Pour une réforme du modèle social de l’INSA n’entraînant pas une hausse des frais d’inscription

Com­mu­ni­qué de presse
Date : 12 décembre 2021
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A l’at­ten­tion de mon­sieur le direc­teur, des membres du Conseil d’Administration de l’INSA de Lyon, des élu·e·s au Conseil des Études de l’INSA de Lyon, des représentant·e·s des étudiant·e·s et du per­son­nel, des asso­cia­tions et syn­di­cats, ain­si que de tou·te·s les étudiant·e·s de la com­mu­nau­té INSA.

Voi­là main­te­nant bien­tôt 1 an que les direc­tions du groupe INSA se sont lan­cées dans un pro­jet de réforme du modèle social dont l’ob­jec­tif affi­ché est d’a­mé­lio­rer la diver­si­té étu­diante dans nos écoles. Le jeu­di 16 décembre après-midi seront votées les grandes orien­ta­tions de cette réforme à l’IN­SA de Lyon. Les moyens de mise en place (le finan­ce­ment) ne seront déci­dés que par la suite en avril-mai 2022.

Nous crai­gnons que si ces grandes orien­ta­tions sont votées, la mise en place des mesures pour y répondre néces­si­te­ra un finan­ce­ment par l’augmentation des frais d’inscription par paliers jusqu’à 2500€/ an.

Face à ce pro­jet de réforme, nos inquié­tudes sont multiples.

1. L’INSA est-elle capable de mettre en place un ser­vice de redis­tri­bu­tion performant ?

Un an après la mise en place du pro­gramme “Bien­ve­nue en France” qui implique l’augmentation des droits d’inscription pour les étu­diants étran­gers, nous n’avons pas d’information sur l’usage des cen­taines de mil­liers d’euros récol­tés par cette aug­men­ta­tion. Cette année la direc­tion des rela­tions inter­na­tio­nales a fait de nom­breuses erreurs dans ses ver­se­ments de bourses AMI en ver­sant un mon­tant trop impor­tant à des étu­diants qui ont dû rem­bour­ser le sur­plus. A cela s’ajoute un retard sur son obli­ga­tion de délai contrac­tuel sur les bourses Eras­mus. En 2019, par erreur du secré­ta­riat du FIMI, des étudiant·e·s ont per­du injus­te­ment leur bourse CROUS pour absen­téisme avant rectification.

L’INSA peine aujourd’­hui à res­pec­ter ses obli­ga­tions et à assu­rer ses mis­sions, deve­nant un poids pour les finances des étudiant·e·s usa­gers de ses ser­vices (sta­tuts et sous-équi­pe­ment des loge­ments). Est-il vrai­ment réa­liste de vou­loir lui confier en plus des mis­sions de redis­tri­bu­tion ? Toutes nou­velles mis­sions risquent de se faire au détri­ment des autres, voire d’en­glou­tir tout le bud­get déga­gé au nom du modèle social.

De plus, aug­men­ter les droits d’inscription sous cou­vert de vou­loir mettre en place un sys­tème de redis­tri­bu­tion interne à l’INSA, c’est vou­loir se sub­sti­tuer au rôle de l’Etat et dès lors accep­ter et encou­ra­ger son désen­ga­ge­ment. Les com­pé­tences néces­saires à l’action sociale ne sont pas celles des uni­ver­si­tés et des grandes écoles, et ne peuvent s’improviser. Vou­loir trans­mettre aux écoles ce rôle redis­tri­bu­tif, c’est assu­mer que l’école publique n’est plus uni­ver­selle. Cela revien­drait à pas­ser d’un mode de déci­sion démo­cra­tique et col­lec­tif à un mode de déci­sion local qui dépen­drait du bon vou­loir des écoles et des directions.

Cela n’est pas sou­hai­table. C’est à l’échelle natio­nale que sont et doivent être orga­ni­sés les pré­lè­ve­ments et la redistribution.

2. La direc­tion est-elle capable de défendre l’augmentation des DI (droits d’inscription) ?

Toute la com­mu­ni­ca­tion est axée sur la réforme du modèle social alors que ce pro­jet s’ac­com­pagne d’un chan­ge­ment de modèle des frais d’ins­crip­tion. Or rien n’est pré­vu pour qu’un débat sur les frais ait lieu, mal­gré des demandes répé­tées. Le prin­ci­pal argu­ment pré­sen­té est que « Pour sau­ver notre modèle social, il faut aug­men­ter les frais. Qui s’y oppose est contre la jus­tice sociale. » sans qu’aucune ana­lyse socio­lo­gique sur l’impact de l’augmentation des frais d’inscription n’ait été réa­li­sée. Les risques sont pour­tant nom­breux : aug­men­ta­tion de l’auto-censure des classes les moins favo­ri­sées, dépen­dance accrue à la famille pour mener (et choi­sir ?) ses études, dif­fi­cul­té de réorien­ta­tion, anxié­té accrue, divi­sion entre les étu­diants, sen­ti­ment d’être rede­vable envers ses parents au lieu de la socié­té, ins­tau­ra­tion d’une rela­tion client/fournisseur, déve­lop­pe­ment des prêts étudiants…

Pour rap­pel, très tôt, une com­mis­sion char­gée de réflé­chir à l’échelonnement des frais a été mise en place alors qu’aucun objec­tif n’é­tait fixé. Mal­gré une forte oppo­si­tion aux DI depuis plu­sieurs mois, aucun contre modèle sans DI n’a été pro­po­sé par la direction.

Aucune ana­lyse socio­lo­gique sur l’im­pact de l’aug­men­ta­tion des frais de sco­la­ri­té n’a été réalisée

Les direc­teurs des INSA disent réflé­chir à d’autres leviers de finan­ce­ment : mécé­nat via les Fon­da­tions et Alum­ni, actions auprès des pou­voirs publics. Ces pistes ne font l’objet d’aucune pré­sen­ta­tion et d’aucune annonce stra­té­gique. Ces pistes nous paraissent par ailleurs peu cré­dibles et dan­ge­reuses pour l’indépendance de l’INSA. Quelles contre­par­ties exi­ge­ront les entre­prises pri­vées par­ti­ci­pant au finan­ce­ment ? Que se pas­se­ra-t-il lorsqu’une entre­prise ou col­lec­ti­vi­té déci­de­ra d’arrêter son financement ?

3. L’analyse de la baisse de la diver­si­té dans les INSA et les réponses asso­ciées sont-elles assez solides ?

L’en­semble du dis­cours de la direc­tion tourne autour de l’i­dée qu’il “faut atti­rer plus de diver­si­té”, “don­ner la chance à ceux qui en ont moins”, se basant sur l’i­dée que la popu­la­tion “CSP-” se détour­ne­rait de l’INSA et qu’il fau­drait la rat­tra­per. La direc­tion envi­sage alors des actions coû­tant plu­sieurs mil­lions d’eu­ros dans ce sens. Pour­tant aucune ana­lyse ne prouve que les “CSP-” can­di­da­te­raient moins à l’IN­SA qu’a­vant et le livre blanc de l’IGB conclut même le contraire. Consta­tant une aug­men­ta­tion du nombre de can­di­da­tures en 1A de 48% en 5 ans, l’IGB déclare : ” le concours de recru­te­ment s’avère plus sélec­tif et le taux d’entrée a dimi­nué de 3,7 points en 5 ans, pas­sant de 14,7% d’admis en 2015 à 11% en 2020. Cette hausse de la sélec­ti­vi­té peut expli­quer en par­tie les évo­lu­tions de la com­po­si­tion sociale des INSA “. Ain­si, de nou­veaux can­di­dats “CSP+”, atti­rés par la renom­mée crois­sante de l’IN­SA, pren­draient les places d’é­tu­diants “CSP-” qui auraient pour­tant été sélec­tion­nés il y a 5 ans de ça.

Éton­nam­ment, la direc­tion de l’IN­SA évite soi­gneu­se­ment de dis­cu­ter de cette ana­lyse et de la solu­tion asso­ciée : une réforme des cri­tères de sélec­tion pour­rait entiè­re­ment inver­ser la baisse de la diver­si­té, sans bais­ser le niveau sco­laire his­to­rique des étudiant·e·s entrant·e·s et pour un coût qua­si-nul. Quel inté­rêt de dépen­ser des mil­lions d’eu­ros pour atti­rer de nou­veaux “CSP-” quand celles et ceux qui can­di­datent déjà ne sont aujourd’hui plus sélectionné·e·s ? 89% des candidat·e·s n’in­tègrent déjà pas l’IN­SA et l’hy­po­thèse selon laquelle il exis­te­rait encore des “CSP-” capables de riva­li­ser avec les nou­veaux “CSP+” dans les clas­se­ments et qui ne can­di­da­te­raient pas déjà à l’IN­SA paraît très faible.

Une réforme des cri­tères de sélec­tion pour­rait entiè­re­ment inver­ser la baisse de diver­si­té pour un coût qua­si nul

Ain­si, non seule­ment le constat n’est pas bien posé par la direc­tion (elle ne sait pas vrai­ment pour­quoi il y a une baisse de la diver­si­té), mais en plus des actions qui coû­te­raient des mil­lions pour­raient n’a­voir aucun résul­tat béné­fique. Aucune étude sur la per­ti­nence des actions pro­po­sées n’a été faite. Sur quelle base solide repose donc cette réforme ?

4. Cette aug­men­ta­tion des droits d’ins­crip­tion dans l’enseignement supé­rieur et la recherche va-t-elle s’ar­rê­ter un jour ?

