Grande démission : une chance à saisir ?

Au-delà des cadres, la déser­tion est un mou­ve­ment bien plus pro­fond dans la socié­té qui sur­vient actuel­le­ment dans tous les sec­teurs : res­tau­ra­tion, ensei­gne­ment, métiers du ter­tiaire… Moins visible mais plus pro­fonde, cette « grande démis­sion » invite à repen­ser toutes les dimen­sions du tra­vail et pour­rait même, par son ampleur gran­dis­sante, inver­ser le rap­port de force entre employeurs et salariés.

Le terme de « grande démis­sion » a été popu­la­ri­sé d’abord aux US sous le nom de « Big Quit » pour dési­gner les grandes vagues de rup­tures de contrat sur­ve­nues en masse à la sor­tie de la pan­dé­mie : presque 48 mil­lions d’américains ont démis­sion­né en 2021 et 4 mil­lions par mois depuis le début de 2022 ! En France, on enre­gistre 20% plus de démis­sions en 2021 qu’en 2019.
Cer­tains com­mencent déjà à sor­tir les grandes ques­tions méta­phy­siques qui ne veulent pas dire grand-chose : et si nous avions per­du le goût de l’effort ? En réa­li­té, ce n’est jamais le concept même du tra­vail qui est remis en cause, mais des condi­tions par­fois infer­nales dans les­quelles il s’exerce, quand démis­sion­ner devient l’ultime recours dans un envi­ron­ne­ment qui ne fait pas tou­jours sens et justice.

Une quête indi­vi­duelle de sur­vie

Sur Tik­tok, le Big Quit a fait la une un moment avec des vidéos de per­sonnes annon­çant leur démis­sion de façon spec­ta­cu­laire, expri­mant leur désar­roi et la libé­ra­tion pro­fonde qu’ils res­sentent en pous­sant la porte. En croi­sant tous ces bouts de récits et ce qu’on sait depuis long­temps de la révolte des métiers essen­tiels ou encore des bull­shit jobs1, on peut énu­mé­rer plu­sieurs rai­sons d’en avoir marre : des salaires trop bas ; une grande pres­sion et une mise en concur­rence conti­nue dans des métiers d’exécution constam­ment éva­lués sur des cri­tères de per­for­mances ; un sen­ti­ment d’inutilité à faire des tâches dont on ne per­çoit pas l’impact réel et la per­ti­nence ; la qua­li­té empê­chée chez des pro­fes­sions comme les métiers du soin où l’on dis­pose dif­fi­ci­le­ment des condi­tions et du temps néces­saires pour mener à bien son tra­vail ; un sen­ti­ment de nui­sance à d’autres dans les tâches qu’on exerce ; l’imposition du pré­sen­tiel à plein temps…

Comme ces vagues se sont beau­coup accen­tuées dans la période après-covid, on a par­fois ten­dance à sim­pli­fier le phé­no­mène chez les édi­to­ria­listes mains­tream en le rédui­sant à un effet secon­daire du virus. Or si le confi­ne­ment a per­mis à des tas de gens de se poser les bonnes ques­tions sur le sens de leur tra­vail et la juste place qu’il devait prendre dans la vie – en France par exemple 30% ont chan­gé leur orien­ta­tion pro­fes­sion­nelle pen­dant la période covid -, il n’a été que l’agitateur de tour­ments qui rôdent depuis long­temps dans les bureaux, les usines, les bou­tiques ou les chan­tiers, et qui se mani­fes­te­raient tôt ou tard dans une dyna­mique pro­gres­sive de démis­sions, ou encore de « quiet quit­ting », qui est un concept corol­laire pour par­ler de gens qui sans pour autant quit­ter leur tra­vail – parce qu’ils ne le peuvent pas tou­jours — choi­sissent de s’investir de la façon la plus mini­male qui soit. En réa­li­té, le « désen­ga­ge­ment » du tra­vail n’est pas récent, il s’est creu­sé tout au long des der­nières décen­nies dans les socié­tés occi­den­tales selon moult études et son­dages2

Une crise du capi­ta­lisme lui-même

Loin d’une pré­ten­due crise géné­ra­tion­nelle comme aiment à l’entendre les patrons quand ils se plaignent du manque de main‑d’œuvre, c’est la crise du capi­ta­lisme lui-même qui est en dis­cus­sion, inca­pable de gar­der ses troupes com­plètes et sou­riantes tout en leur impo­sant un mana­ge­ment stres­sant, des cri­tères per­pé­tuels de ren­ta­bi­li­té – même dans des ser­vices publics — et des salaires insuf­fi­sants pen­dant que les divi­dendes ruis­sellent en haut, même pen­dant la crise ! Il voit se refer­mer sur lui le piège du chan­tage au chô­mage dans un chan­tage à la démis­sion : que ferait une entre­prise sans tra­vailleurs ? Pas grand-chose à part les sup­plier de revenir…


C’est ce qu’on peut espé­rer d’un tel mou­ve­ment : une inver­sion rela­tive du rap­port de forces entre capi­tal et sala­riat, et une mise en concur­rence des entre­prises pour autre chose que le pro­fit : qui pour­ra pro­di­guer l’environnement de tra­vail le plus sain à ses employés ? Parce qu’au final, la grande démis­sion est sur­tout une grande rota­tion : la plu­part des gens doivent cher­cher dans la fou­lée autre chose autre part pour assu­rer leur exis­tence maté­rielle, même s’ils prennent sou­vent des pauses, et que cer­tains choi­sissent de deve­nir indé­pen­dants. Ce qui peut ras­su­rer les patrons : ah mais de toute façon, ils revien­dront… on n’a qu’à redo­rer un peu notre image. Plus lar­ge­ment, il serait beau­coup trop opti­miste de pen­ser, sur­tout pour les grandes chaînes et mul­ti­na­tio­nales, qu’elles puissent céder des droits du jour au len­de­main, en tous cas pas avant qu’elles exploitent toutes les pistes pos­sibles pour contour­ner un pro­blème aus­si struc­tu­rel : délo­ca­li­sa­tions, appel à de la main d’œuvre étran­gère, mili­tan­tisme en faveur de la baisse des allo­ca­tion sociales pour « faire reve­nir les fai­néants » etc.

