Après bientôt un an de vie quotidienne avec la pandémie en France, comment allons-nous envisager le monde de demain ? Allons-nous continuer à vivre docilement en attendant que tout revienne “comme avant” ou allons-nous commencer à impulser des transformations ?
Prenons un peu de recul, réalisons que l’année qui vient de s’écouler est une aubaine pour le monde : en effet, quoi de mieux qu’un rythme de vie bouleversé pour remettre profondément en question le fonctionnement d’un système largement essoufflé ? Bien sûr, nous n’oublions pas les conséquences et les situations de détresse en tout genre pour un bon nombre de personnes, ainsi que les difficultés que chacun rencontre. Mais cela fait partie du jeu et nous savons bien que certaines conséquences désastreuses du fonctionnement de nos sociétés modernes sont aujourd’hui inévitables. Sans doute le choc que nous avons vécu il y a un an est un vecteur puissant d’une transformation en profondeur. Et nous percevons dans l’immédiat bien plus aisément les retombées douloureuses que les retombées qui insufflent la vie. Aussi, je fais le choix d’analyser le présent avec un regard d’espérance pour l’avenir. Je dis non à la résignation et au découragement. N’avons-nous pas chacun retrouvé du goût à travers les relations les plus simples ? N’avons-nous pas été confronté à une soif de vivre plus pleinement et authentiquement ?
Transformer le monde aujourd’hui. Nous le voulons tous, mais comment ? Je dirais que les transformations en profondeur sont déjà en cours, le temps étant nécessaire à la transformation. Mais le changement provient en particulier de la jeunesse qui a une conscience différente du monde d’aujourd’hui. Je crois que la jeunesse a besoin d’un dialogue intergénérationnel, d’un soutien politique et d’une inspiration venant des hommes d’expérience et lucides sur les transitions à effectuer. Mais je crois aussi que la jeunesse a la responsabilité d’ouvrir les horizons et de prendre les choses en main. Le jeune aujourd’hui ne doit pas tant s’occuper à réformer, ni même tant à étudier mais surtout à rencontrer, à agir et à inspirer les autres par son action. Je crois que le jeune doit incarner aujourd’hui l’homme de demain. Aussi il est important de nous demander quel monde nous voulons pour demain et comment inventer des nouvelles manières d’habiter la Terre. Chaque village et territoire a besoin de portefeuille de projets et d’initiatives qui se nourrissent mutuellement et qui partent du cœur des jeunes, ceux qui savent encore rêver pour demain. Et pourtant, nous le savons bien, il est difficile pour nous d’imaginer que demain ne sera pas pareil qu’aujourd’hui, surtout si nous n’avons connu que cet aujourd’hui dont nous ne voulons plus. Mais n’avons-nous pas vu le monde basculer du jour au lendemain suite à l’apparition d’un virus ? Oui, la transformation profonde s’opère dans le silence et nous n’en percevons encore que les prémices. Tout comme notre propre transformation est intérieure, nous devons poursuivre le mouvement en transformant nos sociétés de l’intérieur : si nous attendons qu’un Président de la République, un Premier Ministre ou un PDG prenne la relève pour transformer le monde, nous pouvons encore attendre longtemps. Une manière de transformer le monde en revanche, c’est d’inspirer les gens à réaliser leurs rêves en passant à l’action. Le changement ne viendra pas des puissants mais des périphéries. Ce sont toujours les plus petits qui renversent les choses et parfois dans le plus grand secret, leurs actions silencieuses n’étant pas toujours relayées par les médias en quête de sensationnel et non toujours de sens.
Une manière de transformer le monde en revanche, c’est d’inspirer les gens à réaliser leurs rêves en passant à l’action.
Dans cette perspective de changement, les mots “durable” et “social” sont définitivement à retrouver. Beaucoup de choses sont à remettre en question et notamment les structures sociales, à commencer par le système scolaire. En effet, le changement social implique toujours une transformation intérieure des structures sociales, une modification des valeurs formelles et, en fin de compte, un renouvellement de la conscience sociale. Il revient à ceux qui peinent sous les contraintes des institutions présentes de prendre l’initiative de l’action. Ces quelques hommes libres, audacieux et actifs nous indiquent des chemins nouveaux et inspirants à emprunter dès aujourd’hui. Mais y a‑t-il un meilleur cadeau que notre Terre pour chercher et trouver l’inspiration ? Le biomimétisme n’a pas fini de faire ses preuves et peut-être nous faut-il humblement reconnaître que notre meilleure source d’inspiration c’est bien notre mère la terre.
Pour réaliser les changements auxquels il fait face, l’homme a toujours su user d’outils. Les outils d’aujourd’hui, la génération que nous sommes est née avec : économie de partage de la connaissance, open source, réseaux. Il est de notre pouvoir et de notre liberté d’utiliser ces outils pour une restructuration plus locale et fraternelle de sociétés plus responsables, de baser ces outils sur le don et la confiance qui structurent et fédèrent des communautés. Les transformations à mener doivent nous pousser vers des terres plus vertes : réhabiter la campagne, importer les initiatives et connaissances dans les villages, recréer des liens autour de ces transformations, relancer une agriculture plus saine et locale sont les missions qui nous attendent. Il nous faut user des ressources et atouts locaux et cela passe encore une fois par la connaissance de la terre.
Car le monde pour se transformer a surtout besoin de toi, de ta créativité, de ta disponibilité et de ta volonté.
Il nous faut retrouver le sens du risque, le goût de la liberté et souvent celui de la simplicité en relevant l’épreuve de la vague à surfer. Car le monde pour se transformer a surtout besoin de toi, de ta créativité, de ta disponibilité et de ta volonté. Nous avons tous à faire l’effort de quitter un certain confort de l’ancien monde, de nous plonger dans la réalité et à nous retrousser les manches. Mais nous pouvons le faire dans la joie d’habiter autrement notre planète en construisant fraternellement un monde plus humain.
François Vandermersch