Nous consta­tons la ten­dance géné­rale de l’augmentation des frais d’ins­crip­tion dans tout l’ESR (Cen­trale, Les Mines, Arts et Métiers, UTT…) avec de nom­breuses réformes locales qui se suc­cèdent, et, au niveau natio­nal, avec le plan Bien­ve­nue en France en 2018 où les DI pour les étudiant·e·s étranger·e·s sont pas­sés de 601€ à plu­sieurs mil­liers d’euros. Dans d’autres pays (Angle­terre, USA, Chi­li…) lorsque l’ouverture à la déré­gu­la­tion a eu lieu, cela a conduit à une aug­men­ta­tion régu­lière des DI jusqu’à des sommes miro­bo­lantes s’accompagnant d’une géné­ra­li­sa­tion de l’endettement des étudiant·e·s.

Cela étant dit, l’augmentation des frais s’inscrit dans une stra­té­gie de long terme déployée par notre minis­tère depuis plu­sieurs années. Le pas­sage au RCE invite les éta­blis­se­ments à trou­ver leurs propres moyens de finan­ce­ment, cas­sant ain­si le prin­cipe de finan­ce­ment par l’impôt. L’augmentation des DI fait par­tie de ces nou­veaux modes de finan­ce­ment. Si le groupe INSA cède (sans qu’on ne l’y ait obli­gé), tout en se tar­guant de valeurs sociales, cela auto­rise mora­le­ment un grand nombre d’autres écoles à céder à leur tour. Puis vien­dra le tour des uni­ver­si­tés. Ce cadeau fait au minis­tère de l’enseignement supé­rieur actuel est-il à notre honneur ?

Tout laisse à pen­ser que d’ici 10 ans, le pla­fond de 2500 euros sera rele­vé. C’est la logique de la trans­for­ma­tion de fond qui a lieu dans l’enseignement supé­rieur, moti­vée par un désen­ga­ge­ment par­tiel de l’État. Peu importe ce que l’on nous pro­met, cela n’engage que les diri­geants actuels, mais pas leurs suc­ces­seurs. Rien n’est pré­vu pour que de telles hausses soient impos­sibles et tous les argu­ments légi­ti­mant ces hausses sont déjà pré­sents dans la rhé­to­rique actuelle qui est la même depuis de nom­breuses années. Si cette bar­rière que consti­tue la pre­mière aug­men­ta­tion des DI est bri­sée, le mou­ve­ment sera par la suite bien plus dur à arrêter.

Conclu­sion

Nous, groupe d’étudiant·e·s, ancien·ne·s étudiant·e·s et enseignant·e·s engagé·e·s contre l’augmentation des frais d’ins­crip­tion, avons déci­dé d’interpeller le CA de l’INSA Lyon du 16 décembre débu­tant à 14h par une mani­fes­ta­tion devant les bâti­ments de direc­tion de l’école jeu­di 16 dès 12h. Lors du ras­sem­ble­ment, nous offri­rons sym­bo­li­que­ment nos frais d’ins­crip­tion à la direc­tion. Ce moment se veut convi­vial, lieu de débat et d’échange.

Par ailleurs, nous sou­te­nons l’AG inter­syn­di­cale des per­son­nels et étudiant·e·s du mer­cre­di 15 décembre 2021, 12h15-13h45 amphi Hedy Lamarr (ancien Claude Chappe, bât. TC). Une visio (en como­dal) est mise en place au lien sui­vant : https://insa-lyon fr.zoom.us/j/91325657670

L’opposition à l’augmentation des frais d’inscription est réelle :
— Une péti­tion regroupe déjà 1340 signatures
— Le son­dage de l’AEI a mis en évi­dence une forte oppo­si­tion étu­diante à l’augmentation des frais d’inscription
— Des motions d’oppositions aux frais d’ins­crip­tion à Rouen et Lyon ont été écrites et signées
— La vic­toire de la liste “arrê­tons les frais” au CA de Lyon est un mes­sage fort adres­sé par le corps enseignant

Reven­di­ca­tions générales :

• Refus d’une aug­men­ta­tion des droits d’ins­crip­tion à l’INSA et dans l’en­sei­gne­ment supé­rieur en général
• Amé­lio­ra­tion des condi­tions de vie des étudiant·e·s et impli­ca­tions de ceux-ci dans le pro­ces­sus de réforme du modèle social

Pro­po­si­tions :

• Mise au vote d’une motion sti­pu­lant que le CA de l’INSA Lyon s’oppose à ce que la réforme du modèle social ou tout autre pro­jet por­té par l’établissement conduise à une aug­men­ta­tion des frais d’ins­crip­tion ou des finan­ce­ments non garan­tis sur le long terme qui pour­raient conduire à l’augmentation des frais d’inscription

• Mise au vote que le CA de l’INSA Lyon refuse une poli­tique d’augmentation des frais d’inscription dans l’enseignements supé­rieur public en fidé­li­té à l’article 13 de la constitution
de 1946 : “ La Nation garan­tit l’é­gal accès de l’en­fant et de l’a­dulte à l’ins­truc­tion, à la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle et à la culture. L’or­ga­ni­sa­tion de l’en­sei­gne­ment public gra­tuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat. ”

• La mise en place de moyens pour impli­quer l’ensemble des étudiant·e·s, enseignant·e·s et personnel·le·s dans le pro­ces­sus de construc­tion de la réforme du modèle social de l’INSA

 

Col­lec­tif #Insa­Vous­Fait­Les­Poches

Votez IE aux élections CROUS !

C’est une pre­mière depuis la créa­tion d’In­gé­nieur-e‑s enga­gé-e‑s INSA Lyon en 2018. L’as­so­cia­tion se regroupe avec plu­sieurs syn­di­cats et asso­cia­tions étu­diantes de Lyon et St Etienne lors des pro­chaines élec­tions au CROUS. Celles-ci se pas­se­ront par voie élec­tro­nique du 6 au 10 décembre.

Avant toute chose reve­nons sur le rôle des élu.e.s CROUS. Ils font valoir nos droits sur tous les sujets qui peuvent nous concer­ner : ges­tion des bourses et attri­bu­tion des aides sociales, poli­tiques conduites en matière de loge­ment, de res­tau­ra­tion uni­ver­si­taire ou encore de vie étu­diante, cultu­relle, spor­tive… Cela impacte indi­rec­te­ment et direc­te­ment la vie de cen­taines d’étudiant.e.s à l’INSA via la CVEC, le finan­ce­ment d’événements asso­cia­tifs et de la vie étu­diante, ou encore le RU où un grand nombre d’insaliens mangent à midi.

Nous nous retrou­vons sur une pro­fes­sion de foi en 5 axes : un sou­tien finan­cier à la hau­teur de la crise de la pré­ca­ri­té étu­diante, la néces­si­té d’une vraie poli­tique sociale, d’ac­com­pa­gne­ment et de san­té pour toutes et tous, une offre de res­tau­ra­tion juste, diver­si­fiée et éco­lo, l’accès à des loge­ments décents, éco­lo­giques et peu chers et enfin redon­ner du sens à la vie étu­diante tant affec­tée par le covid !

Nous consi­dé­rons qu’il est temps de s’engager à cet éche­lon déci­sif pour com­battre la pré­ca­ri­té étu­diante qui touche en dehors et en dedans du cam­pus. Par ailleurs, cette par­ti­ci­pa­tion est l’opportunité de créer une pas­se­relle entre nos pos­sibles futurs élu.e.s CROUS et tout.e étudiant.e.s sou­hai­tant s’in­for­mer sur ses droits et les revendiquer.

Pour en savoir plus sur les enjeux de l’é­lec­tion et ren­con­trer des repré­sen­tants de la liste, vous pou­vez venir le jeu­di 02 décembre de 17h à 18h pour un échange orga­ni­sé au local d’IE, en bas du bâti­ment D !

Nous serons aux cotés de :

Soli­daires étu­diant-e‑s Lyon,
OSE-CGT,
ECHARDE (Ens Lyon),
MASSICOT,
l’Alternative,
Asso­cia­tion des rési­dents-e‑s Crous Lyon/ St-Etienne,
Col­lec­tif des etu­diant-e‑s étran­ger-es de Lyon, sans papiers et soli­daires (CEELSPS).

Pour aller plus loin, voi­ci la pro­fes­sion de foi :
https://www.crous-lyon.fr/wp-content/uploads/sites/33/2021/11/7.-Solidaires-ProfessionFoi.pdf

Une petite vidéo de pré­sen­ta­tion de la liste :

Le compte Twitter :
https://twitter.com/IdexitLyon/

Alors du 6 au 10 décembre : vote et fais voter ta pro­mo et tes potes pour l’U­NION SOLIDAIRE CONTRE LA PRECARITE

Nous comp­tons sur votre mobilisation !

Nicolas.L pour IE

Introduction au “Municipalisme libertaire”

Pour impul­ser un chan­ge­ment de socié­té éco­lo­gique et social, il faut le faire « de l’extérieur »: c’est ce qu’affirme Mur­ray Book­chin, théo­ri­cien du muni­ci­pa­lisme libertaire.

L’objectif de cette théo­rie est la créa­tion d’un espace alter­na­tif « à côté » de l’Etat ou à l’extérieur de sa sphère d’influence. Une des stra­té­gies pos­sibles consiste à éta­blir le muni­ci­pa­lisme en par­ti­ci­pant aux élec­tions muni­ci­pales par exemple.

