Sondage sur l’utilisation des réseaux sociaux et leurs influences

L’insatiable a besoin de vous !

Pour le dos­sier spé­cial “Réseaux sociaux” de son pro­chain numé­ro, l’Insa­tiable vou­drait connaître votre avis et vos habi­tudes sur les réseaux sociaux ! Ce ques­tion­naire est ano­nyme et ne prend pas beau­coup de temps, il ser­vi­ra aus­si à Alexandre MAURICE (étu­diant en 3ème année de maté­riaux) pour son Pro­jet Per­son­nel en Huma­ni­té « Jusqu’où les réseaux sociaux influencent notre société ? » !

Lien du son­dage : https://forms.gle/M8SWWarSDeM2syV5A

Un espace d’expérimentation pour les étudiant·es 

Depuis tou­jours, le Kar­na­val consti­tue un endroit où tous·tes peuvent apprendre, réflé­chir, et chan­ger. Cela fait par­tie de l’ADN kar­na­va­lesque. 

Une asso­cia­tion fidèle à ses racines 

Le Kar­na­val est une asso­cia­tion ancrée, atta­chée à son iden­ti­té et à ses valeurs. Elle a bien sûr évo­lué avec le temps et les béné­voles, mais la Semaine de la Soli­da­ri­té reste un fes­ti­val cultu­rel et enga­gé. Son cœur bat tou­jours au même endroit depuis ses débuts: le cam­pus de la Doua. Nous sou­hai­tons qu’il y reste. 

Le Kar­na doit-il nous suivre une fois nos années d’é­tudes ter­mi­nées ? Inté­rieu­re­ment oui, mais nous ne devons pas empor­ter le fes­ti­val avec nous en par­tant. Le Kar­na reste lié à son ter­ri­toire et à son pro­jet d’o­ri­gine : faire un fes­ti­val étu­diant et finan­cer un pro­jet s’inscrivant dans une démarche soli­daire. Ce flam­beau se trans­met de géné­ra­tion en géné­ra­tion sur ce cam­pus depuis plus de trente ans main­te­nant. Notre asso­cia­tion n’a pas pour voca­tion de s’ex­por­ter en dehors du cam­pus pour en deve­nir une autre, plus grande, avec d’autres pro­jets, et déta­chée du milieu étu­diant. 

Apprendre en s’en­ga­geant 

Le Kar­na reste et doit res­ter une asso­cia­tion étu­diante, car il est un lieu d’expérimentation, d’apprentissage. Un espace de vie où il est pos­sible de réflé­chir col­lec­ti­ve­ment, d’é­chan­ger, de bri­co­ler, de cui­si­ner, en orga­ni­sant un fes­ti­val. C’est un lieu où on apprend à vivre ensemble, à créer en auto­ges­tion, et à prendre des déci­sions. 

Nous sou­hai­tons que ce lieu soit acces­sible aux étudiant·es qui vien­dront après nous et gran­di­ront avec le Kar­na comme il nous a per­mis de gran­dir. Nous vou­lons que cet espace, d’autres per­sonnes puissent se l’approprier, pour à leur tour expé­ri­men­ter et ima­gi­ner, comme dans un labo­ra­toire. Notre asso­cia­tion, c’est donc un lieu de tran­si­tion, de pas­sage pour apprendre des choses, et aus­si ini­tier des ques­tion­ne­ments mili­tants. L’en­ga­ge­ment et la vie asso­cia­tive étu­diante de manière plus géné­rale, consti­tuent des espaces for­ma­teurs pour les per­sonnes en construc­tion que nous sommes. 

Le Kar­na

Le Karnaval Humanitaire devient Solidaire !

Mais quelle mouche les a piqués encore ces babos ? « Kar­na­val Huma­ni­taire » c’é­tait une iden­ti­té, un nom de marque, une fier­té ! Et pour­tant… 

Les pro­jets d’ac­cès à l’eau au Bur­ki­na Faso  

« Huma­ni­taire », ce mot magique qui veut à la fois tout et rien dire, dont tout le monde à une défi­ni­tion dif­fé­rente, et que des entre­prises n’hé­sitent pas à uti­li­ser pour glo­ri­fier leur image ou se rache­ter une conduite. Mais que repré­sente vrai­ment ce nom pour le Kar­na, et est-il jus­ti­fié ? 

