La réforme des retraites dont je vous laisse découvrir toutes les subtilités trop longues à énumérer a pour but essentiel de décaler l’âge légal de la retraite de 2 ans d’ici à 2030. Bien. Regardons ça de plus près.
Le fameux « There is no alternative” de Thatcher est repris par le gouvernement, intraitable : il n’y a pas d’autres solutions pour résorber le déficit du système estimé maximalement par toutes les autorités à 20 milliards d’euros. Considérons ce maximum. C’est parti pour la batterie d’arguments chiffrés qui viennent éclater ce simulacre de nécessité :
1) Un peu de biologie (source INSEE 2021 France) : Vous comprenez, les gens vivent plus longtemps. Il y a de plus en plus de retraités… Hommes : espérance de vie : 79.3 ans ; espérance de vie en bonne santé : 65,6 ans. Femmes : espérance de vie : 85.4 ans ; espérance de vie en bonne santé : 67 ans. Très bien donc il s’agit de poser l’âge de la retraite le plus proche possible de la limite de vie en bonne santé de sorte à ce qu’une fois rentré en retraite, on puisse passer le temps restant à exclusivement souffrir.
2) Un peu d’économie (source INSEE 2021 France) : Dette nette début 2020 : 2209.2 milliards d’euros, 2 ans plus tard : 2546.4 milliards d’euros. En seulement 2 ans et ce n’est qu’un échantillon car la courbe de la dette ne fait que croître, nous avons pris 337.2 milliards de dettes. Attention mathématiques expertes pour le gouvernement, on tente maintenant une division : 337.2/20 = 16.86. En 2 ans la France a emprunté presque 17 fois l’estimation maximale du trou économique pour la retraite. Il s’agit donc de jeter par les fenêtres sans compter puis pour une somme dérisoire, amputer 2 ans de paix à tous les travailleurs de ce pays. Cela semble raisonnable, il n’y a pas d’alternatives on vous dit, vous êtes bouché ma parole !
3) Un peu de technologie : Et oui les machines, l’énergie, le progrès technique et toutes ces choses merveilleuses qui détruisent la planète ont l’avantage de décupler les rendements. Entre 1950 et 2020 (source : la finance pour tous), le PIB par habitant autrement dit la productivité a été multiplié par 5. Sachant qu’en 1949, on partait à la retraite à 60.2 ans (source : sante.gouv). Nous sommes donc progressivement passés de 60 ans à dorénavant 64 ans sachant qu’un travailleur moyen en a pour environ 40 ans de travail. On a augmenté ce temps de travail de 4 ans soit de 10%. Génial ! Une productivité qu’on voudrait augmenter de 1.1 quand la technique la multiplie dans le même temps par 5. On va rendre fous, dépités et détruire des millions de gens pour gagner quelques pauvres pourcents de productivité là où de manière naturelle, la technique la décuple dans les grandes largeurs (voir récents développements IA de surcroit).
Bienvenue en Absurdistan
En sommes nous avons là une question sociale fondamentale qui traite des dernières années de vie en bonne santé dont peuvent profiter des millions de travailleurs exténués, et qui représente un trou économique qui tient plus du cul de poule étant donné ses dimensions ridicules, et qui pourrait connaître 1000 colmatages infiniment moins sulfureux pour le peuple. A quand une instance scientifique, logique, quantitative, indépendante du gouvernement qui vienne pointer les incohérences manifestes de leurs déclarations ballotées suivant l’envie du jour ?
Alors bon s’il n’y avait que notre ministre de l’économie, monsieur Lemaire, dont un ami d’université nous apprend qu’il n’avait aucune formation en économie et qui sur l’émission le bureau de l’info, nous confie « j’ai jamais été doué en math » suite à la question « c’est quoi un hectare ? », ça pourrait aller. On se dirait, les pauvres, ils sont seulement incompétents. Mais madame Borne, polytechnicienne, je refuse de croire qu’elle n’a pas vu « d’autres alternatives ». Le problème c’est donc peut être l’intention. Peut-être que notre chère aristocratie endogame de politiciens passant tous par le même moule institutionnel qui débouche sur des carriéristes sans convictions qui servent leurs intérêts et ceux de ceux qui leur obtiennent leurs places.
Allez comptons les voix. Y’en a pas assez, bon bah alors 49.3. Il me semblait jusque-là que lorsque qu’un chef de gouvernement faisait des estimations de vote avant de les corriger lorsqu’il se rendant compte qu’il n’en avait pas assez, cela s’appelait une dictature, mais enfin passons. On a qu’à répéter “ il n’y a aucune alternative” en fermant tout débat, toute possibilité, et à répétition sur tous les médias de masse contrôlés par des aristocrates (on rappelle que 90% des médias français sont détenus par 9 milliardaires) et c’est parti tout roule ! Cette réforme est tant sur la forme que le fond scandaleuse et éclaire une fois de plus l’élan politique contemporain en France.
Florentin