Plu­tôt que de pro­vo­quer une réac­tion pro­tec­trice ou réac­tion­naire chez les habitant·e·s en pre­nant la com­mune par les armes, les militant·e·s muni­ci­pa­listes doivent convaincre et moti­ver les citoyen·ne·s à pra­ti­quer les prin­cipes de la démo­cra­tie directe à tra­vers des conseils ou des assem­blées : les encou­ra­ger à reprendre en main leur commune.

Pour­quoi par­ler d’espace « à côté » ? C’est sim­ple­ment que l’appareil muni­ci­pal exis­tant (sous tutelle de l’État) n’est qu’un outil par­mi tant d’autres : après les élec­tions rem­por­tées par les municipalistes/citoyen·ne·s engagé·e·s, les conseils « citoyens » créés a prio­ri en dehors des mai­ries voient leurs déci­sions appli­cables sans pro­blèmes ni sanc­tions. L’État ne peut remettre en ques­tion ces élec­tions sans remettre en cause ses propres pra­tiques démo­cra­tiques et les citoyen·ne·s se voient engagé·e·s par leur vote et leur par­ti­ci­pa­tion aux conseils dans ce pro­jet social et écologique.

L’ob­jec­tif de cette théo­rie est la créa­tion d’un espace alter­na­tif “à côté” de l’Etat

Les chan­ge­ments éco­no­miques et sociaux impul­sés direc­te­ment par les besoins des citoyen·ne·s de ladite com­mune seront de plus en plus accep­tés, et la com­mune sera de plus en plus liber­taire et vivante.

Là encore comme le Dual Power – mais en pro­cé­dant dif­fé­rem­ment – la muni­ci­pa­li­té liber­taire vise à confron­ter l’État, et per­met énor­mé­ment de pos­si­bi­li­tés sur la consti­tu­tion d’instances alter­na­tives. Mais il faut gar­der à l’esprit que l’État, mena­cé par ces ini­tia­tives, ten­te­ra à chaque oppor­tu­ni­té qui lui sera offerte (crise locale, crime, des­truc­tion de biens pri­vés etc.) de les réduire à néant. Ici encore le muni­ci­pa­lisme appor­te­ra quelques solutions.
Cet article est divi­sé en trois par­ties : poli­tique, éco­no­mique et pra­tique du muni­ci­pa­lisme libertaire.

La poli­tique municipaliste

Au niveau de la ges­tion poli­tique, le muni­ci­pa­lisme liber­taire explore le pas­sé pour construire l’avenir. Pour Mur­ray Book­chin le mot poli­tique moderne, tour­né vers la déma­go­gie, la ges­tion de l’État, du gou­ver­ne­ment a per­du son sens pre­mier : la ges­tion des affaires publiques par la popu­la­tion au niveau com­mu­nau­taire. Janet Biehl, sa com­pagne, défi­nit le muni­ci­pa­lisme liber­taire comme étant « la ges­tion directe des affaires com­mu­nau­taires par les citoyens en per­sonne au sein d’institutions participatives ».

Héri­tier de la com­mune de paris, de Krons­tadt, de la cité athé­nienne, des théo­ries de Kro­pot­kine et de Bakou­nine, le muni­ci­pa­lisme « veut res­sus­ci­ter la poli­tique dans le sens ancien du terme : construire et étendre la démo­cra­tie directe locale de sorte que les simples citoyens prennent des déci­sions rela­tives à leur com­mu­nau­té et à la socié­té dans son ensemble » (Biehl).

Pour atteindre un tel objec­tif, Book­chin décrit la com­mune (ou muni­ci­pa­li­té) comme cel­lule vivante, base de la par­ti­ci­pa­tion à la vie poli­tique et éco­no­mique locale. La démo­cra­tie « directe » y est plus simple à éta­blir et à mettre en pra­tique. Les comi­tés sont consti­tués de sorte à impul­ser la soli­da­ri­té et la coopé­ra­tion interne – à la com­mune – et externe – via un réseau confédéral.

Le muni­ci­pa­lisme ne consi­dère pas les réfé­ren­dums légi­times à légi­fé­rer ain­si que le par­le­ment, le gou­ver­ne­ment, et les autres struc­tures natio­nales (cen­tra­li­sées et imper­son­nelles) qui ne per­mettent aucuns chan­ge­ments réels : ces ins­tances voient les individu·e·s comme des électeur·rice·s dépourvu·e·s de « savoir-faire » poli­tique et non pas comme des citoyen·ne·s éduqué·e·s et averti·e·s. (1)

Le muni­ci­pa­lisme met en avant la conscience morale, sociale et poli­tique des Hommes. « De nos jours, bien peu de par­le­men­taires seraient capables de tra­cer les plans d’une cen­trale nucléaire ou d’en expli­quer le fonc­tion­ne­ment mais cela ne les empêche pas de prendre des déci­sions poli­tiques au sujet de l’énergie nucléaire. Dans une socié­té muni­ci­pa­liste liber­taire, les connais­sances néces­saires seront dis­sé­mi­nées autant que pos­sible par­mi les citoyens. Les ques­tions tech­niques devront être pré­sen­tées avec clar­té et dans un lan­gage simple de sorte que les citoyens ayant une com­pé­tence rai­son­nable puissent prendre les déci­sions poli­tiques les concer­nant. » (2)

Les citoyen·ne·s constitué·e·s en conseils régulent, orientent et dirigent la poli­tique de la com­mune dans son ensemble : la muni­ci­pa­li­té n’est plus diri­gée par des « maires » mais par des délégué·e·s « représentatif·ve·s » asservi·e·s aux conseils citoyens. La mai­rie est volon­tai­re­ment impli­quée car elle est occu­pée par des citoyen·n·e·s élu·e·s à tra­vers des élec­tions muni­ci­pales clas­siques. De la même manière, des délégué·e·s à man­dat révo­cables seront élu·e·s dans ces conseils et trans­met­tront les besoins, reven­di­ca­tions, posi­tions, offres ou prises de déci­sions de celles et ceux-ci aux ins­tances confé­dé­rales (échelle plus vaste).

Concer­nant la prise de déci­sion locale, on suit le sché­ma sui­vant : pour X déci­sions, les citoyen·ne·s – réuni·e·s en conseils – prennent des déci­sions poli­tique et élisent des représentant·e·s administratif·ve·s qui par la suite les rap­portent à Y « expert·e·s » professionnel·le·s (pro­ve­nant de de coopé­ra­tives, d’entreprises, de divers petits com­merces et impliqué·e·s dans le pro­jet). Les Y réparti·e·s (poten­tiel­le­ment à tra­vers d’autres conseils), après s’être acquitté·e·s ou non des tâches, rap­portent leurs résul­tats aux conseils citoyens rela­tifs aux X déci­sions. Dans l’idéal, il existe un conseil pour chaque secteur.

On suit donc un sché­ma cyclique où la base des déci­sions est le·a citoyen·ne dans cet ordre : citoyen·ne·s > poli­tique > admi­nis­tra­tion > expert·e·s > citoyen·ne·s et ain­si de suite. On évite ain­si la stag­na­tion d’élites, d’expert·e·s et la bureau­cra­ti­sa­tion. C’est le sché­ma inverse à celui des démo­cra­ties repré­sen­ta­tives où la masse est pen­sée comme inca­pable de se gou­ver­ner. Ici la masse désigne les expert·e·s mais ce sont les conseils qui forment la prin­ci­pale source déci­sion­nelle locale.

Les déci­sions y seraient prises par la majo­ri­té. Elle per­met, selon M. Book­chin, l’exposition d’arguments plus réflé­chis où les ques­tions seraient dis­cu­tées puis redis­cu­tées. Le consen­sus ne per­met­tant que peu d’opposition selon lui. Cette idée n’est pas reprise for­ce­ment en pra­tique, ce choix dépend en fait du milieu, des cultures et des situa­tions dans lequel se trouve le conseil.

Book­chin reprend l’un des pré­ceptes des liber­taires : tout être humain a les com­pé­tences de gérer les affaires de la com­mu­nau­té dont il est membre. Et que toute poli­tique n’ayant pas été pro­po­sée, dis­cu­tée puis déci­dée par le peuple n’a pas de légi­ti­mi­té démo­cra­tique. (3)

« Il connaît plus ou moins les affaires de sa com­mune, il s’y inté­resse beau­coup, et il sait choi­sir dans son sein les hommes les plus capables de les biens conduire. Dans ces affaires, le contrôle lui-même est pos­sible, puisqu’elles se font sous les yeux des élec­teurs, et touchent aux inté­rêts les plus intimes de leur exis­tence quo­ti­dienne. C’est pour­quoi les élec­tions com­mu­nales sont […] les plus réel­le­ment conformes aux sen­ti­ments, aux inté­rêts, à la volon­té popu­laires. » – Bakou­nine. (4)

Plus loin encore, le muni­ci­pa­lisme liber­taire consi­dère qu’en cas de confron­ta­tion mili­taire avec un·e adver­saire, les milices popu­laires à l’image des zapa­tistes, des colonnes de la CNT de 1936, de l’armée noire de Makh­no ou encore des citoyen·ne·s‑soldat·e·s d’Athènes, per­mettent un bas­cu­le­ment de force impor­tant – utile lorsque l’on confronte un·e ennemi·e plus grand·e (5) – basé sur le com­bat urbain et rural stra­té­gique, réflé­chi, rapide, indé­pen­dant et adaptable.

