Article publié originellement dans le numéro 166 sorti à la Toussaint 2017. Profitez de l’été pour le redécouvrir !
L’herboristerie, pratique traditionnelle devenue désuète face à la pharmaceutique ? Presque disparue en France contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne et l’Italie, l’herboristerie pourrait connaître un regain d’intérêt dans les prochaines années.
L’herboristerie est mise sur la paille, c’est quoi ces salades ?
La connaissance, la préparation et la commercialisation des simples (comprenez : plantes médicinales) sont les savoirs et activités des praticiens exerçant la profession d’herboriste. Se soigner par les plantes est une pratique reconnue et ancienne, qui semble pourtant parfois difficile à exercer en toute sécurité.
Des origines à aujourd’hui
Les plantes ont des vertus thérapeutiques depuis longtemps reconnues : la première trace de leur utilisation date de 5000 av. J.-C. en Chine. En France, le métier d’herboriste a été pour la première fois reconnu en 1312 mais plus tard, sous le régime de Vichy, la loi du 11 septembre 1941 a définitivement supprimé le diplôme officiel. Cette décision a été un coup de massue pour les herboristes dont la plupart des représentants (diplômés) a peu à peu disparu. Elle a ainsi donné la gestion quasi-complète des plantes à l’industrie pharmaceutique.
Les conséquences de la disparition du diplôme
Désormais, seuls les pharmaciens sont légalement autorisés à vendre les simples en en indiquant les vertus thérapeutiques ou en faisant référence à une maladie. Les herboristes, quant à eux, sont autorisés à en vendre certaines, à condition de ne pas donner d’informations concernant leurs vertus médicinales. Dans le cas contraire, ils se voient accusés d’exercice illégal de la pharmacie. C’est ainsi que des 4500 officines existant avant 1941 en France, il n’en reste actuellement plus qu’une trentaine.
Toutes les plantes sont-elles concernées ?
Heureusement : non! La création, au niveau européen, de la catégorie juridique des compléments alimentaires a permis de libérer un certain nombre de plantes du monopole pharmaceutique. Ces espèces ne sont plus considérées comme des médicaments et peuvent désormais être vendues librement. Depuis 2008, 148 plantes de la pharmacopée sont entrées dans cette classe et peuvent être vendues en l’état (en vrac) ; depuis 2014, 546 plantes peuvent alors être commercialisées sous forme de gélules, ampoules ou comprimés. Ces espèces peuvent être légalement vendues dans les herboristeries, mais n’étant plus considérées comme médicaments, elles ne doivent pas être vendues pour leurs effets thérapeutiques. Cela peut paraître suffisant pour ouvrir une herboristerie, cependant les praticiens souhaitent moins prescrire une tisane pour son goût que pour ses bénéfices thérapeutiques. Dans ce cas, comment fait-on pour vendre des plantes médicinales sans jamais donner d’indications de santé (si ce n’est en les chuchotant au creux de l’oreille) ?
D’un autre côté, un herboriste pharmacien de formation a le droit de vendre les plantes inscrites à la pharmacopée dans sa pharmacie. Pourtant les pharmaciens utilisent très peu ce droit de commercialisation et les officines préparant des remèdes à base de plantes se font, finalement, rares.
Les conséquences : l’automédication malgré un manque d’informations
La conséquence directe est la tendance grandissante à l’automédication : 85% des français disent avoir recouru à ce mode de traitement (sondage de 2010 réalisé avec Doctissimo). À l’heure où les informations sont en ébullition sur le net, il est parfois difficile de s’y retrouver en l’absence de conseils d’un praticien compétent et la crédulité du patient est mise à rude épreuve. Devant une telle situation, il devient urgent de remettre en place une offre réglementée.
Une formation qui pourrait revoir le jour
La tendance croissante de la population à se tourner vers la médecine traditionnelle et le besoin avéré de conseils se veulent agir comme un levier pour la profession d’herboriste. Ajoutons à cela qu’il existe toujours une option dédiée en faculté de médecine et que certaines écoles continuent à enseigner l’herboristerie. Pourquoi alors ne pas remettre en place un diplôme officiel, qui permettrait de limiter les pratiques déviantes en apportant l’expertise et les conseils recherchés ? L’avenir de ce métier n’est pas très certain mais, chose sûre, ses représentants continuent à le défendre avec ardeur face aux institutions. Affaire à suivre…
Pénélope