Le rôle huma­ni­taire du Kar­na s’est tra­duit par deux pro­jets au Bur­ki­na Faso dans les vil­lages de Pel­la puis Kied­pal­go pour amé­lio­rer l’ac­cès à l’eau des habitant·es. Pen­dant 14 ans, nous avons finan­cé ces pro­jets grâce aux béné­fices de notre fes­ti­val, per­met­tant notam­ment la construc­tion de forages. C’est une asso­cia­tion locale qui avait deman­dé notre aide pour l’au­to­no­mie dans l’ac­cès à l’eau de son vil­lage. Des karnavaleux·ses se sont rendu·es sur place pour com­prendre les besoins des habitant·es et aider au pro­jet. Tout cela a été per­mis grâce au sou­tien du socio­logue Lébri­ni Dad­joua­ri, notre appui local, qui vien­dra pré­sen­ter ces pro­jets au public insa­lien lors d’une confé­rence pen­dant le fes­ti­val. 

Mais tout cela ne s’est pas fait sans ques­tion­ne­ments : quelle est notre légi­ti­mi­té, quels sont les rap­ports de domi­na­tion, l’aide huma­ni­taire n’est-elle pas inévi­ta­ble­ment empreinte d’un air de néo-colo­nia­lisme ? Com­ment faire de l’hu­ma­ni­taire sans par­ti­ci­per à la misé­ra­bi­li­sa­tion de l’i­mage de cer­taines popu­la­tions, met­tant en exergue la bon­té sal­va­trice de ceux qui gardent sous leur contrôle l’argent et les moyens, ne lais­sant que les miettes ? 

De l’eau à la terre : vers de nou­veaux pro­jets… 

Nous met­tons fina­le­ment fin à notre col­la­bo­ra­tion pour le pro­jet de Kied­pal­go, non sans un pin­ce­ment au cœur. Au-delà des ques­tions éthiques, le Kar­na­val n’a plus les moyens humains pour suivre ce pro­jet. Ces der­nières années, notre rôle s’est réduit à sim­ple­ment finan­cer, sans pou­voir échan­ger avec les habi­tants sur place ni par­ti­ci­per acti­ve­ment au pro­jet. Le Kar­na­val sou­haite aujourd’­hui s’in­ves­tir dans un pro­jet plus local, pour lequel nous pour­rons avoir plus de contact humain et plus de pos­si­bi­li­tés d’ai­der concrè­te­ment. 

Nous avons choi­si pour ce nou­veau pro­jet un thème qui nous tient à cœur : l’a­gri­cul­ture pay­sanne* et l’ac­cès pour tous·tes à une ali­men­ta­tion variée et de qua­li­té. Nous man­geons tous·tes et aimons tous·tes man­ger, alors œuvrons pour un sys­tème agro-ali­men­taire plus juste, plus res­pec­tueux de l’en­vi­ron­ne­ment et des per­sonnes ! Le sys­tème actuel exploite la nature et accable les agriculteur·ices, pro­meut l’a­gri­cul­ture indus­trielle, légi­time la sur­pro­duc­tion et inonde le mar­ché de pro­duits de piètre qua­li­té. Nous ne vou­lons pas de ce sys­tème. Les ini­tia­tives telles que l’A­te­lier Pay­san, qui œuvre pour la sou­ve­rai­ne­té tech­nique des agriculteur·ices et pro­meut l’a­groé­co­lo­gie, ou les can­tines par­ti­ci­pa­tives qui redonnent à la nour­ri­ture son rôle social, sont des exemples que nous vou­lons sou­te­nir. Cette année, nous sou­hai­tons que 1 euro par entrée sur le fes­ti­val revienne au pro­jet. 

La plu­part d’entre-nous mange plu­sieurs fois par jour (certain·es n’ont pas cette pos­si­bi­li­té) mais qui réa­lise vrai­ment ce qu’iels met dans sa bouche, d’où ça vient, de quel sys­tème cela découle ? Pour mieux com­prendre ce que l’on mange, une par­tie du forum cette année sera dédiée aux ques­tions de l’a­gri­cul­ture et de l’a­li­men­ta­tion. Des thé­ma­tiques peu fami­lières dans un milieu comme l’IN­SA et qui pour­tant sont struc­tu­relles de notre socié­té. 

et un nou­veau nom 

Fina­le­ment ce nom qui fai­sait notre répu­ta­tion deve­nait dif­fi­cile à por­ter et à défendre. La notion de soli­da­ri­té nous semble moins conno­tée, moins usur­pée et plus proche de ce que nous fai­sons réel­le­ment : des évé­ne­ments fes­tifs, res­pon­sables et mili­tants, acces­sibles au plus de per­sonnes pos­sible, et dont les béné­fices servent à sou­te­nir la jus­tice sociale et l’in­té­rêt géné­ral. Pour une meilleure com­pré­hen­sion, nous arbo­rons cette année le nom de « Kar­na­val Huma­ni­taire et Soli­daire », comme tran­si­tion vers notre nou­veau nom , le « Kar­na­val Soli­daire ». 