Sans uni­formes mais bien formé·e au com­bat, le·a citoyen·ne-soldat·e se bat volon­tai­re­ment pour pro­té­ger sa liber­té, les conseils, ses pro­jets, ses cama­rades, ses ami·e·s, et cela en connais­sant le ter­rain, en s’y étant entraîné·e paral­lè­le­ment à ses acti­vi­tés : embus­cades, sabo­tages et impro­vi­sa­tions per­mettent de mettre en déroute un·e ennemi·e puissant·e et lent·e dont les struc­tures hié­rar­chiques empêchent l’originalité stra­té­gique. De son côté la milice apprend des stra­té­gies mili­taires de son ennemi·e et peut ain­si pré­voir une défense.

Bien sûr cette milice est popu­laire donc volon­taire. Cette stra­té­gie ne sou­haite pas for­mer une grande armée asser­vie mais bien une assem­blée de citoyen·ne·s convaincu·e·s, uni·e·s, soli­daires et conscient·e·s de leurs actes. Ces milices n’exclues pas l’existence de com­man­de­ment comme l’anarchisme n’exclut pas la pré­sence d’expert·e·s, de for­ma­teurs et for­ma­trices, de professionnel·le·s etc. Ces « chef·fe·s » mili­taires sont élu·e·s par les citoyen·ne·s‑soldat·e·s par le biais de conseils, assu­rant ain­si la légi­ti­mi­té de ce·tte chef·fe à mener un combat.

A pro­pos de l’autodéfense, John Clark dans « Intro­duc­tion à la phi­lo­so­phie éco­lo­gique et poli­tique de l’anarchisme » écrit : « C’est un prin­cipe fon­da­men­tal de l’anarchisme que la défense de la com­mu­nau­té doit résul­ter de l’action volon­taire des gens. […] Les anar­chistes pensent fer­me­ment que « la guerre est la san­té de l’Etat » et que, par consé­quent, elle risque tou­jours de por­ter atteinte à la liber­té sinon de lui être fatale. Mili­ta­ri­ser une socié­té pour com­battre l’autoritarisme c’est, du coup, faire triom­pher l’autoritarisme. […] Une com­mu­nau­té unie (par exemple, une socié­té tri­bale) n’a pas de dif­fi­cul­té à assu­rer une par­ti­ci­pa­tion à sa défense, bien que l’exigence anar­chiste du volon­ta­riat devienne de plus en plus dif­fi­cile à rem­plir au fur et à mesure que s’accroît la menace pour le groupe. […]

Par exemple, le mou­ve­ment pay­san anar­chiste makh­no­viste en Ukraine a déve­lop­pé des méthodes très effi­caces de gué­rilla contre des adver­saires de force supé­rieure et dans des com­bats qui durèrent entre 1918 et 1921. Le suc­cès mili­taires des makh­no­vistes prirent fin seule­ment lorsque leur armée, alors déci­mée après des vic­toires rem­por­tées contre les forces de droite, fut atta­quée par leur « allié », les bol­ché­viques. […] (En par­lant des com­mu­nau­tés espa­gnoles) En fait, le sou­tien et le moral décli­nèrent de façon signi­fi­ca­tive uni­que­ment quand les milices furent mili­ta­ri­sées par les soins de l’Etat. »

Book­chin insiste aus­si sur le carac­tère ouvert de ce modèle démo­cra­tique : ce n’est pas le·a pro­lé­taire qui y est adulé·e mais le·a citoyen·ne et la lutte des classes est mise de côté au pro­fit d’une démo­cra­tie locale visant l’évolution crois­sante des consciences et idées libertaires :

« Les anar­chistes com­mu­nau­taires ne concentrent pas toute leur atten­tion sur le lieu de tra­vail ni même sur l’économie (aus­si impor­tantes qu’ils puissent être) mais plu­tôt sur une com­mu­nau­té totale, avec tous ses élé­ments entre­la­cés, comme le tra­vail, le jeu, l’éducation, la com­mu­ni­ca­tion, le trans­port, l’écologie, et ain­si de suite. Ils affirment qu’isoler les pro­blèmes de pro­duc­tion de leur contexte social peut mener tout droit à l’éternelle erreur mar­xiste qui consiste à com­battre l’exploitation éco­no­mique tout en per­pé­tuant et, peut-être même, en déve­lop­pant d’autres formes de domi­na­tion. […] [à pro­pos de la lutte des classes] Cette foi per­siste encore. 

[…] Le culte de la classe ouvrière du salut par le tra­vail paraît de moins en moins attrayant dans une socié­té où le tra­vail devient de plus en plus frag­men­té et abs­trait, dans laquelle l’appartenance de classe se défi­nit moins clai­re­ment et devient moins essen­tielle pour la recon­nais­sance sociale, et où la consom­ma­tion pri­vée devient l’ultime refuge de l’individu déso­cia­li­sé. » (6)

Le muni­ci­pa­lisme irait dans le sens de « la vie dans son ensemble » ne pre­nant pas le « tra­vail » comme base idéo­lo­gique. Le citoyen·ne, la nature et la vie font objets de point de départ à cette idéo­lo­gie tan­dis que les rap­ports de classes et l’économie sont déve­lop­pés a pos­te­rio­ri. L’une des stra­té­gies essen­tielle du muni­ci­pa­lisme liber­taire est l’éducation popu­laire et évo­lu­tive. On peut citer quelques exemples : l’accès aux conseils poli­tiques est éta­bli à 15 ans, l’implication à la vie de la com­mune et le temps qui y est consa­cré motive la réflexion poli­tique et éman­ci­pa­trice, on se détache de la nation pour se rap­pro­cher du local à tra­vers des conseils et des assemblées.

Plus il ou elle pra­tique les idées démo­cra­tiques, plus le ou la citoyen·ne se rap­proche de sa com­mune (et de ses concitoyen·ne·s) et agi­ra en son sens, le plus iel y par­ti­ci­pe­ra — en sa volon­té et sa dura­bi­li­té — le plus iel s’émancipera de son travail.

On note aus­si son oppo­si­tion à l’anarchisme indi­vi­dua­liste dans la revue cana­dienne « Rela­tions », Claude Rioux explique les craintes de Book­chin : « L’anarchisme peut être « conta­mi­né » par le contexte et l’environnement bour­geois qu’il com­bat. Les tra­vers de l’introspection et du nar­cis­sisme de la géné­ra­tion des baby-boo­mers ali­mentent l’émergence d’un anar­chisme plus proche de la psy­cho­thé­ra­pie que de la révo­lu­tion : un aven­tu­risme incons­cient fait d’aversion pour la théo­rie, une célé­bra­tion de l’incohérence théo­rique sous cou­vert de plu­ra­lisme, un enga­ge­ment apo­li­tique et anti-orga­ni­sa­tion­nel dans une recherche de la joie de vivre inten­sé­ment orien­tée vers soi-même. […] Cette subor­di­na­tion du col­lec­tif à l’ego et de la socié­té à l’individu, nous dit Book­chin, est cou­rante dans l’anarchisme comme mode de vie, qui tend à la pri­va­ti­sa­tion des angoisses com­munes et à la sanc­ti­fi­ca­tion du soi comme refuge au malaise social. »

Rioux ajoute que cette vision a des consé­quences sur le mou­ve­ment liber­taire, notam­ment une exal­ta­tion du consen­sus (la majo­ri­té est illé­gi­time même contre l’opinion d’un·e seul·e individu·e) et de la spon­ta­néi­té indi­vi­duelle aux dépens de l’organisation démo­cra­tique, plus à même d’établir des ins­ti­tu­tions auto­gé­rées ayant du pou­voir contre la domi­na­tion capi­ta­liste et les ins­ti­tu­tions hié­rar­chi­sées. » (7)

« En 1984, il est invi­té à la ren­contre inter­na­tio­nale «Ciao anar­chi­ci», à Venise. Janet Biehl, qui a été sa com­pagne pen­dant vingt ans et lui a consa­cré une bio­gra­phie, raconte com­ment il est mon­té à la tri­bune habillé d’un uni­forme de tra­vail vert, une ran­gée de crayons de méca­ni­cien dans sa poche de che­mise : «Il leur a dit : “Les mou­ve­ments fémi­nistes, éco­lo­gistes et com­mu­na­listes doivent créer des com­mu­nau­tés humaines décen­tra­li­sées adap­tées à leurs éco­sys­tèmes. Ils doivent démo­cra­ti­ser les vil­lages et les villes, les confé­dé­rer, et créer un contre-pou­voir face à l’État.”»

La ren­contre se révèle catas­tro­phique. On lui objecte que les gou­ver­ne­ments muni­ci­paux ne sont que des États-nations en minia­ture ; les conseils de citoyen·ne·s, de petits Par­le­ments. Les participant·e·s rejettent le prin­cipe du vote à la majo­ri­té, asso­cié à une tyran­nie du plus grand nombre. Book­chin en conclut que l’anarchisme est incom­pa­tible avec le socia­lisme. En plai­dant pour la sou­ve­rai­ne­té de la per­sonne, et non du peuple, les anar­chistes de son époque se com­plaisent à ses yeux dans une simple radi­ca­li­té «de style de vie». Il décide de se reti­rer de la poli­tique. » (8)

Éco­no­mie muni­ci­pa­liste, une socié­té Post-rareté

Même si Book­chin affirme son scep­ti­cisme vis-à-vis de l’efficacité poli­tique de la coopé­ra­tive — dans éco­no­mie de mar­ché ou éco­no­mie de morale : « Aucune ferme bio­lo­gique ne peut concur­ren­cer vic­to­rieu­se­ment l’agrobusiness, et aucune coopé­ra­tion ali­men­taire ne peut l’emporter sur un mar­ché par ses prix ou son offre de pro­duits » — elle n’est pas incom­pa­tible avec le municipalisme.

