Cheval de 49(.3)

La réforme des retraites dont je vous laisse décou­vrir toutes les sub­ti­li­tés trop longues à énu­mé­rer a pour but essen­tiel de déca­ler l’âge légal de la retraite de 2 ans d’ici à 2030. Bien. Regar­dons ça de plus près.

 Le fameux « There is no alter­na­tive” de That­cher est repris par le gou­ver­ne­ment, intrai­table : il n’y a pas d’autres solu­tions pour résor­ber le défi­cit du sys­tème esti­mé maxi­ma­le­ment par toutes les auto­ri­tés à 20 mil­liards d’euros. Consi­dé­rons ce maxi­mum. C’est par­ti pour la bat­te­rie d’arguments chif­frés qui viennent écla­ter ce simu­lacre de nécessité :

1) Un peu de bio­lo­gie (source INSEE 2021 France) : Vous com­pre­nez, les gens vivent plus long­temps. Il y a de plus en plus de retrai­tés… Hommes : espé­rance de vie : 79.3 ans ; espé­rance de vie en bonne san­té : 65,6 ans. Femmes : espé­rance de vie : 85.4 ans ; espé­rance de vie en bonne san­té : 67 ans. Très bien donc il s’agit de poser l’âge de la retraite le plus proche pos­sible de la limite de vie en bonne san­té de sorte à ce qu’une fois ren­tré en retraite, on puisse pas­ser le temps res­tant à exclu­si­ve­ment souffrir.

2) Un peu d’économie (source INSEE 2021 France) : Dette nette début 2020 : 2209.2 mil­liards d’euros, 2 ans plus tard : 2546.4 mil­liards d’euros. En seule­ment 2 ans et ce n’est qu’un échan­tillon car la courbe de la dette ne fait que croître, nous avons pris 337.2 mil­liards de dettes. Atten­tion mathé­ma­tiques expertes pour le gou­ver­ne­ment, on tente main­te­nant une divi­sion : 337.2/20 = 16.86. En 2 ans la France a emprun­té presque 17 fois l’estimation maxi­male du trou éco­no­mique pour la retraite.  Il s’agit donc de jeter par les fenêtres sans comp­ter puis pour une somme déri­soire, ampu­ter 2 ans de paix à tous les tra­vailleurs de ce pays.  Cela semble rai­son­nable, il n’y a pas d’alternatives on vous dit, vous êtes bou­ché ma parole !

3) Un peu de tech­no­lo­gie : Et oui les machines, l’énergie, le pro­grès tech­nique et toutes ces choses mer­veilleuses qui détruisent la pla­nète ont l’avantage de décu­pler les ren­de­ments. Entre 1950 et 2020 (source : la finance pour tous), le PIB par habi­tant autre­ment dit la pro­duc­ti­vi­té a été mul­ti­plié par 5. Sachant qu’en 1949, on par­tait à la retraite à 60.2 ans (source : sante.gouv). Nous sommes donc pro­gres­si­ve­ment pas­sés de 60 ans à doré­na­vant 64 ans sachant qu’un tra­vailleur moyen en a pour envi­ron 40 ans de tra­vail. On a aug­men­té ce temps de tra­vail de 4 ans soit de 10%. Génial ! Une pro­duc­ti­vi­té qu’on vou­drait aug­men­ter de 1.1 quand la tech­nique la mul­ti­plie dans le même temps par 5. On va rendre fous, dépi­tés et détruire des mil­lions de gens pour gagner quelques pauvres pour­cents de pro­duc­ti­vi­té là où de manière natu­relle, la tech­nique la décuple dans les grandes lar­geurs (voir récents déve­lop­pe­ments IA de surcroit).

Bien­ve­nue en Absurdistan

En sommes nous avons là une ques­tion sociale fon­da­men­tale qui traite des der­nières années de vie en bonne san­té dont peuvent pro­fi­ter des mil­lions de tra­vailleurs exté­nués, et qui repré­sente un trou éco­no­mique qui tient plus du cul de poule étant don­né ses dimen­sions ridi­cules, et qui pour­rait connaître 1000 col­ma­tages infi­ni­ment moins sul­fu­reux pour le peuple. A quand une ins­tance scien­ti­fique, logique, quan­ti­ta­tive, indé­pen­dante du gou­ver­ne­ment qui vienne poin­ter les inco­hé­rences mani­festes de leurs décla­ra­tions bal­lo­tées sui­vant l’envie du jour ?

Alors bon s’il n’y avait que notre ministre de l’économie, mon­sieur Lemaire, dont un ami d’université nous apprend qu’il n’avait aucune for­ma­tion en éco­no­mie et qui sur l’émission  le bureau de l’info, nous confie « j’ai jamais été doué en math » suite à la ques­tion « c’est quoi un hec­tare ? », ça pour­rait aller. On se dirait, les pauvres, ils sont seule­ment incom­pé­tents. Mais madame Borne, poly­tech­ni­cienne, je refuse de croire qu’elle n’a pas vu « d’autres alter­na­tives ». Le pro­blème c’est donc peut être l’intention. Peut-être que notre chère aris­to­cra­tie endo­game de poli­ti­ciens pas­sant tous par le même moule ins­ti­tu­tion­nel qui débouche sur des car­rié­ristes sans convic­tions qui servent leurs inté­rêts et ceux de ceux qui leur obtiennent leurs places.

Allez comp­tons les voix. Y’en a pas assez, bon bah alors 49.3. Il me sem­blait jusque-là que lorsque qu’un chef de gou­ver­ne­ment fai­sait des esti­ma­tions de vote avant de les cor­ri­ger lorsqu’il se ren­dant compte qu’il n’en avait pas assez, cela s’appelait une dic­ta­ture, mais enfin pas­sons. On a qu’à répé­ter “ il n’y a aucune alter­na­tive” en fer­mant tout débat, toute pos­si­bi­li­té, et à répé­ti­tion sur tous les médias de masse contrô­lés par des aris­to­crates (on rap­pelle que 90% des médias fran­çais sont déte­nus par 9 mil­liar­daires) et c’est par­ti tout roule ! Cette réforme est tant sur la forme que le fond scan­da­leuse et éclaire une fois de plus l’élan poli­tique contem­po­rain en France.

Flo­ren­tin

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