” On peut espé­rer une mise en concur­rence des entre­prises pour autre chose que du profit ”

La pro­chaine étape

Pour évi­ter qu’une telle contre-offen­sive ne s’installe et pour espé­rer trans­for­mer dura­ble­ment le monde du tra­vail, il s’agirait de se sai­sir d’un tel mou­ve­ment pour avan­cer des reven­di­ca­tions poli­tiques : semaines de 32h ou de 4 jours, ren­for­ce­ment du code du tra­vail, répar­ti­tion des richesses, démo­cra­tie interne, mini­mi­ser le contrôle des uns sur les autres… et bien d’autres coups de fouet vitaux pour équi­li­brer les rap­ports de forces et redon­ner un goût et de la digni­té au tra­vail. C’est comme une nappe que cha­cun tire de son côté, il faut être actif ! Ren­for­cer des syn­di­cats déser­tés depuis long­temps, se réunir et échan­ger pour ne pas crou­ler sous le poids de l’isolement : quelle soli­tude est celle de celui qui démis­sionne dans son coin, la boule au ventre et sans mate­las derrière ?
En somme, le boy­cott du tra­vail – capi­ta­liste – est d’un poten­tiel énorme pour mettre à bas des sec­teurs, en arro­ser d’autres, et dépla­cer les règles du jeu. Il met la socié­té dos au mur : fais quelque chose où tu fini­ras par som­brer sans soi­gnants, sans profs, sans tech­ni­ciens, sans pay­sans, sans tout ce qui te fait tenir au final, et cer­tai­ne­ment pas ceux qui te dictent leurs lois !

Ayman

1. Terme popu­la­ri­sé par l’anthropologue David Grae­ber pour dési­gner des métiers très bureau­cra­ti­sés sans uti­li­té réelle et dont la dis­pa­ri­tion n’aurait pas de grand impact
2. Selon le rap­port State of the Glo­bal Work­place de Gal­lup pour 2022, l’en­ga­ge­ment des tra­vailleurs euro­péens n’est que de 14 %, contre 33 % en Amé­rique du Nord et 21 % dans le monde.

Quand l’ingénieur déserte !

Le 30 avril der­nier, des ingé­nieurs d’Agro-Paris Tech pro­noncent un appel à déser­ter au milieu de leur céré­mo­nie de remise des diplômes, refu­sant de tra­vailler dans des métiers et entre­prises qu’ils jugent destructeurs…

Que ce soit juste après le diplôme, quelques années de tra­vail en boîte ou après trente ans de car­rière, la déser­tion des ingé­nieurs – et des cadres en géné­ral — du mar­ché du tra­vail est un phé­no­mène de plus en plus visible qui, même s’il ne touche qu’une petite mino­ri­té, est révé­la­teur du malaise gran­dis­sant de celles et ceux qui « exé­cutent » les cahiers des charges, quand ceux-ci leur paraissent nocifs, super­flus ou tout sim­ple­ment sans inté­rêt. Tous n’abandonnent pas for­cé­ment les com­pé­tences qu’ils ont acquis en école : cer­tains vont essayer de les valo­ri­ser à la marge de la socié­té sous d’autres cieux que ceux de l’entreprise pro­duc­trice de valeur, et d’autres – les récits les plus média­ti­sés – car­ré­ment pla­quer tout leur back­ground pour deve­nir, pay­sans, bras­seurs, éco-vil­la­geois et autres sym­boles de l’exode urbain, qui est en même temps un exode de la « moder­ni­té » et du « pro­grès » deve­nant des mots sus­pects, caducs, tein­tés du gris taci­turne de l’exploitation sociale et des ravages écologiques.

Un che­min pavé de frus­tra­tion

Pour­tant, tous ces pro­fils n’ont pas for­cé­ment débar­qué dans l’ingénierie par erreur, et pour­raient même avoir éprou­vé un grand opti­misme quant à leur entrée dans le monde du tra­vail et leur capa­ci­té à trans­for­mer des socié­tés de l’intérieur ! C’est ce que met en évi­dence le texte « déser­ter l’ingénierie »1 où l’auteur inter­roge plu­sieurs ingé­nieurs démis­sion­naires qui mettent en avant, cha­cun en par­tant de sa propre expé­rience, plu­sieurs motifs d’impuissance : l’inertie des struc­tures qui rendent dif­fi­cile d’influencer les choix de l’entreprise et de se sen­tir acteur ; la dis­so­nance entre les valeurs affi­chées et les actions qu’on se retrouve à mener ; la loi du pro­fit et de la concur­rence qui bloque des ini­tia­tives éco­lo­giques  ; l’isolement ou encore le sen­ti­ment d’être inutile et interchangeable…