Pour lui, le pro­fit, le ren­de­ment et la concur­rence finissent tou­jours par s’imposer dans n’importe quelle coopé­ra­tive. Les entre­prises alter­na­tives se trans­forment inévi­ta­ble­ment en entre­prises comme les autres. L’objet pro­duit par la coopé­ra­tive reste autant une mar­chan­dise imper­son­nelle que celle pro­duite par une grande entre­prise. Par la coopé­ra­tive l’existence de la mar­chan­dise, et donc du capi­ta­lisme, n’est pas remise en question.

La coopé­ra­tive n’a de sens qu’une fois le capi­ta­lisme abo­lit : elle reste œuvre vaine sinon. (9)

Les entre­prises pri­vées, publiques ou coopé­ra­tives seraient en quelque sorte « muni­ci­pa­li­sées » par la col­lec­ti­vi­té : les action­naires sont jeté·e·s et les tra­vailleu­reuses, confondu·e·s avec les conseils citoyens, décident de la marche à suivre.

Il faut que la coopé­ra­tive de pro­duc­tion, d’habitation, agri­cole… se ral­lie volon­tai­re­ment à la muni­ci­pa­li­té et ses conseils, elles deviennent des ins­ti­tu­tions participatives :

« Contre les coopé­ra­tives et la pro­prié­té publique, l’auteure [Janet Biehl] pré­co­nise la muni­ci­pa­li­sa­tion de l’économie qui « signi­fie la « pro­prié­té » et la ges­tion de l’économie par les citoyens de la com­mu­nau­té. » Dans ce sys­tème, « la richesse, la pro­prié­té et les moyens de pro­duc­tion seraient remis à la muni­ci­pa­li­té. » […] De prime abord, cela ne pose aucun pro­blème aux par­ti­sans du muni­ci­pa­lisme liber­taire puisque la démo­cra­tie ne serait qu’une ques­tion d’échelle : « L’assemblée déci­de­rait non seule­ment de la pro­duc­tion, mais éga­le­ment de la dis­tri­bu­tion des moyens d’existence maté­riels, rem­plis­sant ain­si la pro­messe de l’après-rareté. » Plu­sieurs objec­tions peuvent être faites à ce postulat. […]

La muni­ci­pa­li­té deve­nant pro­prié­taire des moyens de pro­duc­tion, les citoyen-nes de celle-ci sont donc cen­sé-es déter­mi­ner les condi­tions de la pro­duc­tion, ce qui fait dire à Janet Biehl que « ceux qui tra­vaillent dans une usine par­ti­ci­pe­raient à l’élaboration des poli­tiques non seule­ment pour cette usine, mais pour toutes les autres, aus­si bien que pour les fermes ; non pas à titre d’ouvriers, de fer­miers, de tech­ni­ciens, d’ingénieurs ou de pro­fes­sion­nels, mais en qua­li­té de citoyens. » 

[…] La relo­ca­li­sa­tion de l’économie est un objec­tif indis­pen­sable de toute poli­tique éco­lo­gique visant à limi­ter les émis­sions exces­sives de gaz à effet de serre qui mettent en dan­ger l’existence même de la vie humaine sur cette pla­nète. Il n’en reste pas moins que pour cer­taines pro­duc­tions, les éco­no­mies d’échelle sont aus­si une source d’économies éner­gé­tiques qui peuvent avoir un effet éco­lo­gique posi­tif, ce qui n’a pas échap­pé à Janet Biehl : « À l’échelon confé­dé­ral, les diverses muni­ci­pa­li­tés par­ta­ge­raient les res­sources et pren­draient des déci­sions concer­nant la pro­duc­tion et la distribution. […] 

« Si une muni­ci­pa­li­té essayait de s’enrichir au détri­ment des autres, ses par­te­naires confé­dé­rées auraient le droit de l’en empê­cher. Une poli­ti­sa­tion com­plète de l’économie pren­drait place, éten­dant l’économie morale à une échelle plus large. » (10)

Le muni­ci­pa­lisme s’oppose à la natio­na­li­sa­tion ou appro­pria­tion des moyens de pro­duc­tion par l’État qui abou­ti­rait à une nou­velle forme de pro­prié­té pri­vée en pro­prié­té éta­tique : Cela vien­drait chan­ger la forme du pou­voir sans l’abolir. Il s’oppose logi­que­ment à la pro­prié­té pri­vée pour son carac­tère aléa­toire, indi­vi­duel, concur­ren­tiel etc. (voir cri­tique du capitalisme).

« Toute uni­té éco­no­mique de pro­prié­té pri­vée, qu’elle soit gérée col­lec­ti­ve­ment ou par des direc­teurs, pro­prié­té de tra­vailleurs ou d’actionnaires, est non seule­ment sujette à être assi­mi­lée par le sys­tème capi­ta­liste, mais condam­née à l’être un jour, que cela plaise ou non à ses membres. tant et aus­si long­temps que dure­ra le capi­ta­lisme, la concur­rence exi­ge­ra tou­jours des entre­prises com­prises en son sein qu’elles recherchent les coûts les plus bas (y com­pris celui de la main‑d’œuvre), des mar­chés plus grands et des avan­tages sur leurs rivales, pour maxi­mi­ser les pro­fits. Elles auront tou­jours ten­dance à appré­cier les êtres humains selon leur niveau de pro­duc­ti­vi­té et de consom­ma­tion de pré­fé­rence à tout autre cri­tère. » Biehl (11)

Il faut donc, pour abo­lir l’État et le capi­ta­lisme, éta­blir une muni­ci­pa­li­sa­tion de l’économie : chaque muni­ci­pa­li­té s’approprie les moyens de pro­duc­tion et ceux-ci doivent être contrô­lés et gérés par les citoyen·e·s dans l’intérêt de toute la com­mu­nau­té et de ses besoins. Ce qui résou­drait le pro­blème de la mar­chan­dise et de sa nature.

« C’est l’un des rares textes (From Urba­ni­za­tion to Cities) consa­crés par Book­chin à l’économie. Pour l’essentiel, il consti­tue une cri­tique radi­cale de l’ « éco­no­mie de mar­ché », mais – et c’est là son ori­gi­na­li­té et, peut-on pen­ser, son inté­rêt – ce n’est en rien une cri­tique d’économiste, qui met­trait en évi­dence les dys­fonc­tion­ne­ments, les absur­di­tés ou l’inéluctabilité de la crise de cette économie. […]

Presque toutes les muni­ci­pa­li­tés avaient dans le pas­sé été frag­men­tées par des dif­fé­rences de sta­tut éco­no­mique, avec des classes pauvres, moyennes et riches dres­sées les unes contre les autres jusqu’au point de rui­ner les liber­tés muni­ci­pales, comme le montre clai­re­ment l’histoire san­glante des com­munes du Moyen-âge et de la Renais­sance en Italie. […] 

À une échelle sans pré­cé­dent dans l’histoire amé­ri­caine, une énorme varié­té de groupes de citoyens ont ras­sem­blé des gens de toute ori­gine de classe dans des pro­jets com­muns autour de pro­blèmes sou­vent à carac­tère local mais qui concernent la des­ti­née et le bien-être de l’ensemble de la communauté. […] 

La pro­prié­té pri­vée, au sens tra­di­tion­nel du terme, qui per­pé­tuait le citoyen en tant qu’individu éco­no­mi­que­ment auto­suf­fi­sant et poli­ti­que­ment indé­pen­dant est en train de dis­pa­raître. Elle ne dis­pa­raît pas parce que le « socia­lisme ram­pant » a dévo­ré la « libre entre­prise » mais bien parce que la « grande firme ram­pante » a tout dévo­ré – iro­ni­que­ment au nom de la « libre entre­prise ». L’idéal grec d’un citoyen poli­ti­que­ment sou­ve­rain qui pou­vait juger ration­nel­le­ment des affaires publiques parce qu’il était libé­ré du besoin maté­riel et du clien­té­lisme n’est plus qu’une moquerie. […]

Le muni­ci­pa­lisme liber­taire pro­pose de redé­fi­nir la poli­tique pour y inclure une démo­cra­tie com­mu­nale directe qui s’étendra gra­duel­le­ment sous des formes confé­dé­rales, en pré­voyant éga­le­ment une approche dif­fé­rente de l’économie. Le muni­ci­pa­lisme liber­taire pro­pose que la terre et les entre­prises soient mises de façon crois­sante à la dis­po­si­tion de la com­mu­nau­té, ou, plus pré­ci­sé­ment, à la dis­po­si­tion des citoyens dans leurs libres assem­blées et de leurs dépu­tés dans les conseils confédéraux. […]

La maxime de cha­cun selon ses capa­ci­tés, à cha­cun selon ses besoins, cette exi­gence célèbre des dif­fé­rents socia­lismes du XIXe siècle, se trou­ve­rait ins­ti­tu­tion­na­li­sée comme une dimen­sion de la sphère publique. […]

Aucune com­mu­nau­té ne peut espé­rer acqué­rir une autar­cie éco­no­mique, ni ne devrait essayer de le faire. Éco­no­mi­que­ment, la large gamme de res­sources néces­saires à la pro­duc­tion de nos biens d’usage cou­rant exclut l’insularité refer­mée sur elle-même et l’esprit de clo­cher. Loin d’être une contrainte, l’interdépendance entre com­mu­nau­tés et régions doit être consi­dé­rée – cultu­rel­le­ment et poli­ti­que­ment – comme un avantage. 

