Avant d’achever ses études, ce courageux aventurier a décidé de tenter l’impossible : manger dans tous les RU de la Métropole de Lyon. Ceci est son histoire.
En 2022, j’ai vécu mes derniers mois d’étudiant. Parmi tout ce que j’allais perdre avec mon statut, les tarifs alléchants aux cinémas et aux Ninkasi, et surtout deux choses : la joie d’aller réviser dans les Bibliothèques universitaires, et le plaisir de manger dans les Restaurants Universitaires.
Offrant à bas prix de multiples repas aux ventres insatiables des étudiants, les RU lyonnais ravissent les papilles de milliers de bouches grâce à leurs différents selfs — le sud, grillade, plat du jour et leurs plateaux-repas plus ou moins bien garnis. Ou peut-être qu’ils ne font que remplir le ventre pour pas trop cher, le plus souvent. Moi, jeune rat des villes aux cinq années d’études, elles m’ont ravi à chaque euro que m’ont compté leurs repas.
Devant le compte à rebours de mes derniers mois d’étudiants, je me suis mis en quête de deux choses : manger dans tous les RU, et travailler dans toutes les BU de Lyon. Ceci est l’histoire des RU.
N’ai-je vu que de banales cantines un peu partout ? Grand dieu non ! Après de grandes difficultés à le trouver, j’ai ainsi découvert le RU de Lyon 3, à la Manufacture des Tabacs. Ce très beau campus possède — quel luxe — plusieurs restaurants : une boulangerie-snack, un excellent bar qui sert aussi des pizzas et des big burgers, et même un bon gros MacDonald’s. Tous ces restos ont pignon sur rue. Tous, sauf le RU, qui se trouve dans les souterrains. En l’absence de lumière naturelle, on y découvre une ambiance très travaillée à base de spots multicolores. Le souci, c’est que la luminosité est loin d’être au max, et qu’on y mange un peu dans la pénombre. Longues files d’attente et peu de choix me feront lui donner une appréciation moyenne.
Après les souterrains, j’ai découvert les meilleurs RU de Lyon, et surtout, l’école qui possède deux RU à elle seule ! L’ENS. Modernes, pleins de choix, elles offrent certainement le meilleur rapport qualité-prix. À Descartes, j’ai dû m’infiltrer pour gagner le privilège de manger avec la future élite de la nation, avec vue sur un joli parc privé en plein cœur de Gerland. J’ai aussi dû m’introduire dans l’IUT fermé de Gratte-Ciel. L’ambiance y était plus… masculine. Pas de parc privé en plein cœur de Villeurbanne cependant. Les saucisses lentilles étaient goûtues, au moins.
Au RU des Berges du Rhône, j’ai assisté aux cérémonies de remise des prix du Crous en mangeant des petits fours. J’y ai aussi jeté par inadvertance de la sauce sur mes voisins de table. Au RU de Portes des Alpes, j’ai étouffé dans la queue interminable avant de mâchonner mes steaks de soja en contemplant le tramway passer. J’ai foutu les pieds sur le campus plutôt sympa de Centrale, à Écully, commune dont les insaliens ne soupçonnent même pas l’existence, et c’était banal. Enfin, j’ai dégusté des pâtes dans un charmant petit RU des contrées connues mais fuies des insaliens de Vaulx-en-Velin. Seul le RU de Saint-Genis-Laval m’aura définitivement résisté. Mon cerveau malade n’était pas prêt à aller jusque-là un jour de cours ou de stage. Car ne l’oublions pas, qu’importent les collègues, même quand on est stagiaire, on peut enfourcher son vélo et continuer à bouffer au CROUS pour pas cher.
Mais s’il y a une chose que cette aventure m’a appris, c’est que le plus pourri de tous les RU de Lyon, celui qui a un faux-plafond dévoré par un dégât des eaux, celui où on passe régulièrement à côté de seaux d’eaux, celui où le convoyeur de la plonge grince atrocement, celui où il fait ultra chaud en été, et ultra froid en hiver, celui où les rideaux sont des morceaux de tissus déchirés depuis des siècles, celui où les portions sont les plus faibles, celui où dès 12h20, vous n’aurez plus d’autre choix que la salade verte au jambon que vous noierez de sauce salade, et de mon expérience, celui où le personnel tire le plus la tronche, c’est bien celui de la Doua, le RU Jussieu. Il y avait bien le RU Puvis de Chavannes qui lui tenait concurrence il y a 4 ou 5 ans. Il tombait en ruine, il a fermé, il est en cours de réhabilitation à présent… Il rouvrira un jour plus beau, plus grand, plus rutilant que jamais.
La prochaine fois que vous mangerez des brocolis duo de carottes tout secs au RU Jussieu, ou qu’un membre du personnel insultera vos familles pour n’avoir pas dit bonjour assez fort, rappelez-vous que le Beurk, l’Olivier et feu le Grillon, ce n’est pas si mal aussi. Pensez aussi à ces gens de l’UCLy, d’Agro et de toutes ces petites écoles qui n’ont pas de RU, et savourez vos quatre points de lasagnes épinard chèvre avec amour. Ou attendez l’ouverture du nouveau RU.
DL