*« L’A­gri­cul­ture Pay­sanne doit per­mettre à un maxi­mum de paysan·es réparti·es sur tout le ter­ri­toire de vivre décem­ment de leur métier en pro­dui­sant sur des exploi­ta­tions à taille humaine une ali­men­ta­tion saine et de qua­li­té, sans remettre en cause les res­sources natu­relles de demain. Elle doit par­ti­ci­per avec les citoyen·nes à rendre le milieu rural vivant dans un cadre de vie appré­cié par tous·tes. » Source : Confé­dé­ra­tion Pay­sanne 

Le Kar­na

Comment faire un festival qui fait du bien sans faire (trop) de mal ? 

Faire la fête, se diver­tir, se culti­ver, c’est impor­tant. Mais c’est aus­si sou­vent syno­nyme d’ex­cès et de sur­con­som­ma­tion. Aus­si, beau­coup se retrouvent exclu·es de ces acti­vi­tés, faute d’ac­ces­si­bi­li­té. Com­ment essayer de remé­dier à tout cela ? 

C’est quoi un fes­ti­val ? C’est un évè­ne­ment où l’on peut faire la fête, s’é­chap­per, s’amuser en com­pa­gnie, pour une occa­sion spé­ciale ou non. C’est l’oc­ca­sion de s’ou­vrir, de décou­vrir, d’ap­prendre. 

Un fes­ti­val, ça a aus­si des impacts, comme tout. De la nour­ri­ture y est consom­mée, du car­bu­rant est brû­lé pour s’y rendre, sans par­ler du coût éco­lo­gique du maté­riel néces­saire pour le faire tour­ner. Alors que pour­tant un fes­ti­val, ce n’est pas vital, et on peut donc se deman­der si toutes ces pol­lu­tions sont légi­times. Ça a aus­si un coût finan­cier, qui se reporte en par­tie sur les festivalier·es: peut-on vrai­ment y par­ti­ci­per quand les fins de mois sont dif­fi­ciles ? 

Evè­ne­men­tiel et éco­lo­gie 

Au Kar­na, on a conscience de tous ces pro­blèmes, et on essaie au quo­ti­dien d’y répondre. Notre enga­ge­ment ne se mani­feste pas qu’à tra­vers notre pro­jet soli­daire, mais dans toutes les facettes de notre fes­ti­val. 

Que ce soit pour la nour­ri­ture et la bière que nous pro­po­sons, ou les artistes que nous pro­gram­mons, nous pri­vi­lé­gions autant que pos­sible le local. Notre évè­ne­ment, de petite ampleur, n’a pas voca­tion à atti­rer des gens en dehors de notre ter­ri­toire d’at­tache. La nour­ri­ture que nous pro­po­sons est prin­ci­pa­le­ment végé­ta­rienne et bio­lo­gique, et tou­jours de sai­son. Et si l’on pro­pose de la viande sur le fes­ti­val, ce n’est pas n’im­porte laquelle. Elle vient d’un petit éle­vage pay­san, res­pec­tueux et bio, géré par un ancien kar­na­va­leux. C’est cela l’a­gri­cul­ture que nous défen­dons. Choi­sir de ser­vir de la viande ou non (qui plus est de porc, qui pose la ques­tion de l’in­clu­si­vi­té) est un débat que nous menons chaque année. 

Pour faire des éco­no­mies, mais avant tout par sobrié­té maté­rielle et éner­gé­tique, on fait de la récup, de la répa­ra­tion, du bri­co­lage, et on se contente du strict néces­saire. Comme c’est un évè­ne­ne­ment annuel, il y’a beau­coup de choses qu’il suf­fit d’emprunter sans néces­si­ter de les pos­sé­der. Le par­tage garde des avan­tages sur l’in­di­vi­dua­lisme. 

La ques­tion de l’ac­ces­si­bi­li­té pour tous·tes 

C’est bien beau de pro­po­ser des bons pro­duits, mais c’est sou­vent plus cher. Pour­tant, nous avons à cœur de pro­po­ser des repas acces­sibles à tous·tes, en par­ti­cu­lier nos célèbres kar­na­dahls, qui rem­plissent le ventre sai­ne­ment pour seule­ment trois euros. Cette année, nous inau­gu­rons un tarif soli­daire pour per­mettre à celles et ceux qui n’ont pas les moyens de payer encore moins que ce prix. 

Pour les entrées, nous favo­ri­sons au maxi­mum le prix libre afin que le porte-mon­naie ne soit pas un frein à la culture et à l’a­mu­se­ment. Les tarifs recom­man­dés sont modestes, en main­te­nant un com­pro­mis avec la rému­né­ra­tion des artistes. Des tarifs qui s’a­daptent à la situa­tion de chacun·e font par­tie du modèle de socié­té que nous défen­dons. Mon­trer des alter­na­tives qui fonc­tionnent est l’un de nos moyens d’ac­tion. 