En face, on a par­fois ten­dance à trop psy­cho­lo­gi­ser ces cas-là : « ils n’étaient pas faits pour être ingé­nieurs » ; « c’est la crise de la tren­taine » ; « Ils n’ont juste pas trou­vé chaus­sure à leur pied » ; ou encore le fameux « ah mais les jeunes d’aujourd’hui… » C’est pour­tant nier la dimen­sion inti­me­ment poli­tique du phé­no­mène de la déser­tion qui trans­porte plus de sens qu’une clas­sique recon­ver­sion. En effet, à tra­vers un choix aus­si radi­cal, ces per­sonnes disent non à des pans entiers de l’économie jugés nui­sibles comme les éner­gies fos­siles, l’aéronautique, l’automobile ou encore l’agro-industrie, aux modes de gou­ver­nance dans les entre­prises, à la pri­mau­té accor­dée à la tech­no­lo­gie dans nos socié­tés ou encore à la place socio­lo­gique qu’on attend sage­ment d’eux qu’ils prennent : che­mise grande mai­son grande voi­ture et petits choupinous !

” On a par­fois ten­dance à trop psy­cho­lo­gi­ser la désertion ”

Alors oui, ces démis­sions sont des formes silen­cieuses de pro­tes­ta­tion contre un ordre du monde. Ce qu’ont fait les étu­diants d’Agro Paris Tech à tra­vers leurs dis­cours, c’est pré­ci­sé­ment don­ner une voix col­lec­tive et poli­tique à des affects qu’on aurait ten­dance à enfer­mer dans la sphère pri­vée : dési­rer de la cohé­rence, de la sobrié­té, du temps pour soi, un sens à sa vie… allant jusqu’à faire un « appel à déser­ter ». Mais une telle injonc­tion n’est-elle pas contre-productive ?

Déser­ter n’est pas la seule issue

Le modèle de la déser­tion est très fort pour faire bou­ger les lignes dans les ima­gi­naires, mais peut-on en faire un modèle de masse quand on sait que la com­plexi­té tech­nique est de toute façon indis­pen­sable à une socié­té de grande échelle ? Idéa­le­ment, il s’agirait de s’armer de ces savoirs pour les fruc­ti­fier là où ils seraient le plus utiles, comme un Robin des bois des com­pé­tences ! Com­bien de tech­niques très com­plexes peuvent et doivent être mises au ser­vice d’un pro­jet poli­tique décrois­sant, démo­cra­tique et équi­table : déman­tè­le­ment ou réha­bi­li­ta­tion d’industries, low-techs, réseaux décen­tra­li­sés, tech­niques de répa­ra­tion, nou­velles éner­gies, ges­tion plus durable de l’eau et des déchets, maté­riaux de construc­tion … mais à une dif­fi­cul­té près, qu’un tel pro­jet poli­tique existe !
Le désar­roi ou la frus­tra­tion de l’ingénieur qui bifurque faute de sens tient en par­tie au fait qu’il n’est pas mis au contact d’un tel pro­jet poli­tique glo­bal ou de ses incar­na­tions molé­cu­laires dans l’océan du tech­no-capi­ta­lisme : asso­cia­tions enga­gées, coopé­ra­tives pérennes, entre­prises en avance dans leurs modes de gou­ver­nance et de répar­ti­tion, col­lec­ti­vi­tés au ser­vice des popu­la­tions… Et si on pre­nait le temps de cher­cher ensemble ces espaces ? De leur don­ner de la visi­bi­li­té ? De les créer ? De mili­ter acti­ve­ment dans les sphères déci­sion­nelles en for­mant des groupes et des mou­ve­ments, puisqu’on est beau­coup plus forts à plu­sieurs qu’isolés ?

” La frus­tra­tion de l’in­gé­nieur qui bifurque tient en par­tie au fait qu’il n’est pas mis au contact d’un pro­jet poli­tique global ”

Tenir tous les modes d’action ensemble

Quoi qu’il en soit, entre ceux qui décident de par­tir pour de bon, par­tir un peu, infil­trer, construire autre part, s’absenter momen­ta­né­ment, deve­nir ermites ou éle­ver des chèvres ! Il ne peut y avoir de mise en com­pé­ti­tion, de leçons de morale ou d’injonctions puisque toutes ces per­sonnes n’ont pas vécu les mêmes expé­riences, n’ont pas toutes les mêmes uto­pies poli­tiques, le même capi­tal finan­cier et cultu­rel, les mêmes pas­sions… L’essentiel cepen­dant est qu’elles se retrouvent sur un point : il y a un pro­blème avec la place qu’on nous demande de prendre, et elles se rendent sou­vent utiles dans les lieux qu’elles occupent, cha­cune à sa manière, dehors ou dedans. Tant que l’ambition révo­lu­tion­naire reste che­villée au corps, il sera dif­fi­cile pour le patro­nat de les récu­pé­rer, et plus dif­fi­cile encore d’empêcher que la ten­dance ne s’amplifie : et si nous appro­chions ces temps bénis où plan­ter des tomates est plus sexy que conduire la der­nière Tesla ?

Nico­las feat Ayman

1. Article en accès libre sur Media­part : https://blogs.mediapart.fr/paul-platzer/blog/150421/deserter-lingenierie

Sauver la planète, manger les riches ! 

Rien qu’en sub­sis­tant dans l’existence, les ultra-riches pol­luent énor­mé­ment. Il n’y a qu’à suivre des comptes comme @laviondebarnard (et autres stars du 0,1%) pour se rendre compte de leurs exor­bi­tants tra­jets et com­prendre — avec une pince d’agacement — que ces gens-là peuvent pol­luer votre vie entière en un mois ! Les 1 % les plus riches sont res­pon­sables de 15 % des émis­sions mon­diales, c’est beau­coup non1 ?

