Transformer le monde aujourd’hui — 4 Mars 2021

Après bien­tôt un an de vie quo­ti­dienne avec la pan­dé­mie en France, com­ment allons-nous envi­sa­ger le monde de demain ? Allons-nous conti­nuer à vivre doci­le­ment en atten­dant que tout revienne “comme avant” ou allons-nous com­men­cer à impul­ser des transformations ? 

Pre­nons un peu de recul, réa­li­sons que l’année qui vient de s’écouler est une aubaine pour le monde :  en effet, quoi de mieux qu’un rythme de vie bou­le­ver­sé pour remettre pro­fon­dé­ment en ques­tion le fonc­tion­ne­ment d’un sys­tème lar­ge­ment essouf­flé ? Bien sûr, nous n’oublions pas les consé­quences et les situa­tions de détresse en tout genre pour un bon nombre de per­sonnes, ain­si que les dif­fi­cul­tés que cha­cun ren­contre. Mais cela fait par­tie du jeu et nous savons bien que cer­taines consé­quences désas­treuses du fonc­tion­ne­ment de nos socié­tés modernes sont aujourd’hui inévi­tables. Sans doute le choc que nous avons vécu il y a un an est un vec­teur puis­sant d’une trans­for­ma­tion en pro­fon­deur. Et nous per­ce­vons dans l’immédiat bien plus aisé­ment les retom­bées dou­lou­reuses que les retom­bées qui insufflent la vie. Aus­si, je fais le choix d’analyser le pré­sent avec un regard d’espérance pour l’avenir. Je dis non à la rési­gna­tion et au décou­ra­ge­ment. N’avons-nous pas cha­cun retrou­vé du goût à tra­vers les rela­tions les plus simples ? N’avons-nous pas été confron­té à une soif de vivre plus plei­ne­ment et authentiquement ?

Trans­for­mer le monde aujourd’hui. Nous le vou­lons tous, mais com­ment ? Je dirais que les trans­for­ma­tions en pro­fon­deur sont déjà en cours, le temps étant néces­saire à la trans­for­ma­tion. Mais le chan­ge­ment pro­vient en par­ti­cu­lier de la jeu­nesse qui a une conscience dif­fé­rente du monde d’aujourd’hui. Je crois que la jeu­nesse a besoin d’un dia­logue inter­gé­né­ra­tion­nel, d’un sou­tien poli­tique et d’une ins­pi­ra­tion venant des hommes d’expérience et lucides sur les tran­si­tions à effec­tuer. Mais je crois aus­si que la jeu­nesse a la res­pon­sa­bi­li­té d’ouvrir les hori­zons et de prendre les choses en main. Le jeune aujourd’hui ne doit pas tant s’occuper à réfor­mer, ni même tant à étu­dier mais sur­tout à ren­con­trer, à agir et à ins­pi­rer les autres par son action. Je crois que le jeune doit incar­ner aujourd’hui l’homme de demain. Aus­si il est impor­tant de nous deman­der quel monde nous vou­lons pour demain et com­ment inven­ter des nou­velles manières d’habiter la Terre. Chaque vil­lage et ter­ri­toire a besoin de por­te­feuille de pro­jets et d’initiatives qui se nour­rissent mutuel­le­ment et qui partent du cœur des jeunes, ceux qui savent encore rêver pour demain. Et pour­tant, nous le savons bien, il est dif­fi­cile pour nous d’imaginer que demain ne sera pas pareil qu’aujourd’hui, sur­tout si nous n’avons connu que cet aujourd’hui dont nous ne vou­lons plus. Mais n’avons-nous pas vu le monde bas­cu­ler du jour au len­de­main suite à l’apparition d’un virus ? Oui, la trans­for­ma­tion pro­fonde s’opère dans le silence et nous n’en per­ce­vons encore que les pré­mices. Tout comme notre propre trans­for­ma­tion est inté­rieure, nous devons pour­suivre le mou­ve­ment en trans­for­mant nos socié­tés de l’intérieur : si nous atten­dons qu’un Pré­sident de la Répu­blique, un Pre­mier Ministre ou un PDG prenne la relève pour trans­for­mer le monde, nous pou­vons encore attendre long­temps. Une manière de trans­for­mer le monde en revanche, c’est d’inspirer les gens à réa­li­ser leurs rêves en pas­sant à l’action. Le chan­ge­ment ne vien­dra pas des puis­sants mais des péri­phé­ries. Ce sont tou­jours les plus petits qui ren­versent les choses et par­fois dans le plus grand secret, leurs actions silen­cieuses n’étant pas tou­jours relayées par les médias en quête de sen­sa­tion­nel et non tou­jours de sens.