L’ac­ces­si­bi­li­té, ce n’est pas que par l’argent. C’est ouvrir notre fes­ti­val à tous·tes, pro­po­ser une pro­gram­ma­tion variée, et le faire connaître en dehors de notre cam­pus pour tou­cher une grande diver­si­té de per­sonnes. C’est aus­si essayer de créer un espace où chacun·e peut se sen­tir à l’aise et à sa place. Et il y a tou­jours des pro­grès à faire, par exemple rendre notre fes­ti­val plus acces­sible aux per­sonnes en situa­tion de han­di­cap. 

Une réflexion plus large 

On peut se deman­der si tout ce que nous fai­sons pour la jus­tice sociale et envi­ron­ne­men­tale a un réel impact sur le monde. A l’é­chelle locale, nous pen­sons que oui, mais il faut aus­si mener une réflexion à plus grande échelle sur ces ques­tions. Chan­ger la socié­té est un gros chan­tier. 

Le Kar­na­val, c’est poli­tique, et ça se joue aus­si sur le ter­rain des idées. Nous por­tons des valeurs de par­tage, d’in­clu­si­vi­té, et de jus­tice sociale, par exemple à tra­vers les diverses confé­rences et échanges que nous pro­po­sons gra­tui­te­ment dans le cadre de notre Forum. Inéga­li­tés de genre, ques­tion­ne­ment du sys­tème agroa­li­men­taire, place de l’ingénieur·e et de la tech­nique, luttes sociales, et bien d’autres thé­ma­tiques seront encore abor­dés cette année. Nous sommes persuadé·es que mieux com­prendre, c’est retrou­ver du pou­voir d’ac­tion dans une socié­té qui vou­drait que l’on suive des che­mins tous tra­cés. Et ne l’ou­blions pas: faire la fête, ça per­met aus­si de gar­der du cou­rage pour conti­nuer à lut­ter ! 

Le Kar­na

IF, crypto, RSE, bullshit : croisière au pays du bon sens

Oyez, oyez ! L’Insatiable n’en a pas fini de taper sur tous vos dépar­te­ments favo­ris… À défaut de gros tuyaux sur TC vous repren­drez bien un peu de purée de bits avec un deuxième article sur IF ? Mais si voyons, nous avons encore tant de belles choses à vous faire découvrir…

Pour com­men­cer dans la bonne humeur, les élus étu­diants IF se sont fait envoyer chier. Une d’entre eux à même fini en pleurs, en pleine réunion de départ’, à cause d’un membre de la direc­tion et d’un prof. Son tort ? Avoir eu l’audace de pré­sen­ter les résul­tats d’un son­dage des étu­diants à pro­pos des valeurs en IF et en rap­port avec l’article de la der­nière fois. Son­dage pour­tant miti­gé et à moi­tié dans le camp de la direc­tion. Qui plus est une pauvre 3IF, fraî­che­ment arri­vée du FIMI, par­mi les rares 20% de femmes à avoir eu le cou­rage de visi­ter cet entre-soi mas­cu­lin. Consciente d’avoir mer­dé, décriée par cer­tains profs révol­tés, la direc­tion pro­met de revoir le son­dage lors du pro­chain conseil, avec peut-être un peu plus de respect.

À défaut d’excuses publiques ou d’actions immé­diates, ils repoussent donc le débat et conçoivent déjà une com­mu­ni­ca­tion bien fice­lée et hypo­crite visant le FIMI et garan­tis­sant à IF son sta­tut fan­toche de pre­mier département.
Conti­nuons : on nous a fait par­ve­nir des infos crous­tillantes sur l’entreprise mar­raine des 3IF et véri­table coque­luche de la direc­tion. Il s’agit d’une star­tup, que nous nom­me­rons Ji Kom­pa­ny afin de ne pas finir sui­ci­dé de six balles dans le dos par la mafia russe. Et on fait bien car cette star­tup, fon­dée par un ancien, a inven­té sa propre cryp­to­mon­naie (déjà ça pue), sur sa propre infra­struc­ture, ce qui ferait d’elle un véri­table fleu­ron de l’innovation de la finance décen­tra­li­sée, cen­sor­ship-rési­lient (et donc une par­te­naire pri­vi­lé­giée du crime orga­ni­sé). À n’en pas déplaire aux IF, fans de cette tech­no à la mode. Or, d’après des infos insi­ders que l’Insatiable vous révèle en exclu­si­vi­té, l’entreprise ne pré­sen­te­rait que peu d’in­no­va­tions tech­niques, et aurait des acti­vi­tés très variées et chao­tiques dans le seul but de grat­ter du pro­fit sur la mode des cryptos.