Qu’ils soient mil­liar­daires véreux, spor­tifs de haut-niveau, influen­ceurs ou ministres en exer­cice, ils ont en com­mun ce même air hors sol, avec la com­pli­ci­té et l’incapacité à légi­fé­rer d’une classe poli­tique qui assiste à tout ça de manière pas­sive, devise de tran­si­tion cli­ma­tique dans de grands forums pom­peux avec les yachts sta­tion­nés à l’arrière, et trouve quand même le cou­rage d’inviter le reste de la popu­la­tion à faire des efforts en vue de la crise cli­ma­tique ! A la manière d’un Macron qui fait un dis­cours vibrant où il invite le peuple à bais­ser la clim et le chauf­fage et annonce « la fin de l’abondance » tout en refu­sant de tou­cher – contrai­re­ment à des pays voi­sins comme l’Espagne ou le Por­tu­gal – à celle des super­pro­fits pétro­liers et com­pa­gnie. Tout ça finit par res­sem­bler à une blague de mau­vais goût…

L’écologie des petits gestes ne passe plus

Vivant dans un tel cli­mat, on peut com­prendre sans mal que des gens se détournent de l’imaginaire éco­lo­gique tel qu’il leur est pré­sen­té, iro­nisent des­sus, se moquent même, refusent ridi­cu­le­ment de trier leurs déchets ou d’abandonner leur bagnole fétiche. Tant que l’écologie qu’on leur pro­pose est une éco­lo­gie indi­vi­dua­liste des petits gestes qui nie les rap­ports sociaux et le juste par­tage de l’effort, ils ont bien rai­son de pas­ser leur che­min… et tant mieux !

Dire non à l’écologie bour­geoise qui met tout le monde sur le même pied d’égalité, dilue la res­pon­sa­bi­li­té des plus aisés et du sys­tème qu’ils arrosent – le capi­ta­lisme — dans un « nous » abs­trait, une « huma­ni­té » qui se réduit en réa­li­té aux classes supé­rieures des pays riches, c’est com­men­cer à pen­ser une éco­lo­gie offen­sive qui aille au fond du pro­blème, une éco­lo­gie où les gens sont moins occu­pés à réduire ce qu’ils peuvent de leur empreinte car­bone – ce qui ne repré­sen­te­rait de toute façon qu’à peu près le quart de la réduc­tion néces­saire2 — que de se concer­ter sur la façon dont on pour­rait refon­der une socié­té sobre et décrois­sante, son tis­su indus­triel, son mix éner­gé­tique, ses modes d’importation, l’aménagement de ses ter­ri­toires, et puisque c’est le sujet du moment, ce qu’elle per­met et ce qu’elle ne per­met plus !

De ce point de vue, le lour­daud un peu beauf qui aime pas­sion­né­ment les entre­côtes n’est peut-être pas un enne­mi de la cause : dans l’usine où il tra­vaille, il a peut-être des idées sur com­ment on réoriente la pro­duc­tion ; il serait peut-être béné­vole dans la nou­velle grande ferme col­lec­tive du quar­tier ! Ce qui importe par-des­sus tout, c’est l’élan col­lec­tif : l’austérité qu’on décide ensemble sera tou­jours plus accep­table, voire géné­ra­trice d’enthousiasme, que l’écologie qu’on nous assène d’en haut à coup de leçons de morale de la part de ceux qui, rien que par leur appar­te­nance de classe, pol­luent bien plus que nous.

Le rem­part de la bour­geoi­sie

Or c’est là que le bât blesse ! Si un élan col­lec­tif venait à se créer, on a vite une cer­taine idée de qui serait mis au banc des accu­sés : nos riches du départ. Leur mode de vie quoique extra­va­gant n’est que l’arbre qui cache la forêt pour ceux qui pol­luent sur­tout en pos­sé­dant – auquel cas on par­le­ra doré­na­vant de bour­geois — : de par leur patri­moine finan­cier, 63 mil­liar­daires fran­çais pol­luent plus que la moi­tié de la popu­la­tion selon une étude de Green­peace et Oxfam !
Leur por­te­feuille d’ac­tions a une odeur par­ti­cu­liè­re­ment sale puisqu’ils pilotent des entre­prises géné­ra­le­ment cli­ma­ti­cides et des mul­ti­na­tio­nales extrac­ti­vistes en impo­sant des ren­de­ments insou­te­nables, sans par­ler de leur acti­visme poli­tique en tant que puis­sants lob­bys, à l’échelle natio­nale ou trans­na­tio­nale. Pro­prié­tés finan­cières et lucra­tives, pro­prié­tés immo­bi­lières, pro­prié­tés indi­vi­duelles… on touche enfin le fond du pro­blème : l’appropriation col­lec­tive de la pro­blé­ma­tique éco­lo­gique, qui passe par l’appropriation col­lec­tive de sec­teurs de l’économie, de ter­rains, de bâti­ments à réno­ver, d’activités à déman­te­ler… bute sur la pro­prié­té des bour­geois, autant dire leur exis­tence ontologique.