L’interdépendance entre les com­mu­nau­tés n’est pas moins impor­tante que l’interdépendance entre les indi­vi­dus. Si elle est pri­vée de l’enrichissement cultu­rel mutuel qui a sou­vent été le pro­duit de l’échange éco­no­mique, la muni­ci­pa­li­té tend à se refer­mer sur elle-même et s’engloutit dans une forme de pri­va­tisme civique. Des besoins et des res­sources par­ta­gés impliquent l’existence d’un par­tage et, avec le par­tage, d’une com­mu­ni­ca­tion, d’un rajeu­nis­se­ment grâce à des idées nou­velles et d’un hori­zon social élar­gi qui faci­lite une sen­si­bi­li­té accrue aux expé­riences nou­velles. » — Jean Vogel (12)

Il faut donc, pour abo­lir l’E­tat et le capi­ta­lisme, éta­blir une muni­ci­pa­li­sa­tion de l’économie

L’automatisation et les machines peuvent créer une socié­té d’abondance au sein de laquelle tous les tra­vaux pénible pour­raient être effec­tués par des machines.

« Selon Colin Ward, l’expérience a révé­lé que les pro­po­si­tions de tra­vail inten­sif, de pro­duc­tion vivrière décen­tra­li­sée, faites par Kro­pot­kine il y a un siècle, sont tout à fait pra­ti­cables. Comme il l’a remar­qué, l’expérience japo­naise (évo­lu­tion de l’insuffisance du tra­vail domes­tique vers l’auto-suffisance jusqu’à une sur­pro­duc­tion exces­sive) illustre la vrai­sem­blance tech­nique des pro­po­si­tions de Kro­pot­kine quant à la pro­duc­ti­vi­té plus que suf­fi­sante de l’agriculture inten­sive. […] Le groupe de tech­no­lo­gie inter­mé­diaire de E.F. Schu­ma­cher a per­pé­tué la tra­di­tion de pen­seurs comme Kro­pot­kine et Williams Mor­ris en déve­lop­pant des tech­no­lo­gies dites appro­priées qui per­met­tront aux socié­tés en déve­lop­pe­ment de résoudre leurs pro­blèmes de rare­té et de chô­mage, tout en évi­tant les consé­quences désas­treuses de l’urbanisation et une lourde industrialisation.

Ce sera l’abondance des tech­no­lo­gies et du temps libre déga­gé par celle-ci : « la tech­no­lo­gie insé­rée dans le capi­ta­lisme ne peut être qu’aliénante et des­truc­trice tan­dis que dans une pers­pec­tive liber­taire elle peut être véri­ta­ble­ment libé­ra­trice tout en étant anti-pro­duc­ti­viste et éco­lo­gique de cette manière le temps libre en tant que pri­vi­lège social peut être abo­lie. » (13)

Ce temps libre per­met aux individu·e·s d’exercer et d’affûter leur capa­ci­té poli­tique, d’établir une édu­ca­tion popu­laire et de mettre en place les stra­té­gies du muni­ci­pa­lisme liber­taire étu­diées dans la par­tie précédente.

Pra­tique du muni­ci­pa­lisme liber­taire : éco­lo­gie sociale

Pour ce qui est de la pra­tique du muni­ci­pa­lisme / com­mu­na­lisme nous ne man­quons pas d’exemples his­to­riques : la com­mune de Paris, celles de Krons­tadt, celles de la CNT espa­gnoles, celles des Zapa­tistes etc.

Aujourd’hui il existe des pos­si­bi­li­tés muni­ci­pa­listes liber­taires dans cer­taines com­munes fran­çaises, ancrées depuis tou­jours dans les tra­di­tions de la gauche radi­cale. Comme cela fut le cas à Van­don­court en 1971 :

« En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, dans un vil­lage asep­ti­sé par manque de pro­jets, un son­dage est orga­ni­sé, un pro­gramme éla­bo­ré, une liste dépo­sée, un slo­gan dif­fu­sé : on est plus intel­li­gents à plu­sieurs que seul ! La liste l’emporte. […] Une fois en place, la nou­velle équipe met en pra­tique les prin­cipes qui l’ont fait élire : infor­ma­tion libre et trans­pa­rente, aucun sujet tabou, com­mis­sions extra-muni­ci­pales en place sur divers sujets (enfance, bâti­ments, bud­get…) ouvertes à tous, réunions publiques men­suelles infor­mant ceux qui ne peuvent se rendre aux réunions pré­pa­ra­toires, conseil des jeunes, des anciens, des asso­cia­tions ! […] Démo­cra­tie directe va de pair avec auto­ges­tion et contrôle popu­laire… » (14)

En 1971 le vil­lage est pas­sé en démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive. Le fonc­tion­ne­ment est de type auto­ges­tion. La vie démo­cra­tique s’or­ga­nise grâce à :
• un conseil de treize membres élus ;
• un conseil des jeunes ;
• un conseil des anciens ;
• un conseil des associations.

Les conseils se réunissent, au moins chaque mois, ce sont là soixante citoyens ras­sem­blés. Sept com­mis­sions sont mises en place (sco­laire, bud­get, tech­nique, déve­lop­pe­ment éco­no­mique, sociale, fêtes et céré­mo­nies, envi­ron­ne­ment). Ce sont elles qui s’in­forment des besoins, qui éla­borent les solu­tions pra­tiques et qui contrôlent les réa­li­sa­tions. Elles sont sous le contrôle des conseils. Ain­si la com­mis­sion des finances est com­po­sée d’é­lus et de non-élus. (15)

Ces expé­riences ali­mentent les récits de poli­tique-fic­tion muni­ci­pa­liste tel que La Com­mune Libre de Saint-Mar­tin – Une expé­rience com­mu­nale du XXI ème siècle, de Jean-Fran­çois Aupetitgendre :

« [Q]uant aux conflits per­son­nels, ils étaient mis en exergue par la pra­tique démo­cra­tique. Dans les débats, il appa­rais­sait sou­vent que deux pro­po­si­tions anta­go­nistes n’avaient pour prin­ci­pal motif qu’une riva­li­té amou­reuse, une vieille dis­pute mal réso­lue, des jalou­sies diverses et variées, voire des dif­fi­cul­tés tout à fait intimes. Le besoin de pou­voir de celui qui se sent terne, la cri­tique per­ma­nente de celui qui ne croit plus en lui, la vio­lence de celui qui n’arrive pas à dire ce qu’il veut, le dépres­sif qui décou­ra­ge­rait un régi­ment d’entrepreneurs, le para­no qui sait bien que tout est fait pour lui nuire, le frus­tré qui ne jouit que de la frus­tra­tion de l’autre, le névro­sé qui regrette que deux et deux fassent quatre, le psy­cho­tique qui sait bien que deux et deux font cinq mais s’en fout, tous ces tra­vers bien
humains ren­daient la vie des comi­tés par­fois intenable».

« Chaque membre des conseils fut doté d’une série de car­tons de cou­leur lui per­met­tant d’exprimer sa posi­tion dans le débat. Le car­ton vert signi­fiait : Je me sens bien dans cette pro­po­si­tion, le car­ton bleu : Je n’ai pas d’opinion et je laisse faire les choses, le mar­ron : J’ai besoin de plus d’explication, le vio­let : Je suis réser­vé et pro­pose un amen­de­ment, le rouge : Je m’oppose à la pro­po­si­tion et veux en chan­ger. Au fur et à mesure des débats, la cou­leur domi­nante appa­rais­sait rapi­de­ment et aucune déci­sion ne pou­vait être prise avant que les cou­leurs vert et bleu ne se soient impo­sées, c’est-à-dire qu’un consen­sus géné­ral ne soit obtenu. 

De la même manière, l’usage d’un bâton de parole fut mis à l’honneur. Un bri­co­leur mar­ti­nois de génie mit au point un tube lumi­neux qui s’allumait au contact de la main et s’éteignait de lui-même au bout de cinq minutes. (…) Cette pra­tique évi­ta la mono­po­li­sa­tion des débats par les forts en gueule, obli­gea cha­cun à pré­pa­rer soi­gneu­se­ment ses inter­ven­tions et mit fin aux brou­ha­has insup­por­tables ». (16)

Pour finir, au niveau local, dans la pra­tique du muni­ci­pa­lisme liber­taire appa­raît l’écologie car, en pre­nant pos­ses­sion des entre­prises, les citoyen·ne·s ne peuvent mettre en péril leur propre envi­ron­ne­ment, leur air et leur eau sans en avoir conscience : les citoyen·ne·s plei­ne­ment impliqué·e·s et informé·e·s n’iront en aucun cas voter pour des pra­tiques qui condui­raient à la des­truc­tion de leur com­munes (sauf en cas de besoin vital).

Dans cette même logique, les délégué·e·s confédéraux·les sont envoyé·e·s par et pour don­ner l’avis des com­munes — sur les normes à éta­blir au niveau confé­dé­ral — au sujet de la pro­duc­tion, de la dis­tri­bu­tion ou du transport.

