Pour le mois d’octobre, L’Insatiable est allé visiter les tréfonds de la Doua pour y trouver un être capable de nous prédire les résultats des IE de la présidente((Dans l’objectif tout à fait honorable de nous assurer qu’elle n’ait pas son année, pour le bien du journal, bien évidemment.)). C’est donc avec une certaine fierté que nous vous présentons donc l’horoscope de 51st, voyant qualifié qui saura vous surprendre par la justesse de ses prédictions. Il paraîtrait qu’il tient son talent de Raspoutine lui-même…
Ces clichés sur les troubles du comportement alimentaire
Les troubles du comportement alimentaires — TCA pour les intimes — désignent des psychopathologies qui touchent au rapport que le sujet entretient avec l’alimentation. Les deux plus connus d’entre eux sont l’anorexie et la boulimie, et bien souvent, leur évocation fait appel à des imaginaires qui ne reflètent qu’une partie de la réalité.
L’égalité hommes-femmes vue par Emmanuel Macron
Entré en fonction il y a moins d’une semaine, Emmanuel Macron s’est d’ores et déjà assis sur l’une de ses promesses de campagne : celle concernant le ministère des Droits des Femmes. Celui qui se disait « profondément féministe » a également pris des décisions contestables sur le plan de l’égalité femmes-hommes.
Vote au deuxième tour : réponse à la tribune des directions INSA
Aux étudiants et étudiantes du Groupe INSA,
Les insaliens ont reçu hier une Tribune écrite par les Directeurs et Directrice du Groupe INSA. Ce message, à but politique, a été relayé par la Direction de la Communication.
Dans cette Tribune cosignée, les valeurs que sont censés porter les INSA sont mises en perspective par rapport à la menace pesant sur nos institutions. Cette menace est représentée par le Front National, et incarnée par Marine Le Pen.
Se présenter en défenseur des valeurs de Gaston Berger : une récupération politique ?
Les valeurs de Diversité, Innovation, Respect, Humanisme sont ainsi présentées comme un bouclier au service de la République. Si ces quatre valeurs font parties du socle même de notre société, nos Directeurs et Directrices en sont-ils toujours les garants ? Les INSA ont beaucoup évolué depuis l’époque de Gaston Berger. Notre école a été créée suivant le modèle d’un ascenseur social pour les enfants d’agriculteurs et les classes les plus défavorisées. Aujourd’hui, la faillite de l’enseignement secondaire rend de plus en plus difficile l’accès de ces classes aux INSA devenus trop prestigieux. L’INSA Lyon s’est par ailleurs engagé dans l’IDEX, dont les valeurs pourraient être en contradiction avec celles défendues par Gaston Berger, et avec une transparence plus que contestable pour un projet de cette ampleur. Notre direction envisage enfin d’augmenter les frais de scolarité à 2000 voir 3000 € [Amphi-débat sur l’IDEX, à partir de 43min30]. Une telle somme pourrait fortement décourager les étudiants non-boursiers des classes moyennes, et affaiblirait probablement un modèle social déjà mis à mal. Aujourd’hui, les valeurs de Gaston Berger semblent donc essentiellement défendues par le modèle associatif, et non par la direction, démontrant une certaine hypocrisie à des fins de communication.
Un président d’université est-il légitime pour influencer un vote ?
D’après Les grands principes du système éducatif français, l’enseignement public doit rester politiquement et philosophiquement neutre, ce qui laisse planer quelques doutes quant au bien fondé de la tribune. Les INSA ne sont pas les seuls concernés par ces consignes de vote : à Paris, Poitiers, Angers ou Nanterre, les présidents d’université se sont aussi exprimés. Des étudiants se sont demandés si ceux-ci n’outrepassaient pas leurs droits. Certains ont même questionné la légalité de ce type d’action. En effet, si les enseignants-chercheurs ne sont pas soumis à un devoir de réserve, les autres fonctionnaires le sont [Le Figaro, 03/05/2017].
Une Tribune asymétrique et ne se prêtant pas au débat
Reçue seulement quatre jours avant le scrutin, cette Tribune laisse peu de temps pour prendre du recul, et peu de place au débat. Par ailleurs, si les présidents d’université peuvent transgresser Les grands principes du système éducatif français, le pouvons-nous en tant qu’étudiants ou associations ? Rappelons ainsi que Gérard Collomb a pu présenter le programme d’Emmanuel Macron en amphi Capelle quelques semaines avant le premier tour [Newsletter En Marche, LyonMag]. Il est en effet légitime de se demander si une telle action, ou une autre forme de militantisme politique, aurait pu être censurée si elle avait été conduite par d’autres acteurs plus éloignés des cercles de pouvoir.
Quel est le but de cette Tribune ? Est-elle efficace ?
“Voter Front National c’est mal. D’ailleurs, tu savais que c’était contre les valeurs de Gaston Berger ?” — Un défenseur du Front Républicain essayant de convaincre un électeur du FN à ne pas voter Marine Le Pen.