Pour une éco­lo­gie du dépas­se­ment de la pro­prié­té

Ce bous­cu­le­ment des repères de la pro­prié­té, en par­ti­cu­lier lucra­tives, peut s’étaler sur des degrés de radi­ca­li­tés divers. Allant de la modeste taxa­tion pour récu­pé­rer des fonds utiles à la tran­si­tion : une sur­taxe sur les divi­dendes des entre­prises néfastes pour le cli­mat peut rap­por­ter 17 mil­liards de dol­lars et un ISF cli­ma­tique sur les pla­ce­ments finan­ciers 6,8 mil­liards3 ! Jusqu’à la socia­li­sa­tion d’activités éco­no­miques à diri­ger non plus vers le pro­fit mais vers les besoins, des natio­na­li­sa­tions, un droit de pré­emp­tion sur des sec­teurs qu’il s’agirait de contrac­ter, des puni­tions légales, des sabo­tages, des res­tric­tions d’usage, voire des confis­ca­tions : avec cet épi­sode de la guerre en Ukraine, l’UE s’est mon­trée par­ti­cu­liè­re­ment vaillante et capable (sic) quand il s’agit d’annuler argent, avoirs et pro­prié­tés de luxe des oli­garques russes, alors pour­quoi ne pas res­sor­tir les poli­tiques de guerre sur d’autres fronts ?

A la une du numé­ro d’Août-Sep­tembre de Socialter

Aux gens qui répon­dront que c’est extrême, fau­drait-il rap­pe­ler que les cir­cons­tances sont extrêmes aus­si, que pour les couches les plus oppri­mées de la socié­té elles n’ont jamais ces­sé de l’être, les mêmes qui seront en pre­mière ligne dans l’adaptation face au dérè­gle­ment éco­lo­gique. Inci­ta­tions et demandes polies ne peuvent plus suf­fire, car de grandes bifur­ca­tions appellent à des choix gran­dioses : entre autres, désa­cra­li­ser la pro­prié­té pri­vée pour évo­luer vers des régimes de copos­ses­sion du monde et de ses struc­tures pro­duc­tives. La bour­geoi­sie n’a pas de nombre ou d’armée à oppo­ser, elle n’a que ses jeux d’influence, des codes numé­riques sur un compte en banque et le mythe infaillible de son pré­ten­du mérite dis­til­lé dans la socié­té pour tenir les regards éloignés !

Enten­dons-nous bien, les très riches ne sont pas les seuls res­pon­sables et les bous­cu­ler ne chan­ge­ra pas les choses du jour au len­de­main ! Mais cela per­met­tra au moins de redis­tri­buer quelques cartes, de l’argent, des espaces de pou­voir, et sur­tout, redon­ner de la digni­té aux gens avec des sym­boles forts : nous ne sommes pas dans la même galère, vous êtes ridi­cules avec vos jets et vos post ins­ta, vos golfs et vos pis­cines, vous pre­nez trop de place, main­te­nant déga­gez un peu (beau­coup) pour qu’on puisse avan­cer ! Et merci !

Ayman

1. Selon un rap­port com­plet d’Ox­fam sur les inéga­li­tés des émis­sions de CO2 : Research-Report-Carbon-Inequality-Era-Embargoed-21-Sept-2020
2. Si on prend le scé­na­rio des efforts “modé­rés” dans l’é­tude “Faire sa part” de Car­bone 4.
3. Selon une étude de Green­peace résu­mée sur le lien sui­vant : https://www.greenpeace.fr/milliardaires-et-climat-4-chiffres-qui-donnent-le-vertige

Ingénieurs Avenir : le podcast d’Alumni !

Savoir ce qu’on va faire après la fin de l’école, c’est pas facile. Pour vous aider, nous avons créé un pod­cast pour vul­ga­ri­ser et faire décou­vrir les métiers d’ingénieurs à nous tous, les élèves et jeunes diplô­més de l’INSA. 

Le choix impossible 

J’ai fini l’INSA il y a un an et comme beau­coup de cama­rades, je me suis retrou­vé face à un gouffre assez effrayant : qu’est-ce que je devais faire main­te­nant ? Facile : ingé­nieur ! Sauf qu’après 5 ans à l’école, la notion d’ingénieur est plus floue que jamais. J’ai fait TC. Beau­coup de TC partent faire du déve­lop­pe­ment ou du conseil. Sans vou­loir être pré­ten­tieux, il y a même pas mal d’entreprises qui nous draguent à l’approche du diplôme. Alors certes ça fait du bien à l’égo, mais ça me dérange un peu. C’est comme si on choi­sis­sait ma vie à ma place. Comme nous tous, j’étais bon à l’école, alors on m’a dit de faire des sciences au lycée. Et j’étais bon au lycée, alors on m’a dit d’aller en école d’ingé. Mais merde, main­te­nant j’ai 24 piges et j’ai envie de faire ce que je veux. L’élément déclen­cheur, c’est que je n’ai pas aimé mes stages.  

J’avais le luxe énorme de pou­voir choi­sir mon métier et pour­tant j’avais l’impression d’être coin­cé. Grâce à mes stages et à des tra­vaux sai­son­niers, j’avais assez pour tenir un moment, alors je n’ai pos­tu­lé nulle part et j’ai pris le temps de réflé­chir à tout ça. 

Est-ce que je veux diri­ger une équipe ? Est-ce que je veux faire un tra­vail tech­nique ou com­mer­cial ? Me lan­cer dans une thèse ?  Lan­cer une star­tup ? Chan­ger de domaine ? Ou tout sim­ple­ment aban­don­ner et par­tir faire du fro­mage de chèvre dans le Lar­zac (très belle région) ? 

