­cra­tie. Je sais, je sais … La démo­cra­tie c’est chiaaant et looooong mais l’idée me sem­blait très inté­res­sante. Concrè­te­ment cela revien­drait à réa­li­ser des réfé­ren­dums pour deman­der l’avis de tous sur l’introduction de telle ou telle tech­no­lo­gie sur le mar­ché ou créer des com­mis­sions citoyennes tirées au sort qui devront déci­der au nom de tous si la socié­té accepte cette nou­velle technologie.

 Simon et Alexandre pour le sondage 

2 plombiers, un donjon et des dragons

 Deux pour le prix d’un ! Vous en avez de la chance ! Aujourd’hui on va ins­pec­ter 2 adap­ta­tions tirées d’un jeu vidéo et d’un jeu de pla­teau. Vous l’aurez sans doute devi­né, je parle bien évi­dem­ment de Super Mario Bros et de Don­jon et Dragons !

Les deux frères Bros reviennent à la charge !

Il ne faut pas oublier que Mario et Lui­gi ne sont pas à leur pre­mier coup d’essai. En 1993, Nin­ten­do a eu la mer­veilleuse idée de créer un film en prise de vue réelle sur nos deux plom­biers. Shi­ge­ru Miya­mo­to, le papa de Mario, était même dans le scé­na­rio, rien n’annonçait le ter­rible fias­co que ce film a subi…

Mais le plus gros pro­blème de ce film est la prise de vue réelle. Bien que des effets spé­ciaux nova­teurs pour l’époque aient été uti­li­sés, les goom­bas du film vous trau­ma­ti­se­ront à jamais… Et le scé­na­rio aus­si est tiré par les che­veux, c’est à se deman­der si Miya­mo­to était vrai­ment pré­sent pour vali­der le scé­na­rio… Ce nanar n’avait même pas rap­por­té assez d’argent pour cou­vrir les frais de pro­duc­tion du film. Cepen­dant il est tout de même consi­dé­ré comme le pre­mier long-métrage tiré d’un jeu vidéo et on peut saluer l’esprit d’initiative de Nin­ten­do (que l’on ne retrouve plus vrai­ment aujourd’hui dans leur créa­tion vidéoludique).

Film d’animation vient nous sauver…

Après cet échec, Nin­ten­do a tiré un trait sur les adap­ta­tions des célèbres plom­biers mous­ta­chus pen­dant plus de 25 ans. C’est alors qu’un beau jour de jan­vier 2018 ils annoncent vou­loir tra­vailler avec Illu­mi­na­tion pour créer un film d’animation ins­pi­ré de l’univers de Mario.

Et nous voi­ci donc en 2023 avec un film Super Mario Bros colo­ré, et ani­mé par Illu­mi­na­tion Paris ! Qui avait déjà été accla­mé par les cri­tiques pour Moi moche et Méchant et ses déri­vés. Le dou­blage n’est pas en reste avec une VF de qua­li­té, et la voix Mario de Pierre Tes­sier que le monde nous envie pour sa fidé­li­té avec tout l’esprit du personnage.

Alors est-ce que c’est un bon film ? Oui, même si de nom­breuses per­sonnes vous diront que ce film n’est pas révo­lu­tion­naire, que le scé­na­rio est vu et revu… celui-ci a au moins le mérite de tenir la route. Les nom­breuses réfé­rences à l’univers de Mario Bros se dis­til­lent tout au long du film avec une aisance que cer­tains devraient en prendre exemple. Le film est rapide, très rapide. En 1h32 on ne s’ennuie pas car il n’y a pas le temps pour cela. Cer­taines blagues sont drôles et bien que ce soit un film pour enfants celui-ci ne tombe pas dans le cringe. Par contre, Il fau­dra sim­ple­ment expli­quer au pro­duc­teur que mettre des musiques des années 80 comme « Take on me » ne rend pas for­cé­ment une scène « cool ».

Pour quelqu’un qui ne connait pas l’univers de Mario, ce film est clas­sique, sans vrai­ment de sur­prise. En revanche pour quelqu’un qui le connait, ce film devient tout de suite inté­res­sant. On se sur­prend à recon­naitre les musiques de jeux qui ont ber­cé notre enfance, de recon­naitre des per­son­nages de la série. Mais il faut alors se poser la ques­tion : qu’est-ce qu’une bonne adaptation ?

Un jeu de rôle ?

C’est pour ça que sur un coup de tête, je suis par­ti voir Don­jons & Dra­gons : l’Honneur des voleurs sans aucune connais­sance de l’univers. Les 3 pre­miers films ont quand même eu leur épi­sode hors-série sur la chaîne du joueur du gre­nier, peut-être que le 4ème est bien ?

La cou­leur du film est annon­cée dès le début. Nous sommes là pour rire, avec 5 blagues à la minute pour nous conter l’histoire du héros prin­ci­pal (peut-être un record ?). Bref une fois l’intrigue posée, on se retrouve alors dans une quête avec nos 4 héros, cha­cun ayant des classes dif­fé­rentes. Nous avons un barde, une guer­rière, un mage et une drui­desse. Au début nos pro­ta­go­nistes sont à la recherche d’un objet leur per­met­tant de résoudre le scé­na­rio du film (no spoil ici).

Cela leur per­met d’explorer le vaste monde de don­jons & dra­gons, et ça marche plu­tôt bien. Le film est beau et on se laisse faci­le­ment por­ter par le scé­na­rio. L’humour qui fai­sait peur au début est fina­le­ment sym­pa­thique et n’est pas trop forcé.

Cela com­men­çait si bien …

En revanche les per­son­nages sont cari­ca­tu­raux comme jamais. Le per­son­nage prin­ci­pal est un inca­pable mais il sait don­ner des ordres donc il est utile. La guer­rière est « badass » donc elle se bat tout le temps mais pos­sède un cœur très tendre. Le mage est un jeune demi-elfe pas sûr de lui, qui va, bien enten­du, à la fin du film réus­sir à faire quelque chose qu’il pen­sait impos­sible et qui par la même occa­sion va essayer de sor­tir avec la drui­desse du groupe. La drui­desse qui n’en a rien à faire des autres et qui est seule­ment là pour sau­ver sa patrie…

Une bande qui est un peu lourde si comme moi vous détes­tez les retour­ne­ments de situa­tion qui se sentent à une dis­tance terre-lune. Vers la fin, le scé­na­rio se retrouve sur une auto­route en ligne droite, on sait ce qu’il va se pas­ser et les choix scé­na­ris­tiques sont un peu gâchés car ils auraient pu être beau­coup plus com­plexes. Le film n’est pas mau­vais mais il n’est pas réus­si pour autant, il faut le prendre comme une par­tie de jeux de rôle entre amis. Il fau­dra alors être adepte de ce genre de jeux pour l’apprécier.

En conclu­sion, les adap­ta­tions et le ciné­ma ont une rela­tion plu­tôt com­plexe ! Peut-être qu’il vaut mieux connaître l’univers du film pour l’apprécier à son plein poten­tiel. Je trouve dom­mage que le film don­jons & dra­gons soit si fade vers la fin, que Mario soit si clas­sique. Même si dans les deux cas j’ai pas­sé un bon moment (un peu meilleur sur Mario quand même). N’hésitez pas à don­ner votre avis sur les films d’adaptation dans l’espace com­men­taire, qui sait, peut-être que vous nous ferez décou­vrir une bonne adaptation !

Alexandre