Au premier abord, le but de cette Tribune semble être de lutter contre le Front National. Si tel est le cas, la cible légitime serait l’électorat du FN. Au premier tour, 7 678 491 d’électeurs ont voté Marine Le Pen. Le FN est devenu à bien des égards l’un des premiers partis de France. Une perte des valeurs morales au sein de la population française peut-elle pour autant expliquer à elle seule la montée de ce parti ? Les causes sont peut-être plus structurelles. Est-ce l’électeur qui est responsable, ou sont-ce les institutions politiques ayant en grande partie créé cette situation ? Si l’électorat du FN vote essentiellement par défiance vis-à-vis des institutions, et non par adhésion aux valeurs morales que le parti représente, un tel discours est probablement la moins bonne des stratégies à utiliser.
Le discours moralisateur de la Tribune joue sur la peur du désastre. Ancré dans l’émotionnel, il ne fait pas jouer l’esprit critique pourtant défendu par le texte. Une lutte efficace contre l’extrême droite impliquerait tout d’abord de réaliser un diagnostic : pourquoi ces électeurs votent Marine Le Pen ? En comprenant leurs besoins, il serait ensuite possible de leur proposer des solutions, et un discours en adéquation avec la réalité qu’ils vivent.
Pourquoi n’y a‑t-il pas eu de propositions de débats politiques avec des membres du personnel INSA ? Un vote à une élection présidentielle devrait être l’aboutissement d’une réflexion personnelle et non pas un réflexe désespéré lorsque la menace frappe à nos portes.
Alors pourquoi un tel discours ? La cible n’est peut-être pas l’électorat du Front National, mais plutôt la masse d’abstentionnistes et d’électeurs du vote blanc. Si tel est le cas, la Tribune pourrait bien influencer une part d’indécis. Pourtant, celle-ci laisse peu de place à la réflexion personnelle et à l’esprit critique.
Pour plus d’informations sur le sujet : l’article de L’Insatiable sur le Front Républicain, et De la prise d’otages par Frédéric Lordon (lire en particulier l’encadré rouge à la fin de “De la prise d’otages”).
Une mauvaise foi en regard de notre formation
Cette Tribune apparaît comme un réveil tardif. Oui, il y a un défaut de mobilisation politique dans le Groupe INSA. L’abstention chez les jeunes est forte — plus de 50% — et il y a deux raisons principales à cet état de fait :
- notre confiance auprès des institutions politiques est en chute libre, et l’abstention est un moyen de montrer cette défiance ;
- notre éducation politique est pratiquement inexistante, du Collège à l’Éducation Supérieure.
Un vrai appel à mobilisation aurait dû se faire dès le premier tour des élections présidentielles, le 23 avril dernier. La citoyenneté ne devrait pas être l’affaire de deux bulletins glissés tous les cinq ans, et encore moins d’un “réveil” lors d’un second tour. C’est une image décevante que de nous signifier un rejet d’un parti et non pas un appel à la réflexion, qui plus est aussi tardivement.
La montée d’un parti extrémiste, qui remettrait en cause les valeurs du Groupe INSA déjà affaiblies par des politiques internes, est-elle réellement une surprise ? Pas suffisamment pour justifier un courrier, quatre jours avant le deuxième tour des Présidentielles de notre pays. Ce n’est pas une prise de position attendue de la Direction des INSA, car les étudiants n’ont pas besoin de ces indications de vote pré-mâchées, prêtes-à-glisser.
C’est un message classique qui vise plus à intimider un choix politique, plutôt qu’à encourager une prise de conscience et un intérêt à la politique de notre pays.
En bref
Cette Tribune écrite par nos Directeurs et Directrice cache un message plus que malvenu entre deux tours d’une élection présidentielle. Au lieu d’encourager les étudiants ingénieurs à penser par eux-mêmes et à devenir des citoyens à part entière, ce qui est porté par les valeurs INSA, elle tend à prouver le contraire.
Il est évident que la formation INSA ne pourra pas tout apporter aux étudiants, mais est-ce là la notion d’ingénieur citoyen que la Direction souhaite transmettre ? On n’apprend pas à devenir citoyen en votant de la même façon que son ou sa Directeur.trice.
C’est pourquoi nous répondons à cette Tribune libre par une autre. Et notre message est simple :
Agissons en citoyens libres de penser et de choisir, nous ne sommes pas que des étudiants.
La Rédaction
Faut-il faire barrage au FN ?
Si certains sont déjà fixés sur leur vote au second tour, beaucoup hésitent encore. Faut-il faire barrage au FN ? Comment respecter sa morale et son éthique tout en exprimant au mieux ses valeurs personnelles ? Le choix n’est pas aussi simple que semble le sous-entendre le moralisme du front républicain, pourquoi ?