Au même moment, je rece­vais un mail d’Amélie qui cher­chait un col­la­bo­ra­teur son pour l’aider dans un pro­jet de pod­cast. Amé­lie, c’est une GE 2019 qui a co-créé la pépi­nière de l’Alumni Insa Lyon. La pépi­nière insa­lienne c’est l’en­ti­té junior d’a­lum­ni insa, qui a été créée afin d’intégrer des jeunes dans l’association (il n’y a mal­heu­reu­se­ment pas beau­coup de jeunes d’élèves et de jeunes diplômes actuel­le­ment dans l’AIL). Mais pour moi, c’était une occa­sion en or : j’allais pou­voir bala­der mon micro dans les rangs des anciens élèves et décou­vrir les autres métiers d’ingénieurs. 

Le pod­cast : une aide par­mi d’autres 

Le concept est simple : toutes les semaines, je publie une inter­view audio de 15 à 45 minutes sur un métier d’ingénieur racon­té par un insa­lien. Sans dis­tinc­tion d’âge, de sexe, ni de domaine, je tends mon micro aux ingé­nieurs INSA pour com­prendre leur métier, leur quo­ti­dien, leurs moti­va­tions, leurs rap­ports aux ques­tions éthiques envi­ron­ne­men­tales ou sociales. 

Dans la sai­son 1 publiée le prin­temps der­nier, nous avons reçu des pro­fes­sion­nels de la cyber­sé­cu­ri­té, un conduc­teur de chan­tier, une bio­sta­tis­ti­cienne, des entre­pre­neurs, des consultant.es et bien d’autres ingé­nieurs. 

J’en pro­fite pour pré­ci­ser qu’il existe plu­sieurs moyens pour vous ren­sei­gner sur votre ave­nir. Le forum Rhône Alpes, les dif­fé­rents forums de dépar­te­ments, Etic et l’AIL per­mettent entre autres de se rap­pro­cher d’ingénieurs en poste et de mieux com­prendre leur milieu. Désor­mais nous pou­vons ajou­ter à cette liste le pod­cast Ingé­nieur Ave­nir que vous pou­vez le retrou­ver sur toutes les appli­ca­tions de pod­cast en cher­chant « Ingé­nieur Ave­nir » ou tout sim­ple­ment « INSA ». 

Si vous avez des cri­tiques, des ques­tions ou que vous sou­hai­tez nous sug­gé­rer des thèmes de pod­cast ou des invi­tés, contac­tez-nous sur podcast@alumni-insa-lyon.org. Ingé­nieur Ave­nir est un pro­jet por­té par la pépi­nière Alum­ni INSA Lyon. 

Leo 

Le « boomerang » des pesticides européens

En Europe, nous dis­po­sons de trois grand groupes agro­chi­miques, Syn­gen­ta, Bayer-Mon­san­to et BASF. Ces trois entre­prises fabriquent des pes­ti­cides, cer­tains ont une par­ti­cu­la­ri­té, ils sont inter­dits dans l’Union Euro­péenne, mais pour­tant, on les retrouve dans nos assiettes. 

Les pes­ti­cides repré­sentent une grande part de leurs béné­fices, pour Syn­gen­ta en 2018, 39.2 % des ventes glo­bales pro­viennent de pes­ti­cides clas­sés hau­te­ment dan­ge­reux pour la san­té ou l’environnement dont 16,8% sont inter­dits en Europe. Bayer effec­tue 36,7% de ses ventes en pes­ti­cides clas­sés hau­te­ment dan­ge­reux et BASF 24,9%.1 

L’argent contre la san­té 

Mais en quoi ces pes­ti­cides sont-ils dan­ge­reux ? La plu­part le sont pour la san­té du fait de l’exposition à ceux-ci, les effets varient d’un com­po­sant à l’autre, ils peuvent aus­si être dan­ge­reux pour l’environnement, incluant les insectes et les pois­sons. Pre­nons par exemple le para­quat2, c’est un pes­ti­cide extrê­me­ment toxique qui peut cau­ser la mort en une seule gor­gé, une expo­si­tion chro­nique favo­rise le déve­lop­pe­ment de la mala­die de Par­kin­son, il a été inter­dit en 2007 dans l’Union euro­péenne. Il y aus­si toute une gamme de pes­ti­cides que sont les néo­ni­co­ti­noïdes qui agissent sur le sys­tème ner­veux des insectes, ceux-ci sont accu­sés du déclin des abeilles (et bien plus) en Europe, 3 d’entre eux ont été enfin inter­dits en 20183. En revanche, ces pro­duits ne sont pas inter­dits d’exportation. 

Ce qui est d’autant plus effrayant, c’est que la plu­part de ces pro­duits sont envoyés dans des pays émer­gents. L’un des plus gros impor­ta­teurs de pes­ti­cides euro­péens est le Bré­sil, 3 669 pes­ti­cides y sont auto­ri­sés dont des pes­ti­cides inter­dits en Europe. Ils sont donc uti­li­sés dans les cultures, mais les agri­cul­teurs les uti­li­sant ne se rendent sou­vent pas compte de ce qu’ils mani­pulent, la plu­part ne por­tant aucune pro­tec­tion lors de leurs uti­li­sa­tions. Ce qui fait que les agri­cul­teurs eux-mêmes s’empoisonnent, mais empoi­sonnent aus­si les habi­tants autour de leurs cultures. Les épan­dages aériens mas­sifs ne s’arrêtent pas, pour la plu­part, au-des­sus des vil­lages. Les eaux consom­mées par les habi­tants regorgent de pes­ti­cides dan­ge­reux pour la san­té. Les effets de ces pro­duits se font sen­tir sur la popu­la­tion, cer­tains déve­loppent des can­cers et les nais­sances se font sou­vent avec des mal­for­ma­tions.4 