Des­sin de Julie P.

Mais ça ce n’est encore rien, car l’on appren­drait aus­si que sa cryp­to peu inno­vante ser­vi­rait en réa­li­té à mon­nayer l’appartenance à un club d’investisseurs avec avan­tages en nature (voyages, concier­ge­rie…). De plus, des offres d’investissement dans des star­tups tierces seraient ensuite pro­po­sées aux membres, contre une part prise par nos amis de la Ji. Or ces star­tups seraient sou­vent mal décla­rées, trop jeunes, trop dou­teuses… Alors pour per­mettre au par­tage des pro­fits d’exister “léga­le­ment”, un mon­tage finan­cier habile consis­tant à créer et liqui­der des entre­prises fan­tômes aux îles caï­mans et autres para­dis, reflé­tant contrac­tuel­le­ment le deal entre Ji, les star­tups et les membres-inves­tis­seurs, seraient effec­tués. Ce qu’un employé aurait qua­li­fié ora­le­ment d’”optimisation fiscale” …
Bref, j’espère que la direc­tion du dépar­te­ment n’était pas au cou­rant car cette der­nière aurait fer­mé les yeux et accor­dé la rela­tion si convoi­tée de par­rain en échange de l’offre du fon­da­teur de Ji de pro­po­ser des chèques-cadeaux de 20k € à 5 star­tups IF (si elles existent), et de don­ner à notre vieux départ’ un sem­blant de style et d’avant-gardisme.
Un prof aurait même révé­lé que plus de 2/3 des ensei­gnants pré­fé­raient une alter­na­tive à la Ji, mais que les voix de la direc­tion ont enté­ri­né ce choix. Ben alors, on n’é­coute pas nos scien­ti­fiques quand ils nous disent que ça pue ? Amis GEN, ça me rap­pelle un truc …

“L’In­for­ma­tique et l’écologie”

Ah oui du coup, l’écologie. Vous connais­sez la RSE ? En théo­rie le dépar­te­ment RSE d’une boîte va créer des ini­tia­tives pour garan­tir le bien­fait social des acti­vi­tés de l’entreprise. En pra­tique, ils créent juste du conte­nu com’. En IF, on aime bien la RSE car toutes ses calom­nies finissent dans nos mails. Des exemples :

Relayé par un pro­fes­seur qui a dû à peine lire ce qu’il envoyait, le dépar­te­ment RSE de Socié­té­Gé­né­reuse (aus­si renom­mée par crainte de la mafia limou­saine), mar­raine des 5IF, pro­po­sait aux étu­diants de par­ti­ci­per à un jeu sur le numé­rique “vert”. Ce jeu consis­tait à coder une IA pour un jeu de pla­teau, où l’on incar­nait un chef de pro­jet devant battre ses adver­saires à la dif­fi­cile tâche de la ges­tion de pro­jet. Et l’écologie là-dedans ? Bah je sais pas. Hey le jeu s’appelait “Green circle”, au moins c’est dans le nom !
Une vidéo de 30 minutes accom­pa­gnant le jeu expli­quait que coder pro­pre­ment reve­nait à être plus vert car… nan fran­che­ment c’est n’importe quoi, l’op­ti­mi­sa­tion du code est un atome d’hydrogène dans l’o­céan de l’empreinte car­bone du numé­rique, sur­tout concer­nant du code de banque… Suc­cion­Gé­né­rale cepen­dant n’a cer­tai­ne­ment pas hési­té à repé­rer les gagnants par­mi des mil­liers d’étudiants pour les embau­cher. Allez hop-là, les RH au chô­mage et les plantes vertes par la fenêtre !

Plus récem­ment, relayé par l’administration à tous les IFs, Sau­cis­se­Gi­ron­daine fai­sait gagner des places pour le concours du “meilleur dev de France”. Places nor­ma­le­ment payantes. Wow, quelle oppor­tu­ni­té ! Oui, mais si c’est gra­tuit c’est que c’est toi le pro­duit. Ain­si, pour avoir une chance de gagner sa place, il fal­lait regar­der 45 minutes d’un MOOC sur la RSE et répondre à un QCM. Le thème de ce MOOC ? Un conden­sé de pro­pa­gande sur ce que fait Sabo­ta­ge­Gé­né­ral pour la pla­nète, les han­di­ca­pés, et les classes populaires.
On a regar­dé tout ça pour vous et … bah y’a rien d’intéressant, à part que la banque a signé sa pre­mière charte du numé­rique éco-res­pon­sable en 2019 et a mis l’option sur son site de bas­cu­ler en mode dal­to­nien. Applau­dis­sez s’il vous plait, et vive Sabor­da­ge­Gé­né­ra­li­sé ! Au pro­gramme si vous rem­por­tez une place : Une jour­née de tra­vail gra­tuite, pour don­ner une oppor­tu­ni­té aux nom­breux spon­sors de recru­ter les gagnants. En prime, une jour­née de confé­rence sur l’IA, les NFTs et la blo­ck­chain, car ça c’est éthique, ça c’est vert, ça c’est gagnant-gagnant. Vive la RSE !

