Plagiaat ! Plagiaat !” clame haut et fort le perroquet stochastique. “Pan” fait le pistolet du capitaine cyborg.
Bonjour à tous, nous sommes déjà en 2023, les voitures ne volent pas encore, mais le Terminator n’a pas trop vieilli et les oiseaux parlent toujours ! Si vous ne vivez pas jour et nuit dans un laboratoire de microchimie spécialisé en phyto textiles de catégorie 3 sur l’échelle du gamma de Cholesky, alors vous aurez compris que je suis en train de vous baratiner à l’instar d’un certain ChatGPT.
Mais ne vous faites pas avoir par mes paroles : la réalité ne tient plus: texte, image, voix, rien de ce qui fait vos examens du FIMI n’est plus authentique. Votre seule raison d’être anéantie, volée. Vos atomes s’évaporent peu à peu et vous voyez pointer à l’horizon la fin de la pensée, la fin de la raison, la fin du temps !
Allez hop hop, on se réveille, l’information fuse dans les câbles sous-marins, les tenseurs se décomposent dans les transistors, le progrès accélère de toute part, nous sommes à l’aube d’une révolution industrielle ! N’est-ce pas merveilleux ?
Qui part ? Qui reste ?
Allez, réveillez-vous je vous dis! ll est temps de jouer à un petiiit jeu : Qui, qui qui, qui qui qui, qui va perdre son boulot, ho ho ? Qui qui ? C’est bibi et oui ! Bibi qui ? Bibi intello je sais un peu de tout et j’écris comme monsieur tout le monde sur un peu rien. Et oui Billy, toi c’est fini, allez par dessus-bord ! “Couuulé ! Couulé !” s’exclame le perroquet. Et oui, c’est bien mérité Billy, fallait pas être en plein milieu de la gaussienne je t’avais bien dit. La moyenne c’est bien pour divertir le plus grand nombre, pisser des articles en veux-tu en voilà. Mais hélas en ce moment il n’y a plus ni science ni conscience, il n’y a que prédiction tokenisée. Alors si ton humble profession peut minimiser l’erreur d’un réseau de convolution: déso pas déso, Billy ça part à l’eau !
Alors, qui est le suivant, vent vent ? C’est Bertrand ! Bertrand qui ? Bertrand je recode pour la centième fois une page web en Javascript, avec sa petite sauce béarnaise et son back-end en Python, comme on voit partout déjà. Eh oui Bertrand, dit adieu au salaire généreux de ninja programmeur. Le monde moderne n’est pas clément, et y’a plus de place pour le redondant. Maintenant si c’est déjà écrit ou codé, alors c’est déjà automatisé. Allez Bertrand, dans le canot et puis hop lé!
Autant vous dire, mesdemoiselles, messieurs, qu’il va falloir apprendre à nager, se mouvoir habilement dans le fluide des idées pour visualiser dans votre caboche de chimpanzé l’espace sémantique à plusieurs milliard de dimensions dont nos amis GPT sont dotés, et nous aussi il semblerait.
Le monde moderne n’est pas clément et y a plus de place pour le redondant
Car encore aujourd’hui, on ne peut pas vraiment dire qu’ils nous surpassent, pour l’instant nous sommes les maîtres et eux les objets. Pan le LLaMa, pan le perroquet. Roger Penrose avait donc raison ! Le cerveau humain est un ordinateur quantique, pas une machine de Turing à deux sous. Enfin.. c’est un physicien qui l’a dit, c’est donc vraisemblablement fondé non ? Soit…
Alors que dire de l’avenir de ces IA mon capitaine ?
Laissez-moi vous parler de Yann le Cun, créateur d’un sport d’hiver maintenant en vogue, j’ai nommé la rétro-propagation, et sa redoutable Descente de Gradient, piste de ski fameuse s’il en est. Bref excusez-moi je m’étale comme ChatGPT, ou comme un prof en amphi, enfin c’est un peu la même chose non ? Oui donc Yann le Cun inventeur de cet algorithme, un peu de maths, beaucoup de magie, soit, tout ce qu’il y a de plus anodin, parmi les milles briques élémentaires des réseaux de neurones.