Le cercle empoi­son­né 

Mais l’absurdité ne s’arrête pas là, car les fruits et légumes culti­vés reviennent en Europe. Et comme on peut s’en dou­ter, ils contiennent les pes­ti­cides uti­li­sés. Ce qui est d’autant plus alar­mant est le fait que l’UE auto­rise les impor­ta­tions de den­rées avec des traces de pes­ti­cides inter­dits en Europe s’ils ne dépassent pas une cer­taine quan­ti­té régle­men­taire. C’est un effet « boo­me­rang ».5

Dans le rap­port de l’EFSA (Auto­ri­té euro­péenne de sécu­ri­té des ali­ments) de 2018 sur la France, trois quarts des échan­tillons d’importations conte­naient des traces de pes­ti­cides quan­ti­fiables et un quart d’entre eux avaient des niveaux supé­rieurs aux limites maxi­males auto­ri­sés. La plu­part des pro­duits conte­naient des pes­ti­cides qui ne sont pas auto­ri­sés dans l’UE. Les pro­duits impor­tés peuvent donc aus­si pré­sen­ter des risques pour la san­té.6

Face à cela, de nom­breuses ONG ont cosi­gné et envoyé une lettre à la Com­mis­sion euro­péenne fin 2020 pour par­ler de ces pro­blèmes. La Com­mis­sion euro­péenne a répon­du début 2021 en se défen­dant avec 2 points : le pre­mier est que le pays impor­ta­teur de pro­duits chi­miques doit don­ner son consen­te­ment expli­cite et reçoit des infor­ma­tions pour l’aider à uti­li­ser ces pro­duits dan­ge­reux de manière sûre. Pour le deuxième point, l’UE rap­pelle qu’elle a fixé des niveaux maxi­mums de rési­dus auto­ri­sés, que cette tolé­rance faci­lite le com­merce pour les pro­duc­teurs ne pou­vant pas se pas­ser de pes­ti­cides. Dans cette réponse, elle ajoute que l’UE vise dans la dura­bi­li­té à inter­dire l’exportation des pes­ti­cides dan­ge­reux et réflé­chit à adap­ter les tolé­rances d’importations.7 

Et aujourd’hui ? 

Début 2022, l’UE lors d’une réunion des dif­fé­rents ministres de l’environnement a réaf­fir­mé sa posi­tion en faveur de l’arrêt de l’exportation des pes­ti­cides dan­ge­reux et de l’importation de pro­duits en conte­nant8. Mais pour l’instant, à l’échelle euro­péenne, aucune action concrète n’a été faite. En ce qui concerne l’utilisation de pes­ti­cides en Europe, une feuille de route pour la réduc­tion de l’utilisation des pes­ti­cides en Europe de 50 % d’ici 2030 com­pa­ré à 2015–2017 a été pré­sen­tée. Beau­coup de cri­tiques ont été émises par les dif­fé­rents ministres euro­péens de l’agriculture, qui ont peur d’un manque de ren­de­ment, de com­pé­ti­ti­vi­té et aus­si d’une menace pour notre sécu­ri­té ali­men­taire.9  

En France, depuis le 1er jan­vier 2022, la pro­duc­tion, le sto­ckage et l’exportation de ces pro­duits dan­ge­reux sont inter­dits par la loi Ega­lim. Mais l’importation des pro­duits les uti­li­sant n’est tou­jours pas inter­dite.10

Aujourd’hui, le pro­blème est recon­nu mais rien n’est fait : d’un côté, on empoi­sonne la terre et les habi­tants d’autres pays et de l’autre, on fait reve­nir le poi­son chez nous par la nour­ri­ture. Si vous vou­lez plus d’informations sur ce sujet, je vous conseille for­te­ment de regar­der un docu­men­taire d’Arte « Pes­ti­cides : l’hypocrisie euro­péenne ». 11

Alexandre 

1 Dow­ler, C. (2020, 26 février). Revea­led : The pes­ti­cide giants making bil­lions on toxic and bee-har­ming che­mi­cals. Unear­thed. Consul­té le 10 août 2022, à l’adresse https://unearthed.greenpeace.org/2020/02/20/pesticides-croplife-hazardous-bayer-syngenta-health-bees/ 

2 Petit-Pai­tel, A. (2014, 1 décembre). Toxi­ci­té de l’herbicide para­quat. Anses. Consul­té le 10 août 2022, à l’adresse https://www.anses.fr/fr/system/files/BVS-mg-025-Petit-Paitel.pdf 

3 F. (2018, 27 avril). Le Syn­di­cat natio­nal d’apiculture voit dans l’interdiction de trois néo­ni­co­ti­noïdes dan­ge­reux pour les abeilles. Fran­cein­fo. Consul­té le 10 août 2022, à l’adresse https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/le-syndicat-national-d-apiculture-voit-dans-l-interdiction-de-trois-neonicotinoides-dangereux-pour-les-abeilles-une-victoire-essentielle_2726403.html 

4 Docu­men­taire (2022) Pes­ti­cides : l’hypocrisie euro­péenne. Arte. Consul­té le 10 aout 2022, à l’adresse https://www.arte.tv/fr/videos/095070–000‑A/pesticides-l-hypocrisie-europeenne/ Dis­po­nible du 28/06/2022 au 03/10/2022 

5 Rap­port (2020) Pes­ti­cides : Stop au boo­me­rang empoi­son­né ! Food­Watch. Consul­té le 11 aout 2022, à l’adresse 20200417-pesticides-rapport-petition-boomerang-empoisonne.pdf (foodwatch.org) 

6 Rap­port (2018) Natio­nal sum­ma­ry reports on pes­ti­cide. EFSA . Consul­té le 11 aout 2022, à l’adresse https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.2903/sp.efsa.2020.EN-1814 