Une manière de trans­for­mer le monde en revanche, c’est d’inspirer les gens à réa­li­ser leurs rêves en pas­sant à l’action.

Dans cette pers­pec­tive de chan­ge­ment, les mots “durable” et “social” sont défi­ni­ti­ve­ment à retrou­ver. Beau­coup de choses sont à remettre en ques­tion et notam­ment les struc­tures sociales, à com­men­cer par le sys­tème sco­laire. En effet, le chan­ge­ment social implique tou­jours une trans­for­ma­tion inté­rieure des struc­tures sociales, une modi­fi­ca­tion des valeurs for­melles et, en fin de compte, un renou­vel­le­ment de la conscience sociale. Il revient à ceux qui peinent sous les contraintes des ins­ti­tu­tions pré­sentes de prendre l’initiative de l’action. Ces quelques hommes libres, auda­cieux et actifs nous indiquent des che­mins nou­veaux et ins­pi­rants à emprun­ter dès aujourd’hui. Mais y a‑t-il un meilleur cadeau que notre Terre pour cher­cher et trou­ver l’inspiration ? Le bio­mi­mé­tisme n’a pas fini de faire ses preuves et peut-être nous faut-il hum­ble­ment recon­naître que notre meilleure source d’inspiration c’est bien notre mère la terre.

Pour réa­li­ser les chan­ge­ments aux­quels il fait face, l’homme a tou­jours su user d’outils. Les outils d’aujourd’hui, la géné­ra­tion que nous sommes est née avec : éco­no­mie de par­tage de la connais­sance, open source, réseaux. Il est de notre pou­voir et de notre liber­té d’utiliser ces outils pour une restruc­tu­ra­tion plus locale et fra­ter­nelle de socié­tés plus res­pon­sables, de baser ces outils sur le don et la confiance qui struc­turent et fédèrent des com­mu­nau­tés. Les trans­for­ma­tions à mener doivent nous pous­ser vers des terres plus vertes : réha­bi­ter la cam­pagne, impor­ter les ini­tia­tives et connais­sances dans les vil­lages, recréer des liens autour de ces trans­for­ma­tions, relan­cer une agri­cul­ture plus saine et locale sont les mis­sions qui nous attendent. Il nous faut user des res­sources et atouts locaux et cela passe encore une fois par la connais­sance de la terre.

Car le monde pour se trans­for­mer a sur­tout besoin de toi, de ta créa­ti­vi­té, de ta dis­po­ni­bi­li­té et de ta volonté.

Il nous faut retrou­ver le sens du risque, le goût de la liber­té et sou­vent celui de la sim­pli­ci­té en rele­vant l’épreuve de la vague à sur­fer. Car le monde pour se trans­for­mer a sur­tout besoin de toi, de ta créa­ti­vi­té, de ta dis­po­ni­bi­li­té et de ta volon­té. Nous avons tous à faire l’effort de quit­ter un cer­tain confort de l’ancien monde, de nous plon­ger dans la réa­li­té et à nous retrous­ser les manches. Mais nous pou­vons le faire dans la joie d’habiter autre­ment notre pla­nète en construi­sant fra­ter­nel­le­ment un monde plus humain.

Fran­çois Vandermersch

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