Mais Yann le Cun, tout de même, merde, chers lecteurs ! (hop là, c’est pas un chatbot qui l’aurait lâché celui-là) Car il est avant tout perçu comme le messie français de l’IA, reste plutôt confiant. Bien niché avec Dunning et Kruger quelque part sur le Plateau de la sagesse, qu’on appelle plus communément New York City, loin des tracas d’un nouveau prolétariat de l’intellect, assurément remplaçable dès aujourd’hui, préfère ne pas comparer trop tôt au Terminator de Schwarzenegger les Large Language Models dont la famille GPT, frères, sœurs et cousins font tous partie. En effet, l’argument étant que Shakespeare ne savait pas tirer au lance-roquette, et donc GPT non plus, et que hommes et machines seront tenus aux lois des nations, qui dictent s’ils mangent ou crêve, respectivement s’ils sont allumés, ou éteints.
Mais certains informaticiens-philosophes sont légèrement plus stressés, au point d’être devenus l’épicentre de quelques tremblements médiatiques. Tel que le controversé Eliezer Yudkowsky, qui aimerait qu’on cesse de nourrir le futur GPT5 aux hormones de croissances hyperboliques avant d’être sûrs qu’il ne devienne pas un allemand moustachu à la tête d’une armée de panzers humanoïdes made in Boston Dynamics. Il propose pour ce faire de signer des accords permettant de bombarder par missile guidé (par l’IA) tout datacenter illégalement en train de faire croître la Bête. Notons cependant qu’Eliezer est la coqueluche d’une communauté ultra libertarienne sur internet nommée Less Wrong, prônant l’ingénierie génétique, afin, entre autres, de faire converger la future humanité vers une espèce supra-intelligente. Une manière de faire de la Descente de Gradient sur la connerie humaine, pourquoi pas mais c’est un poil trop moustachu à mon goût.
À ces envies viscérales d’explosion de silicone, certains répondent que les chinois, c’est ‑à-dire les méchants, ne se laisseront pas faire même si les Etats-Unis, donc les gentils, sauront parfaitement réguler à temps. Mais d’autres répondent que si la Chine a mis en prison le seul scientifique ayant réussi à cloner un embryon humain, dans une forme d’idéologie eugéniste à la Less Wrong, elle n’hésitera pas à réguler les IA à des fins de propagande et de maintien de l’ordre public. Contrairement aux US, Far-West intrepide, en roue libre depuis le génocide la relocalisation des indiens et l’invasion la pacification de l’Afghanistan, avec l’intégrité des peuples et la régulation des progrès humains comme dernière priorité après la paix dans le monde.
D’autres, un peu moins informaticiens, et un peu plus philosophes, tels qu’Eric Sadin en France ou Noam Chomsky aux US, dénoncent un progrès anti-démocratique, car s’imposant à tous de par son utilité immédiate, mais ayant déjà des conséquences irréversibles sur la valorisation monétaire de la créativité humaine et possiblement d’autres aspects tels que la propriété intellectuelle ou la liberté de penser, le tout rapportant selon eux trop d’argent aux patrons et aux états pour ce qu’ils apportent de réconfort au peuple.
Raison-gardons
Finalement, mon avis, puisque tout le monde s’en tape, mais je vais quand même me dépêcher de l’écrire avant que mon frigo connecté ne vienne me mitrailler dans le dos : je crois qu’il faut rester calme et concentré, bien réguler tout ce bazar de bits et de silicones sans nom. Mais il ne semble pas que l’IA explose exponentiellement, la chose peut avoir été un peu survendue. En attendant, profitez plutôt chers étudiants ingénieurs de ces nouveaux outils pour explorer l’univers des idées et du savoir à toute berzingue. Peut être qu’alors vous serez à la hauteur des défis que le progrès de l’IA représentera pour nous dans un futur plus que proche.
Anicet