Tou­jours en dehors des ins­ti­tu­tions domi­nantes, les com­munes per­mettent de chan­ger radi­ca­le­ment les pra­tiques des entre­prises et leurs impacts sur l’environnement. La com­mune sait de quoi elle a besoin, elle demande ; elle sait com­ment et pour­quoi, elle dirige, coor­donne, délègue, révoque via les conseils citoyens.

Dans le pro­gramme élec­to­ral des verts de Burlington :

« Nous vou­lons créer une nou­velle poli­tique pour Bur­ling­ton, une poli­tique qui soit fon­dée sur l’écologie, le contrôle de la crois­sance, une éco­no­mie morale, la jus­tice sociale et une véri­table démo­cra­tie de la base. […]

Les verts de Bur­ling­ton veulent un mora­toire sur la crois­sance. Il est essen­tiel que les citoyens aient le temps de dis­cu­ter, dans des assem­blées publiques, le pro­blème qui se pose à bur­ling­ton et de déci­der démo­cra­ti­que­ment com­ment notre com­mu­nau­té peut se déve­lop­per selon des normes éco­lo­giques, huma­nistes et rationnelles. […]

Nous vou­lons que des efforts sérieux soient faits pour employer des sources d’énergie renou­ve­lables comme l’énergie solaire, éolienne et à base de méthane. Le recy­clage et la réduc­tion des déchets devraient être une prio­ri­té, tout comme la mise en place d’un pro­gramme régio­nal pour le par­tage de nos res­sources éner­gé­tiques avec les com­mu­nau­tés voi­sines.» (17)

« Les Bur­ling­ton Greens du Ver­mont ont uti­li­sé ce docu­ment comme pro­gramme élec­to­ral en mars 1989, quand ils ont pré­sen­té deux can­di­dats au conseil muni­ci­pal et un à la mai­rie, lors d’une cam­pagne muni­ci­pa­liste liber­taire. » (18)

Thi­baud Casas

Notes et références :

(1) : Poli­ti­kon : https://www.youtube.com/watch?v=lV4U5oY9XBc
(2) : https://vivelademocratieblog.files.wordpress.com/2016/05/le-municipalisme-libertaire.pdf
(3) : « […] C’est seule­ment l’ad­mi­nis­tra­tion de ces direc­tives poli­tiques qui peut être confiée à des conseils, des com­mis­sions ou des col­lec­tifs d’in­di­vi­dus qua­li­fiés, éven­tuel­le­ment élus, qui exé­cu­te­raient le man­dat popu­laire sous contrôle public et en ren­dant des comptes aux assem­blées qui prennent les déci­sions… » – Book­chin – Une socié­té à refaire, édi­tions Éco­so­cié­té, 1993, p. 255–256.
(4) : Les Ours de Berne et l’Ours des Saint-Pétersbourg
(5) : En nombre et en ressource
(6) : — John Clark dans « Intro­duc­tion à la phi­lo­so­phie éco­lo­gique et poli­tique de l’anarchisme ».
(7) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Murray_Bookchin
(8) : https://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/FERNANDEZ/55910
(9) : Poli­ti­kon : https://www.youtube.com/watch?v=lV4U5oY9XBc
(10) : https://www.economie.org/blog/janet-biehl-le-municipalisme-libertaire/ Cette source est uti­li­sée uni­que­ment car elle relate le livre de Janet Biehl
(11) : Le muni­ci­pa­lisme liber­taire, p. 130
(12) : https://populaction.com/murray-bookchin-municipalisme-libertaire-nouvelle-politique-communale/ : Eco­no­mie : Extraits de From Urba­ni­za­tion to Cities (Londres, Cas­sell, 1995). Tra­duit par Jean Vogel pour la revue Articulations.
(13) : John Clark dans Intro­duc­tion à la phi­lo­so­phie éco­lo­gique et poli­tique de l’anarchisme
(14) : Van­don­court : https://matricien.wordpress.com/politique/anarchisme/vandoncourt/
(15) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vandoncourt
(16) : https://populaction.com/la-commune-libre-de-saint-martin-une-experience-communale-du-xxieme-siecle-ou-comment-de-simples-citoyens-peuvent-ensemble-trouver-les-moyens-de-regler-les-problemes-du-travail-de-la-fermetur/
(17) : https://vivelademocratieblog.files.wordpress.com/2016/05/le-municipalisme-libertaire.pdf p. 198–200

Annexes  :

1. Le muni­ci­pa­lisme liber­taire de Janet Biehl :
https://vivelademocratieblog.files.wordpress.com/2016/05/le-municipalisme-libertaire.pdf

2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Municipalisme_libertaire

3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Murray_Bookchin

4. Intro­duc­tion à la phi­lo­so­phie éco­lo­gique et poli­tique de l’anarchisme de John Clark :
https://www.academia.edu/3188213/Introduction_à_la_Philosophie_Écologique_et_Polit que_de_LA narchisme_PDF_

5. Urba­ni­za­tion Without Cities: The Rise and Decline of Citi­zen­ship, Mur­ray. Book­chin :
https://libcom.org/library/urbanization-without-cities-rise-decline-citizenship

6. Social anar­chism or life­style anar­chism: an unbrid­geable chasm – M. Bookchin :
https://libcom.org/library/social-anarchism–lifestyle-anarchism-murray-bookchin

[Lettre ouverte] INSA : Principes fondateurs

À toutes celles et tous ceux qui pensent à 2022 et le pre­mier d’entre eux, Monsieur
Emma­nuel MACRON, Pré­sident de la Répu­blique Française,
À toutes celles et tous ceux qui cherchent des ambi­tions pour notre pays,
À toutes celles et tous ceux qui devront affron­ter le futur et les bou­le­ver­se­ments à venir,
À toutes celles et tous ceux qui misent sur l’intelligence collective,
À toutes celles et tous ceux qui ont tout à gagner de l’ascenseur social,
À toutes celles et tous ceux qui essayent de trans­mettre l’amour de la connaissance,
À toutes celles et tous ceux qui aiment la tech­nique et veulent « … le bien géné­ral de
tous les hommes… »
À toutes celles et tous ceux qui espèrent un monde meilleur grâce aux « ingé­nieux ingénieurs »*
À toutes celles et tous ceux qui rejettent « … cette phi­lo­so­phie spé­cu­la­tive qu’on enseigne dans les écoles… », et cherchent si « … on en peut trou­ver une pra­tique, par laquelle, connais­sant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous envi­ronnent, aus­si dis­tinc­te­ment que nous connais­sons les divers métiers de nos arti­sans, nous les pour­rions employer en même façon à tous les usages aux­quels ils sont propres… », car cette école est « à dési­rer pour l’invention d’une infi­ni­té d’artifices, qui feraient qu’on joui­rait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les com­mo­di­tés qui s’y trouvent… ».**

* Boris Vian
**Cita­tions du Dis­cours de la méthode, Des­cartes, 1637

 

INSA : Prin­cipes fondateurs

L’augmentation très impor­tante de frais d’inscription est sur la table depuis plu­sieurs mois, semant le trouble chez tous ceux qui res­tent atta­chés à un modèle social où l’on essaie de réduire les obs­tacles éco­no­miques ou finan­ciers à l’attractivité de l’INSA, des INSA devrait-on dire, car leur modèle est fon­dé sur la même philosophie.

En effet, les dépenses aug­mentent, les bud­gets sont contraints, les recettes sont limi­tées, tout cela est vrai, mais il est de noto­rié­té publique que la masse sala­riale est enca­drée par l’État, les sta­tuts des per­son­nels ensei­gnants ou admi­nis­tra­tifs ne per­mettent pas d’outrepasser les limites bud­gé­taires. Pour « prou­ver » la néces­si­té de cette hausse des frais d’inscription l’argumentation repo­sant sur l’idée d’une explo­sion des coûts de fonc­tion­ne­ment des INSA depuis des années, est biai­sée : ce sont des coûts rela­tifs à des acti­vi­tés autres que d’enseignement, engen­drés par diverses « mis­sions » dont la jus­ti­fi­ca­tion est sus­cep­tible de cri­tique, voire de contestation.

La remise en cause du modèle démo­cra­tique des INSA, voire sa tra­hi­son, ne risque pas de faire chu­ter le nombre des can­di­dats à l’entrée du cur­sus (moins de 8% d’admis en pre­mière année), mais accen­tue­ra une tendance :
— Il y a un tiers des étu­diants qui béné­fi­cient d’une bourse ;
— 20% maxi­mum de bour­siers dans les écoles d’ingénieur ;
— 12% de bour­siers dans les écoles de commerce.
Les écoles de com­merce sont des orga­nismes pri­vés qui ne cachent pas leur modèle éco­no­mique, c’est l’argent qui prime, et la sélec­tion s’opère sur des cri­tères uni­ver­si­taires, mais aus­si par les ori­gines sociales et la bonne for­tune des candidats.

Les écoles d’ingénieur sont publiques et pri­vées, l’INSA se dis­tingue par son ori­gi­na­li­té : ins­ti­tu­tion publique, elle recrute dès le pre­mier cycle uni­ver­si­taire, afin d’attirer les voca­tions que le modèle des pré­pas-concours rebute. La sélec­tion sociale joue très for­te­ment dans ces filières (X, ENS, …), et pour en atté­nuer les effets, les étu­diants y sont indem­ni­sés durant leur scolarité.