De belles pers­pec­tives après la IF !

Chaque semaine, les dif­fé­rentes pro­mos de IF ont ain­si l’immense plai­sir de se faire spam­mer d’une ribam­belle de concours, hacka­thons, after­works, et autres angli­cismes ten­dances. Si vous tenez le rythme, peut-être que vous serez aux JO 2024, qui sait ?

Allez, un autre. Que diriez-vous d’une pro­po­si­tion d’emploi pour les 5IF dans la finance au sein d’un « fami­ly office » ? Pour les der­niers du fond, c’est une sorte de cabi­net de ges­tion de patri­moine qui s’occupe de faire fruc­ti­fier la mon­tagne de blé des plus riches for­tunes de la pla­nète. Vous attendent, entre autres, l’optimisation juri­dique et fis­cale du patri­moine, la ges­tion du parc immo­bi­lier, ou encore l’allocation d’actifs finan­ciers. Atten­tion tou­te­fois: c’est “une offre de poste un peu excep­tion­nelle et qui revêt un carac­tère confidentiel”.

Le nom de votre poten­tiel géné­reux patron n’a évi­dem­ment pas été com­mu­ni­qué. Nos recherches nous disent tou­te­fois que la per­sonne en ques­tion serait un ancien du dépar­te­ment, et fon­da­teur d’une entre­prise suisse plus que ren­table. Ah, la Suisse. Ses montres, ses cho­co­lats et son oseille. Cerise sur le gâteau, ce n’est pas si loin de notre capi­tale de la gas­tro­no­mie, sur­tout en jet privé.
L’entreprise comp­te­rait plu­sieurs mil­liers d’employés de par le monde, pour un chiffre d’af­faires d’un peu moins d’un mil­liard d’euros par an, et sur­tout une crois­sance ful­gu­rante de 70% chaque année. Pour par­ve­nir à ses fins, l’entreprise fait mar­cher à plein régime le turn-over et le VIE ! Le fameux Volon­ta­riat Inter­na­tio­nal en Entre­prise. La magie ? Pas de salaire !
Mais une petite indem­ni­té et un beau voyage en avion. Ce n’est pas tout, vous sou­hai­tez obte­nir une prime ? A vous les jets, le ski en famille et les sémi­naires à l’étranger ! Ces gra­ti­fi­ca­tions ne comptent pas comme de vraies primes, et sont donc exemptes de toutes taxes ! Qu’on se ras­sure, le patron indique payer ses impôts en France. Vive les alumnis !

Bref, bisous la direc­tion IF. Avec un peu de bonne volon­té de votre part on n’au­ra pas de choses à dire pour un 3e article et nous, pauvres auteurs révol­tés que nous sommes, nous ne serons pas envoyés en camp de tra­vaux for­cés en GE, pas vrai ?…

IFs ano­nymes

Bienvenue en GE

Bon­jour jeune étu­diant ! Oui oui, toi ! Toi qui se cache der­rière le jour­nal que tu tiens entre tes mains (ou peut-être que tu lis sur un écran ? Wow ce que c’est beau la tech­no­lo­gie, de nos jours vous savez, on n’est plus sur­pris par rien…).

Bien­ve­nue en Ingé­nie­rie­land, je vais te par­ler d’un loin­tain pas­sé, celui où le monde croyait encore en l’i­déo­lo­gie du pro­grès, au mirage de la crois­sance verte, au décou­plage… mais si, tu vois bien de quoi je parle : tout pro­grès tech­nique est une avan­cée pour l’hu­ma­ni­té, les tech­no­lo­gies vont nous sau­ver, il suf­fit de plan­ter des éoliennes et des pan­neaux solaires, mettre des voi­tures élec­triques, des cap­teurs par­tout pour opti­mi­ser les consom­ma­tions, de l’IA pour pilo­ter tout ça, et hop : le tour est joué.

