J’ai postulé à l’INSA après mon bac de sciences. Quand j’ai été acceptée, ma décision a été rapide : c’était un peu au-dessus du prix que je m’étais fixé, mais je n’allais quand même pas laisser passer l’opportunité ! Je vous raconte mon histoire.
Les économies de ma famille suffisaient pour payer les 4 premières années et un prêt serait facile à obtenir en cas de besoin, vu la cote du diplôme insalien. J’ai suivi tant bien que mal les deux années de premier cycle, et j’ai passé mes examens en m’accrochant aux branches. La cadence était élevée et je ne pouvais pas me payer le tutorat qui permettait à certains de s’en sortir plus facilement. Vu mes résultats, je n’ai pas vraiment choisi ma spécialité et je me suis retrouvée en Génie Mathématique. Même si le département n’avait pas le vent en poupe (le salaire moyen à la sortie fait partie des plus bas), le sujet m’intéressait. Après tout, ça compte aussi d’étudier quelque chose qui nous plaît !
Les années suivantes ont été dans la continuité des premières : toujours passable, plutôt à l’arrière du peloton. Au début de la quatrième, j’ai fait une demande de prêt pour financer ma dernière année. Un mois plus tard, je recevais la réponse : demande refusée. Ma fréquentation assidue des rattrapages était la raison affichée, puisqu’elle laissait planer l’incertitude quant à l’obtention du diplôme garantissant ma capacité à rembourser. La question de ma spécialisation modérément rémunérée transparaissait en arrière-plan. Je me suis reprise à songer à l’un de mes amis du lycée qui économisait depuis cinq ans sur son salaire de manutentionnaire avec l’espoir d’entamer une licence artistique. Il s’était retrouvé dans la même situation malgré son bac brillamment obtenu : impossible de décrocher un prêt pour des études qui ne promettent pas une stabilité financière assurée.
À partir de là, tout est allé de mal en pis. Me voir attribuer une bourse étant inenvisageable (faute d’excellence académique), je n’avais qu’une solution pour espérer continuer : trouver un job et me démener nuit et jour pour continuer à assurer le minimum vital à l’école. Sans surprise, ce fut un échec, mes notes déjà en dégringolade se sont effondrées, j’ai quitté mon emploi pour valider ma quatrième année.
Les grandes vacances furent passées en intérim pour une boîte d’informatique, et à relancer ma banque dans l’espoir d’une révision de mon dossier. À la rentrée, il me manquait toujours la moitié du financement de mon semestre, la décision de la banque était sans appel, et l’INSA refusait que les frais soient payés autrement qu’en totalité à la date de la rentrée. Mes études étaient terminées.
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Ingénieur.e.s Engagé.e.s Lyon