Les talents et les voca­tions que l’INSA doit recher­cher lui imposent de main­te­nir cette exi­gence de recru­te­ment large, et il est néces­saire de ne pas faire jouer la repro­duc­tion sociale, et d’en atté­nuer les consé­quences néfastes par le rôle que doivent jouer les bourses et les frais de sco­la­ri­té modérés.

Ce posi­tion­ne­ment stra­té­gique de l’INSA est conforme à ses sta­tuts, aux valeurs qui ont assu­ré son rayon­ne­ment depuis 1957, en confor­mi­té avec les textes de la Constitution.

En effet, les INSA sont des écoles d’ingénieurs publiques basées sur le modèle
déve­lop­pé par le phi­lo­sophe Gas­ton Ber­ger et le rec­teur Jean Capelle lors
de la créa­tion de l’INSA de Lyon dans les années 50 ; l’objectif étant d’accompagner
le déve­lop­pe­ment de l’enseignement supé­rieur et la démo­cra­ti­sa­tion des études. Le besoin en ingé­nieurs et scien­ti­fiques de haut niveau était très fort, il n’a jamais fai­bli ; bien plus, c’est leurs apti­tudes à mai­tri­ser les muta­tions tech­niques et sociales qui se sont avé­rées per­ti­nentes. Les Ins­ti­tuts ont été fon­dés sur des prin­cipes et des exi­gences sociales impré­gnant encore aujourd’hui for­te­ment leur gou­ver­nance : l’application aux sciences et tech­niques des prin­cipes répu­bli­cains éman­ci­pa­teurs de la France, illus­trant liber­té, éga­li­té, fra­ter­ni­té.

La voca­tion des INSA est de per­mettre aux élèves des classes moyennes ou popu­laires d’accéder à un ensei­gne­ment de grande qua­li­té et de haut niveau scien­ti­fique et tech­nique ; une source d’ascension sociale sans rup­ture avec les milieux d’origine, et la for­ma­tion huma­niste devait don­ner un sens au pro­grès social, l’autre facette du pro­grès tech­nique. La tech­nique n’est pas une fin en soi, et l’intérêt géné­ral est une réa­li­té tangible.

Ce recru­te­ment a don­né à la socié­té dans son ensemble des ingé­nieurs entrés par les filières d’enseignement tech­nique ou d’enseignement géné­ral, des hommes et des femmes qui ont eu par la suite à cœur de faire rayon­ner par l’exemplarité de leur par­cours pro­fes­sion­nel les connais­sances, les savoirs acquis durant leur sco­la­ri­té, solide socle leur faci­li­tant un per­fec­tion­ne­ment ou une adap­ta­tion au long cours.

Si l’ex­cel­lence était le mot d’ordre, la com­pé­ti­tion ne jouait pas un rôle de sélec­tion ou créa­tion d’une hié­rar­chie, d’une rivalité.

La mul­ti­pli­ci­té des dépar­te­ments et des spé­cia­li­sa­tions avait, dans l’esprit de ses fon­da­teurs, pour contre­par­tie le tronc com­mun, la colonne ver­té­brale de l’INSA : le dépar­te­ment des Huma­ni­tés, per­met­tant à tous de décou­vrir de nou­veaux hori­zons du savoir, ou de com­bler des attentes insa­tis­faites pour toutes les rai­sons pos­sibles, par­ti­cu­liè­re­ment les étu­diants étran­gers, ou les lycéens issus des filières non clas­siques. Son ani­ma­teur prin­ci­pal, Jean-Marie AUZIAS, disait que le bary­centre de l’IN­SA devait être la Rotonde, le lieu emblé­ma­tique du dépar­te­ment des Huma­ni­tés. Avant tout il faut voir cette idée des Huma­ni­tés de l’INSA comme un ensemble diver­si­fié puisque point de conver­gence et de ren­contre, ce dépar­te­ment ne se limi­tait pas à la concep­tion de la for­ma­tion huma­niste clas­sique à la fran­çaise. Le sport, la musique, les arts en géné­ral, les richesses appor­tées par les étu­diants de tous pays en fai­saient par­tie. Si l’excellence était le mot d’ordre, la com­pé­ti­tion ne jouait pas un rôle de sélec­tion ou de créa­tion d’une hié­rar­chie, d’une riva­li­té. L’esprit d’équipe comme ver­tu a de fait géné­ré un état d’esprit qui a pu être jugé comme une marque de fabrique de l’INSA.

Cette hausse des frais d’inscription devant pas­ser de quelques cen­taines d’euros à quelques mil­liers d’euros appa­rait comme un pis-aller, un expé­dient don­nant l’illusion que cela n’altèrera pas la voca­tion de l’INSA. Appuyer dans les mois à venir cette demande auprès du minis­tère de l’Education Natio­nale par la volon­té et la néces­si­té de ren­for­cer le modèle social des INSA est un mar­ché de dupe et une honte à la mémoire de ses deux fon­da­teurs. Même si les inéga­li­tés sociales et édu­ca­tives à tra­vers les dif­fé­rents ter­ri­toires de la Répu­blique sont crois­santes, cher­cher à les com­battre peut se faire sim­ple­ment et sans frais sup­plé­men­taires en modi­fiant les cri­tères de sélec­tion des can­di­da­tures post-bac : le Groupe INSA ne devra pas s’attacher en prio­ri­té aux résul­tats du bac qui favo­risent les élèves des lycées les plus renom­més des « beaux quar­tiers » au sein des grandes métro­poles. Mais, voi­là, l’esprit ini­tia­tique et huma­niste des fon­da­teurs de l’INSA-Lyon n’est plus aujourd’hui.

Les orien­ta­tions pro­po­sées actuel­le­ment, si elles sont main­te­nues, signe­ront sur­tout et avant tout la fin de la seule école d’ingénieurs publique, laïque et répu­bli­caine, conforme aux ver­tus et aux enga­ge­ments huma­nistes de la socié­té française.

A bons enten­deurs, Salut !

Jacques VERDIER, Ensei­gnant-Cher­cheur à l’INSA-LYON
Richard GARCIA, Ingé­nieur INSA-LYON, Retraité

Remettre en cause

A l’IN­SA, on est là pour for­mer la future élite de la nation: celle qui sera à la pointe de l’in­no­va­tion. Pour cela il nous faut des com­pé­tences scien­ti­fiques hors du com­mun, “l’ex­cel­lence aca­dé­mique” comme ils disent: des maths, de la phy­sique, de la chi­mie, de la ther­mo et j’en passe tel­le­ment la liste de ces mots effrayants pour le com­mun des mor­tels peut être longue. Com­ment fait-on ren­trer tout ça dans la tête des étudiant·e·s ? Par des amphis où l’on apprend les for­mules, et des TDs où on les applique. L’en­semble de ce que l’on apprend relève d’un consen­sus scien­ti­fique sou­vent bien éta­bli, mais il peut arri­ver qu’on nous fasse apprendre des choses sans nous expli­quer pour­quoi elles sont vraies, sans aucune démons­tra­tion. C’est ce qui a dû vous arri­ver si vous avez sui­vi un cours avec des normes, ou même un cours sur une norme (si si ça existe, venez en GCU pour y croire). C’est une véri­té indis­cu­table que l’on doit accep­ter comme elle est parce qu’elle pro­vient de l’ex­pé­rience et d’un consen­sus entre des acteurs pro­fes­sion­nels ; des choses inex­pli­cables avec un tableau et une craie. N’est-ce pour­tant pas à l’in­verse du rai­son­ne­ment scien­ti­fique que d’ac­cep­ter une véri­té sans la ques­tion­ner ? Sans la remettre en cause ?

C’est avec cette ambi­tion que s’est mon­té le cours Remettre en Cause (REC pour les intimes) : construire les savoirs col­lec­ti­ve­ment, se les appro­prier, les ques­tion­ner. Orga­ni­sé et ani­mé depuis 5 ans par des étudiant·e·s, ce cours à la carte vient à contre pied de l’en­sei­gne­ment tra­di­tion­nel, des­cen­dant et sou­vent très ennuyeux. Ici, on par­tage, on s’é­coute et on débat autour de sujets socié­taux avec des méthodes d’a­ni­ma­tion issues de l’é­du­ca­tion popu­laire. L’ex­pé­rience est ouverte à tout le monde pour une séance ou deux, ou trois, ou autant que vous vou­drez. Ça a lieu le mer­cre­di de 16h à 18h en salle Prince Valiant, bâti­ment Jules Vernes (GI). Pour retrou­ver toutes les infos sur ce cours, la page moo­dle est acces­sible: Centre des Huma­ni­tés => SHS (Sciences Humaines et Sociales) => Cours à la carte => Remettre en Cause…notre socié­té et notre for­ma­tion pour un futur durable et désirable.

A très bien­tôt en REC
Toute l’é­quipe d’animation

Rénovation du modèle social : combat et enjeu démocratique

La com­mu­ni­ca­tion offi­cielle de l’INSA

Pour faire suite à un constat de l’Institut Gas­ton Ber­ger qui observe une uni­for­mi­sa­tion de l’origine social des étu­diants du cam­pus, l’INSA sou­haite réno­ver son modèle social avec trois leviers de finan­ce­ment : faire du lob­bying auprès des pou­voirs publics pour le sou­tien d’un modèle éco­no­mique réno­vé et inclu­sif, un mécé­nat de soli­da­ri­té inter­gé­né­ra­tion­nelle et, la fameuse, une aug­men­ta­tion glo­bale des frais de sco­la­ri­té par un sys­tème éche­lon­né en fonc­tion du foyer fis­cal de l’étudiant.

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