Hm. Mouai. Je suis… com­ment dire… scep­tique ? Pas cli­ma­tos­cep­tique non, mais tech­no-scep­tique… ou plu­tôt devrais-je dire tech­no­cri­tique, car c’est comme ça que s’ap­pellent les per­sonnes qui remettent en cause le para­digme tech­nique et dénoncent (entre autre) les effets rebonds, la non-neu­tra­li­té des tech­niques et le manque de prise de recul sur les techniques.

Ah je te vois venir ! “ouiii, les amiiish, la lampe huiiiile, la décrois­saaaance, on va vivre dans une grooootte” alors non. Je t’ar­rête tout de suite, être tech­no-cri­tique c’est exer­cer son esprit cri­tique, c’est prendre du recul sur les choses, c’est étu­dier l’his­toire des tech­niques, com­ment elles se sont créées, par qui, pour qui, dans quel contexte elles existent, quels sont les rap­ports de force en pré­sence, qui contrôle l’é­mer­gence, l’u­sage, la gou­ver­nance des tech­niques, … bref, c’est un vrai cou­rant de pen­sée qui s’ins­crit dans une réflexion de sou­te­na­bi­li­té, très proche des mou­ve­ments éco­lo­gistes, qui ne prend pas en compte comme indi­ca­teur unique le PIB, mais élar­gi le scope à la place qu’oc­cupent les tech­niques dans nos sociétés.
Ah, et au pas­sage, la décrois­sance ça peut être vrai­ment chouette, et en plus c’est néces­saire d’y pen­ser, et ensemble si on veut pas tom­ber dans des dic­ta­tures éco­lo­giques, la réces­sion, le ration­ne­ment, ou d’autres joyeu­se­tés. Y a un super bou­quin de Timo­thée Par­rique là-des­sus, “Ralen­tir ou Périr”, dis­po à la BMC, je conseille vivement !
Bon, ok. Mer­ci pour l’in­tro cynique, on avait com­pris dès le titre, on n’est pas dans un loin­tain pas­sé mais bien dans le pré­sent et on fonce tou­jours dans le mur sans remettre en cause nos modes de pen­sée et d’ac­tions, nos for­ma­tions d’in­gé, nos outils, nos visions des choses.
Aujourd’­hui, si j’é­cris, c’est que je veux vous par­ler de mon dépar­te­ment, car je suis en génie élec­trique à l’IN­SA Lyon, et com­ment il n’é­chappe pas à la “ver­di­sa­tion façon ingénieur”.

C’est quoi aujourd’­hui un ingé­nieur GE ?

Un ingé­nieur GE déjà c’est quel­qu’un qui est capable de sup­por­ter une charge de tra­vail immense avec des consignes floues et des infos contra­dic­toires. Il doit être capable de rendre son pro­jet en fai­sant bonne figure, en mon­trant qu’il a appris des trucs, quel que soit le prix à payer : anti-dépres­seurs, heures de som­meil, loi­sirs, associations, …
Atten­tion, n’al­lez pas me faire dire ce que je ne dis pas : les enseignant.e.s, les per­son­nels et la direc­tion sont des amours, et seront (pour la plu­part) tou­jours à l’é­coute des dif­fi­cul­tés, prêt.e.s à aider.

Mais cela ne suf­fit pas lors­qu’il n’y a aucun espace mis en place par le dépar­te­ment pour expri­mer les res­sen­tis, les dif­fi­cul­tés, faire remon­ter tout ça et créer un dia­logue pro­pice à l’a­mé­lio­ra­tion des condi­tions de vie étu­diante, à la for­ma­tion et au futur métier que chaque étudiant.e exer­ce­ra. L’é­va­lua­tion des ensei­gne­ments est inexis­tante en GE, les moda­li­tés de contrôle de connais­sances (MCC) varient en fonc­tion de l’en­vie des profs et les retours sur nos ren­dus sont éga­le­ment qua­si inexis­tants, tout comme les notes qui vont avec d’ailleurs.

Bon, au final, on trouve toustes un stage dans une struc­ture qui nous plaît plus ou moins, on res­sort “com­pé­tent” et riches des expé­riences que l’on a eu, et le dépar­te­ment donne beau­coup de liber­té de ce point de vue là : on peut assez faci­le­ment deman­der des amé­na­ge­ments, césures, stages hors entre­prise, … bref, comme pré­ci­sé au début du para­graphe pré­cé­dent : très à l’é­coute des besoins des étudiant.e.s… mais dans un cadre où l’étudiant.e GE a un emploi du temps com­plè­te­ment satu­ré et du tra­vail per­son­nel très consé­quent, où est la place à la réflexion ? A la prise de recul ? A l’exer­cice de son esprit cri­tique ? A la construc­tion de son futur, son orien­ta­tion, son métier et sa place en tant qu’in­gé­nieur (ou non) là-dedans ? Com­ment est-il capable de pou­voir expo­ser ses besoins et ses dif­fi­cul­tés, les dis­cu­ter avec ses cama­rades, ses enseignant.e.s, sa direc­tion, les ancien.ne.s étudiant.e.s ?
Et s’il y a de plus en plus de demandes de césure et de stages “alter­na­tifs”, c’est jus­te­ment parce qu’il y a une crise du sens et un besoin de prendre le temps pour se poser des ques­tions, réflé­chir sur soi, le(s) futur(s), c’est quoi un ingé­nieur, et un ingé­nieur dans quel monde ? … ah. Ben tiens, en voi­là une bonne question !