7Cour­rier de réponse de l’union euro­péenne. 09/12/2020, à l’adresse 20210107-pesticides-exports-reponse-commission-europeenne-pan.pdf (foodwatch.org) 

8  Pis­to­rius, M. (2022, 24 jan­vier). Pes­ti­cides : les 27 s’accordent sur la néces­si­té de règles com­munes et la fin de l’exportation de pro­duits inter­dits. www.euractiv.fr. Consul­té le 11 août 2022, à l’adresse https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/pesticides-les-27-saccordent-sur-la-necessite-de-regles-communes-et-la-fin-de-lexportation-de-produits-interdits/ 

9 Afp, L. F. A. (2022, 18 juillet). Réduc­tion des pes­ti­cides : les ministres de l’UE fus­tigent le plan de Bruxelles. Figa­ro. Consul­té le 12 août 2022, à l’adresse https://www.lefigaro.fr/flash-eco/reduction-des-pesticides-les-ministres-de-l-ue-fustigent-le-plan-de-bruxelles-20220718 

10  Marine, P. (2022, 24 mars). Loi Ega­lim. Minis­tères Éco­lo­gie Éner­gie Ter­ri­toires. Consul­té le 12 août 2022, à l’adresse https://www.ecologie.gouv.fr/loi-egalim-nouveau-decret-limiter-lexposition-humaine-animale-et-environnementale-aux-produits#:%7E:text=Le%201er%20janvier%202022%20est,humaine%20ou%20animale%20et%20environnementale. 

11 Docu­men­taire (2022) Pes­ti­cides : l’hypocrisie euro­péenne. Arte. Consul­té le 10 aout 2022, à l’adresse https://www.arte.tv/fr/videos/095070–000‑A/pesticides-l-hypocrisie-europeenne/ Dis­po­nible du 28/06/2022 au 03/10/2022 

Témoignage d’Emma, promo 78

J’ai pos­tu­lé à l’IN­SA après mon bac de sciences. Quand j’ai été accep­tée, ma déci­sion a été rapide : c’é­tait un peu au-des­sus du prix que je m’é­tais fixé, mais je n’al­lais quand même pas lais­ser pas­ser l’opportunité ! Je vous raconte mon histoire.

Les éco­no­mies de ma famille suf­fi­saient pour payer les 4 pre­mières années et un prêt serait facile à obte­nir en cas de besoin, vu la cote du diplôme insa­lien. J’ai sui­vi tant bien que mal les deux années de pre­mier cycle, et j’ai pas­sé mes exa­mens en m’ac­cro­chant aux branches. La cadence était éle­vée et je ne pou­vais pas me payer le tuto­rat qui per­met­tait à cer­tains de s’en sor­tir plus faci­le­ment. Vu mes résul­tats, je n’ai pas vrai­ment choi­si ma spé­cia­li­té et je me suis retrou­vée en Génie Mathé­ma­tique. Même si le dépar­te­ment n’a­vait pas le vent en poupe (le salaire moyen à la sor­tie fait par­tie des plus bas), le sujet m’in­té­res­sait. Après tout, ça compte aus­si d’é­tu­dier quelque chose qui nous plaît !

Les années sui­vantes ont été dans la conti­nui­té des pre­mières : tou­jours pas­sable, plu­tôt à l’ar­rière du pelo­ton. Au début de la qua­trième, j’ai fait une demande de prêt pour finan­cer ma der­nière année. Un mois plus tard, je rece­vais la réponse : demande refu­sée. Ma fré­quen­ta­tion assi­due des rat­tra­pages était la rai­son affi­chée, puis­qu’elle lais­sait pla­ner l’in­cer­ti­tude quant à l’ob­ten­tion du diplôme garan­tis­sant ma capa­ci­té à rem­bour­ser. La ques­tion de ma spé­cia­li­sa­tion modé­ré­ment rému­né­rée trans­pa­rais­sait en arrière-plan. Je me suis reprise à son­ger à l’un de mes amis du lycée qui éco­no­mi­sait depuis cinq ans sur son salaire de manu­ten­tion­naire avec l’es­poir d’en­ta­mer une licence artis­tique. Il s’é­tait retrou­vé dans la même situa­tion mal­gré son bac brillam­ment obte­nu : impos­sible de décro­cher un prêt pour des études qui ne pro­mettent pas une sta­bi­li­té finan­cière assurée.

À par­tir de là, tout est allé de mal en pis. Me voir attri­buer une bourse étant inen­vi­sa­geable (faute d’ex­cel­lence aca­dé­mique), je n’a­vais qu’une solu­tion pour espé­rer conti­nuer : trou­ver un job et me déme­ner nuit et jour pour conti­nuer à assu­rer le mini­mum vital à l’é­cole. Sans sur­prise, ce fut un échec, mes notes déjà en dégrin­go­lade se sont effon­drées, j’ai quit­té mon emploi pour vali­der ma qua­trième année.

Les grandes vacances furent pas­sées en inté­rim pour une boîte d’in­for­ma­tique, et à relan­cer ma banque dans l’es­poir d’une révi­sion de mon dos­sier. À la ren­trée, il me man­quait tou­jours la moi­tié du finan­ce­ment de mon semestre, la déci­sion de la banque était sans appel, et l’IN­SA refu­sait que les frais soient payés autre­ment qu’en tota­li­té à la date de la ren­trée. Mes études étaient terminées.

@ie.contact@asso-insa-lyon.fr

Ingénieur.e.s Engagé.e.s Lyon