C’est quoi un ingé­nieur GE dans un monde soutenable ?

Elec­tro­nique, Trai­te­ment du Signal, Auto­ma­tique Continue/Discret, Elec­tro­tech­nique, Tele­com­mu­ni­ca­tion, Cir­cuits Radio­fré­quences, Infor­ma­tique Industrielle, …
Tout ça, ce sont des matières de GE (j’ai pas pu tout mettre). A prio­ri, rien de choquant.
Effec­ti­ve­ment, dans une pers­pec­tive où l’in­gé­nieur est une boîte à outil ambu­lante, effi­cace, avec un regard sur le sys­tème glo­bal, ça marche du ton­nerre (c’est le cas de le dire) !
Mais dans un contexte où la pro­duc­tion est extrac­ti­viste, où l’é­co­no­mie est en crois­sance, où le pou­voir est inéga­le­ment répar­ti et contrô­lé, où les 10% les plus riches pol­luent pour 50% de la pla­nète… on peut se deman­der : a‑t-on vrai­ment envie de remettre les clés de “la tran­si­tion éner­gé­tique” aux mains des mêmes per­sonnes qui ont créé l’hy­per­loop qui nous emmène dans le mur en béton ?

Car non, les mines “res­pon­sables” c’est de l’en­fu­mage, et dans un monde où l’on fait une “tran­si­tion éner­gé­tique et numé­rique” aka l’élec­tri­fi­ca­tion de tout, les cap­teurs par­tout, l’in­dus­trie 4.0, le numé­rique par­tout, le pro­mo­tion des éner­gies renou­ve­lables… mais sans pro­jet de sobrié­té abso­lue (en consom­ma­tion d’éner­gie, de matières pre­mières, d’eau, …) et sans remise en ques­tion de notre rap­port au monde, à la nature, à ce que l’on appelle “res­sources”, au vivant, au non-vivant, aux “autres nations” alors c’est juste une oppres­sion de plus contre les popu­la­tions au ser­vice du capi­ta­lisme et du néo-libé­ra­lisme, et non pas au ser­vice de “l’Homme”. D’ailleurs, que signi­fie encore “pro­grès” dans un monde où chaque pro­duit a néces­si­té d’ex­traire plu­sieurs matières, dans des condi­tions désas­treuses pour beau­coup, voya­gé par­tout et rava­gé des éco­sys­tèmes, dis­ten­dus des popu­la­tions entières ?

Pro­grès humain, social, éco­lo­gique, oui, mais pour qui ? Avec qui ? Com­ment ? Est-ce un pro­grès soutenable ?

Alors non, aujourd’­hui, l’in­gé­nieur GE n’est pas sou­te­nable, déso­lé de vous dire que la plu­part des métiers vont dis­pa­raître de gré ou de force avec les contraintes sociales et éco­lo­giques qui pressent sur l’in­gé­nie­rie. Il faut apprendre à pen­ser en contexte, à exer­cer son esprit cri­tique, à prendre conscience de ses res­pon­sa­bi­li­tés, à pen­ser glo­bal et agir local, à ques­tion­ner les besoins, à (ne pas ?) faire (mieux ?) avec moins, et là, on pour­ra res­sor­tir nos outils tech­niques réap­pro­priables, par­ta­geables, contrô­lables, au ser­vice de causes que l’on veut soli­daires, enga­gées et soutenables.

Ano­nyme

Res­sources :
— l’ar­ticle de Wiki­pe­dia, Tech­no­cri­tique https://fr.wikipedia.org/wiki/Technocritique
— le livre de Timo­thée Par­rique, Ralen­tir ou Périr https://www.seuil.com/ouvrage/ralentir- ou-per­ir-timo­thee-par­ri­que/9782021508093
— la conf-dis­cus­sion pen­dant la SDAD, ven­dre­di 24 février de F. Jar­rige qui étu­die l’his­toire des tech­niques https://mailchi.mp/ef03c09e526d/semaine-des-alternatives-durables- 2023
— le site de Sys­tExt sur les contro­verses minières https://www.systext.org/